Pourquoi Amadou Hott a échoué à la présidence de la BAD. Par Aboubakry DiopSP/Dcm
La candidature d’Amadou Hott à la présidence de la Banque africaine de développement (BAD) n’aura pas survécu à la dure réalité des arcanes diplomatiques africaines et des jeux d’influence internationaux.
En effet l’ancien ministre sénégalais de l’Économie, pourtant présenté comme un technocrate brillant, n’a pas réussi à rassembler autour de lui les soutiens nécessaires. Une défaite qui met à nu ce qui suit:
Une campagne sans souffle portée par l’État sénégalais dans un contexte politique post-électoral tendu, Amadou Hott s’est ainsi retrouvé orphelin d’un soutien national fort. L’alternance intervenue à Dakar en 2024 a quelque peu relégué sa candidature au second plan des priorités diplomatiques.
Le nouveau pouvoir ne s’est pas engagé avec la même vigueur que le précédent, laissant le candidat seul , exposé, et sans véritable assise institutionnelle.
Mais le vrai déficit de la campagne de Hott a été africain.
Contrairement à d’autres figures qui ont su tisser des alliances régionales solides, l’ancien ministre n’a pas bénéficié d’un consensus clair au sein de la CEDEAO, encore moins d’un ralliement des grands pays du continent que sont Le Nigéria, l’Afrique du Sud, le Maroc ou l’Égypte qui ont avancé leurs propres intérêts.
Le profil du candidat Sénégalais qui rassure certes mais qui ne fait pas l’unanimité.
Un CV sans faute qui retrace son passé à la BAD, aux Nations unies et dans des banques d’affaires internationales, il avait alors tout pour séduire les actionnaires non régionaux de la Banque (France, États-Unis, Japon…).
De l’autre côté ce profil international a aussi nourri une certaine méfiance : celle d’un homme jugé trop proche des standards occidentaux, peu incarnés dans les dynamiques panafricanistes actuelles.
Une réserve partagée, à mots couverts, dans plusieurs capitales africaines.
Derrière cet échec, plane aussi l’héritage du président sortant, le Nigérian Akinwumi Adesina.
Réélu en 2020 avec le soutien massif des actionnaires, il laisse une BAD recentrée, forte et influente.
Dans ce contexte, les regards se sont tournés vers des profils porteurs de continuité ou de consensus — ce que Hott ne représentait ni sur le plan régional, ni sur celui des équilibres géopolitiques.
Une leçon de realpolitik vient d’être donnée aux nouveaux tenants du pouvoir .
Et pourtant Dcm dont le crédo est la co-construction avait en son temps tiré sur la sonnette d’alarme en fustigeant la démarche de va-t-en-guerre de l’actuel régime qui mène une « diplomatie » de reddition des comptes ignorant ainsi
La candidature Hott, malgré son potentiel , s’est donc heurtée aux dures lois de la diplomatie économique africaine.
La compétence, la jeunesse et l’expérience ne suffisent pas.
Sans un appareil diplomatique engagé, sans coalition régionale solide, sans message clair sur la souveraineté économique, aucun pays — aussi légitime soit-il — ne peut espérer imposer son candidat à la tête d’une institution aussi stratégique que la BAD.
Une belle leçon que le nouveau régime doit méditer pour les jougs à venir .
Et pourtant le Sénégal est bondé de diplomates
chevronnés possédant donc une expertise avérée.
Il suffit juste d’être clairvoyant en nommant les meilleurs profils dans les postes stratégiques dont fait partie le Ministère des affaires étrangères.
Mais malheureusement le fameux « Projet » s’y oppose fermement.
Amadou Hott restera hélas comme un symbole d’ambition sans levier, dans une Afrique où les équilibres de pouvoir comptent plus que les promesses de compétence.
Dcm toujours clairvoyant lui souhaite bon courage !!