LA CHRONIQUE DE MLD: Sonko : un dédoublement à problèmes. Par Mamadou Lamine DIATTA
Ousmane Sonko est le Premier Ministre de la République du Sénégal mais l’homme reste le Président de Pastef la formation politique à la démarche inédite voire disruptive actuellement au pouvoir.
Jusque-là pas de problème. Le hic, c’est que la capacité de dédoublement de cet ovni politicien est juste déroutante et déconcertante. Au point de traumatiser bon nombre de ses adversaires irréductibles…Les mêmes profils estiment urbi et orbi que Sonko est un solitaire qui vit un malaise existentiel, sorte de refoulement psychologique qui ne dit pas son nom.Le charme de la démocratie.
Finalement avec cet homme, on n’est jamais au bout de nos surprises. Ce qui en fait un Leader pas ordinaire pour un sou. On l’aime ou on le déteste; ça passe ou ça casse mais il ne laisse personne indifférent.
Suite à la récente décision du Conseil Constitutionnel sur la loi interprétative liée à l’amnistie, Sonko s’est de nouveau révélé offensif et percutant. Comme d’habitude du reste. Il n’a pas hésité à enfiler nuitamment le bleu de chauffe du chef de parti pour ne pas dire du chef de faction qui s’adresse à ses Feddayins en traitant ses adversaires de « résidus d’opposition ». Un champ lexical plus que jamais fleuri est sans nuances… C’est vrai qu’ »une opposition haineuse et indigente » ne relève point du politiquement correct. Pour qui suit de près le Boss de Pastef depuis son irruption dans le landerneau politique en 2014, c’est exactement du Sonko tout craché, du Sonko pur jus : une main de fer dans un gant de velours. Du nectar pour ses partisans et du fiel pour les autres. Le style c’est l’homme dit-on souvent.
En essayant de faire une comparaison des discours, Macky Sall qui avait déclaré publiquement « réduire l’opposition à sa plus simple expression » passe indubitablement pour un Saint.
C’est connu et c’est de notoriété publique, les hommes de pouvoir vivent tous dans leur bulle et ne fonctionnent jamais comme le commun des mortels. Sans doute parce qu’ils ont toujours un niveau d’information très élevé. Sauf que pour le cas spécifique de Sonko, l’homme est juste resté égal à lui-même. C’est le même combattant de l’opposition qui se déployait toujours flamberge au vent qu’on retrouve de nos jours au cœur de notre organigramme institutionnel. Pour ses chauds partisans, c’est sûrement une qualité d’autant qu’il a gardé les mêmes valeurs, la même verve, la même envie et surtout la combativité. En revanche, une bonne partie de l’opinion est dans tous ses états au motif que Sonko, nouvellement investi d’un devoir national de représentation, n’est plus n’importe qui et qu’il a visiblement du mal à porter un costume de Premier Ministre qui serait trop ample.
Sonko seul contre tous ? Voire. Ce qui reste constant, c’est que c’est pratiquement l’actuel maître du jeu et du J. Un peu comme l’alpha et l’oméga de notre vivre-ensemble.
C’est un peu le caractère inédit de sa démarche au quotidien qui explique le fait que beaucoup ont du mal à le saisir. Dans ce pays, on parle de lui H24.
Jamais on n’avait connu pareille situation au Sénégal. Un peu similaire à celle du magistère du Président Wade mutatis mutandis (toutes choses étant égales par ailleurs)…
Pour dire vrai, jamais un homme politique sénégalais n’a charrié à la fois autant de sentiments d’amour- répulsion pour ́ne pas dire d’amour- haine. Une situation qui rappelle bizarrement le célèbre « Je t’aime moi non plus » du regretté crooner français Serge Gainsbourg.
Aujourd’hui, toutes les icônes de l’opposition qui tiennent à bénéficier d’une once de visibilité ont d’ailleurs compris qu’il faut s’attaquer bille en tête à l’actuel Chef du gouvernement pour sortir un peu la tête de l’eau. C’est le cas de Thierno Alassane Sall de la République des valeurs, un parti lilliputien crédité de 0, 58% des voix lors de la dernière présidentielle qui
a pratiquement consacré toute une conférence de presse à Sonko. Un signe. Idem pour des responsables comme Mansour Faye subitement devenu en client assidu des médias , Thierno Bocoum, Pape Malick Ndour,Me Aissata Tall Sall et tant d’autres figures emblématiques de l’opposition significative.
Les « chroniqueurs », activistes et influenceurs ne sont pas en reste qui font de Sonko leur unique cible. Du jamais vu ! Clairement.
Finalement comment parvient-il à faire face à autant d’adversaires ? En esquissant le sourire sûrement car Sonko semble se délecter d’une situation aussi inédite. Il adore visiblement taquiner ses contempteurs par des déclarations provocatrices pour contrôler l’actualité et faire le bonheur de ses nombreux admirateurs par ricochet.
Oui, l’homme est adulé et sa popularité dépasse les frontières sénégalaises.
Tenez, même dans la mini-crise ivoirienne, les analystes convoquent son attitude chevaleresque lorsqu’il s’était adapté à la situation pour désigner son candidat à la présidentielle de mars 2024. Comme pour dire à Tidjane Thiam du PDCI-RDA de faire du Sonko en trouvant un Plan B. Vaste programme ! Et puis, comme on dit au football, chaque match a sa propre vérité…