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Le gouvernement se plie devant les boulangers et met les meuniers dans le pétrin. Par ML DIATTA

D’abord cette bonne nouvelle : la grève des boulangers prévue les 18 et 19 novembre prochains n’aura plus lieu. Le ministre du commerce et de l’industrie Serigne Guèye Diop a dû parer au plus pressé pour recevoir les boulangers et les rassurer sur la mise en œuvre de remèdes de cheval comme cette diminution de 30% du prix du sac de farine de même que la réduction des taxes sur le gas-oil, l’électricité et la détaxation du diésel et des levures.
Questions existentielles : Qui fabriquent la farine ? Est-ce que ces entreprises- minoteries que sont les Grands moulins de Dakar, NMA Sanders et autres n’ont pas de doléances au même titre que les boulangers qui ne sont qu’un maillon de la chaîne de production dans l’écosystème de ce produit stratégique que demeure le pain ? Quid des emplois à préserver ? Autant d’interrogations saillantes qui interpellent le ministre du commerce et de l’industrie qui n’a pris des engagements qu’en faveur des boulangers comme pour apporter des sédatifs à un mal qui concerne toute une chaîne de valeurs. Que prévoit l’autorité pour ces meuniers qui risquent de mettre la clé sous la porte si d’aventure ces décisions drastiques sont appliquées sans mesures d’accompagnement de l’Etat ? Il faudrait bien mesurer les conséquences de tels engagements car pas de travail, pas d’emplois et pas de consommation. Tout est lié ! Oui, au même titre qu’une éventuelle grève des boulangers et une crise du pain, une fermeture massive de minoteries au Sénégal sera un véritable drame social au moment où l’urgence de la création d’emplois est reconnue comme une supériorité.
Une lueur d’espoir avec ce comité de suivi dont la mise en place est envisagée par ce ministre du commerce actuellement au four et au moulin.Serigne Gueye Diop a également fait savoir que d’ici une semaine, il convoquera tous les acteurs du secteur, notamment les meuniers et les vendeurs de levure, afin de travailler sur les prix, notamment en déterminant le coût réel de production du pain dans le cadre de la restructuration de la filière boulangère…
En attendant, on retiendra que pour ne pas être roulé dans la farine avec la crise du pain, ce ministre du commerce au four et au moulin, se plie aux desiderata des boulangers et met par ricochet tous les meuniers dans le pétrin.