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Débat sur son mandat à l’UCAD : Le recteur Ahmadou Aly Mbaye se prononce !

Dans un entretien avec Le Soleil, le Recteur de l’UCAD, Pr Ahmadou Aly Mbaye, a apporté des clarifications sur le débat, notamment concernant son mandat et la polémique sur les résultats du CAMES.

Une réponse très simple que je pourrais donner à votre question est que je ne me sens nullement interpellé dans ce qu’a dit le ministre. C’est plutôt le CA qui pourrait apporter une réponse à cette question. Je pourrais juste vous répondre sur le principe. Ce qui se déroule actuellement sous nos yeux, c’est l’expression d’une incompréhension entre la tutelle et un organe délibérant de l’UCAD qu’est le CA.

Ce genre d’incompréhension est assez habituelle pour moi, car résultant d’un choc entre deux légitimités : la légitimité de la tutelle qui est celle du bailleur il y a bien un adage qui dit « qui paie commande » – et la légitimité des organes des universités qu’ils tirent de la loi et des principes universellement reconnus sur les libertés académiques, et l’autonomie des organes qui en est le corollaire. Cette situation est loin d’être spécifique à l’UCAD. Actuellement en Afrique du Sud il y a un conflit presque ouvert entre la tutelle et la plupart des universités, et qui porte sur beaucoup de questions : les programmes, les admissions, et j’en passe.

En France, la tutelle demande à toutes les universités de relever significativement les droits d’inscription que paient les étudiants étrangers. Beaucoup d’universités refusent d’appliquer la mesure. Dans ce même pays, la tutelle a demandé aux universités de se regrouper pour constituer une masse critique de chercheurs et davantage peser sur les classements internationaux des universités. Il y a encore des universités qui refusent de se regrouper.

Chez nous, l’orientation des nouveaux bacheliers donne souvent lieu à des discussions assez serrées entre la tutelle et les organes délibérants que sont les départements et les facultés. Un autre point qui ajoute à la complexité de la situation concernant l’UCAD, c’est que notre université est régie à la fois par des textes génériques qui s’appliquent à toutes les autres universités du Sénégal, mais aussi et par d’autres textes qui lui sont spécifiques du fait de son statut de première université du Sénégal, et qui continuent d’impacter sur sa vie institutionnelle.

Ce qui est important, c’est que dans tous les processus le schéma décrits plus haut, le rectorat qui est l’interface entre la tutelle et les organes délibérants a la tâche la plus ingrate, puisqu’elle il est souvent perçue par la tutelle comme complaisant, voire carrément complice, et par les organes comme un peu trop accommodant face aux demandes de la tutelle. Ce qui rend la tâche plus ardue dans le cas qui nous concerne c’est que le recteur est concerné parce que c’est bien de son mandant qu’on discute.

Malgré la délicatesse de la tâche, l’organe d’exécution que représente le recteur doit s’impliquer comme dans tous les autres cas d’incompréhension entre la tutelle et les organes qu’il supervise délibérants de l’Université pour trouver un terrain d’entente. Je ne désespère pas que les deux parties finiront bien à arriver à un consensus qui préservera l’image de l’Etat de droit respectant et protégeant les libertés académiques que notre pays a toujours donnée au monde, et qui prenne aussi en charge les frustrations de la tutelle.