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LA CHRONIQUE DE MLD: Ces hommes de médias et la fraîcheur de l’opposition…Par Mamadou Lamine DIATTA

L’opposition sénégalaise est-elle actuellement en bonne santé ? Une question loin d’être saugrenue au regard des récents évènements qui ont jalonné l’histoire récente de cette jeune nation qui a élu au premier tour un opposant fraîchement sorti de prison.
En politique, faudrait-il le rappeler, l’opposition, c’est trivialement l’ensemble des partis et mouvements qui contestent les décisions des détenteurs du pouvoir. En vérité, il s’agit d’un marqueur incontestable qui atteste de la qualité d’une démocratie. C’est connu, tout pouvoir a besoin d’une opposition de taille pour se renouveler et se challenger au quotidien afin de ne pas dormir sur ses lauriers.
Seulement voilà, avec une presse au narratif guerrier voire apocalyptique, on lit ici et là que l’opposition « dézingue,ouvre le feu, pilonne ou encore détruit» Pastef et les nouveaux maîtres du pays. Un jargon qui en dit long sur la violence verbale qui fait désormais partie intégrante de notre vivre-ensemble. A prendre ou à laisser !
Ce pays a sûrement amorcé un virage déterminent de sa trajectoire historique avec à la clé une recomposition politique naturelle ayant abouti à l’émergence d’une nouvelle race de politiciens composée essentiellement d’anciens ténors des médias…
Madiambal Diagne, homme-lige et Feddayin de l’ancien Président par ailleurs super-hyper homme de presse se déploie à sa manière en compagnie de Mamoudou Ibra Kane , Aliou Sall « l’ami intime » de Mansour Faye, Yoro Dia, bretteur à la faconde inaltérable sans oublier Bougane Guèye Dany, Fadel Barro et Abdou Mbow journaliste de son état lui aussi même s’il a toujours déserté les rigueurs des salles de rédaction. Un chroniqueur politique de renom a même poussé le bouchon au point d’affubler Abdou Mbow du titre pompeux de nouveau patron de l’opposition. Comme si la qualité d’un opposant se mesure à l’aune de la fréquence ou de la virulence de ses propos sur la place publique. Last but not least, un profil comme Thierno Bocoum aurait pu faire partie de cette longue liste mais lui est juriste et n’en demeure pas moins un des contempteurs les plus percutants du nouveau pouvoir. C’est donc acté ; la nature ayant horreur du vide et l’ambition étant consubstantielle à l’humain, ces hommes publics qui ont fait les beaux jours des médias se positionnent parmi les figures emblématiques actuelles de l’opposition. Quoi de plus normal !
Tout porte à croire qu’ils se cramponnent essentiellement sur une légitimité médiatique d’autant qu’ils n’ont pratiquement jamais sollicité les suffrages des Sénégalais à la notable exception d’Abdou Mbow le seul politicien professionnel de ce groupe puisqu’il a blanchi sous le harnais du PPC du regretté Mbaye Jacques Diop, du PDS de Wade et enfin de l’APR du Président Macky Sall.
Au regard du contexte et des enjeux de l’heure, il est évident que ces « aspirants- Politiciens » se positionnent clairement en vue des prochaines législatives. Pour entrer dans l’Hémicycle et bénéficier de cette immunité parlementaire sur laquelle aucun Sénégalais ne cracherait, Ils pourraient au minimum se coltiner le plus fort reste pour passer et se faire une place au soleil dans ce landerneau politique difficile. A l’image d’un certain Ousmane Sonko passé in-extremis aux législatives par la grâce du même plus fort reste avec un score de 1, 15% lors de sa première participation à un scrutin législatif en 2017.
Nos vaillants journalistes devront auparavant passer l’étape du parrainage. A cœur vaillant, rien d’impossible surtout qu’un célèbre adage largement partagé dans les écoles de journalisme renseigne que « ce métier mène à tout à condition d’en sortir ».Ces néophytes de la chose politique devront avant tout passer l’étape du parrainage avec probablement la lumineuse idée de se faire embarquer dans les listes des grandes coalitions comme celles de APR/ Benno ou encore la prochaine trouvaille de l’ancien Premier ministre Amadou Ba.
Cette situation inédite devrait être analysée comme une bonne nouvelle pour le jeu démocratique d’autant que qu’elle apporte une certaine fraîcheur dans le discours surtout que les ténors de l’opposition classique visiblement groggys après la débâcle du 24 mars dernier sont présentement aux abonnés absents.
Il en est notamment de Khalifa Sall, Idrissa Seck Mara, Aliou Mamadou Dia du PUR et Thierno Alassane à un degré moindre. Tous ont été pratiquement laminés et désavoués par l’électorat avec des scores désastreux de moins d’1% .
La recomposition politique qui s’annonce est revigorante pour notre démocratie.
Mais le député Amadou Ba de Pastef lançait récemment, un brin sarcastique : « Avoir un certain type d’opposants est parfois la plus grande chance d’un régime qui veut perdurer.D’où la nécessité de les préserver et les encourager »…Un punchline qui vaut ce qu’il vaut.
Ce bouillonnement sans précédent ne dédouane pas ceux qui prédisent au quotidien l’échec voire le conflit entre Diomaye et Sonko en convoquant maladroitement le sombre épisode Senghor/ Mamadou Dia. Le cas échéant ce serait sûrement un recul de plusieurs années pour ce pays. Aucun Sénégalais n’y gagnerait pour sûr.
Même Macky Sall que certains vouent aux gémonies n’a pas systématiquement échoué dans sa mission de 4ème Président de la République du Sénégal. Son bilan matériel est remarquable en termes de réalisations d’infrastructures structurantes (ponts, routes de désenclavement, TER, BRT etc.).
En revanche, c’est sa gouvernance, disons son bilan immatériel jugé désastreux qui continue d’alimenter les conversations dans les salons feutrés et les chaumières d’un pays qui continue d’étonner l’Afrique et le monde par la capacité de sa classe politique à opérer un sursaut salvateur dès que le train de l’Histoire siffle la fin de nos nombreuses récréations.