Paris 2024 : Oumar Diémé, ancien tirailleur sénégalais, porteur de la flamme olympique
Cet homme de plus 90 ans, qui a combattu pour la France, portera la flamme olympique fin juillet en Seine-Saint-Denis. Un « beau symbole » à l’heure de « la banalisation du racisme » estime une association pour la mémoire des tirailleurs.
Oumar Diémé dans le village de Badiana, au Sénégal, le 14 mai 2024. (JOHN WESSELS / AFP)
Oumar Diémé dans le village de Badiana, au Sénégal, le 14 mai 2024. (JOHN WESSELS / AFP)
Oumar Diémé, 91 ans, a été choisi pour faire partie des porteurs de la flamme olympique qui traversera la Seine-Saint-Denis, peu avant la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques programmée le 26 juillet. Comme il le raconte, mardi 28 mai à l’AFP, il décide en 1953 de prendre un chemin de traverse en s’enrôlant dans l’armée française, fuyant la Gambie où son père l’avait envoyé étudier le Coran pour qu’il devienne Imam comme lui. Ayant vu « tous ces gens revenir avec des médailles et des décorations », il se porte volontaire pour partir en Indochine, où la France coloniale combat le Viêt Minh indépendantiste.
En Indochine, il voit tomber 22 hommes de sa compagnie dans une embuscade. Il est ensuite transféré en Algérie où il combat pendant la guerre d’indépendance. C’est d’ailleurs en Algérie, qu’il apprend l’indépendance du Sénégal en 1960. Il rentre ensuite quelques années dans son pays, au Sénégal, où il devient garde à l’Université de Dakar, puis coursier dans une banque de la capitale avant de s’établir en France, dans une petite chambre de 17 mètres carrés, dans un foyer à Bondy.
Le racisme, l’autre flamme qui lèche les murs de la démocratie
En France, il doit de nouveau livrer bataille, cette fois contre l’État français, pour obtenir la nationalité française d’abord, puis pour pouvoir toucher le minimum vieillesse de 950 euros par mois sans devoir passer la moitié de l’année en France. Un droit obtenu enfin en 2023. Pas de quoi creuser le déficit de l’État puisque lorsque cette décision a été prise, les anciens tirailleurs sénégalais vivant encore en France n’étaient plus que 37. Depuis, Oumar Diémé est rentré chez lui, dans son village natal, où il est très heureux, au milieu de sa famille, à l’ombre des manguiers.
Il estime qu’il a eu la « baraka », lui qui est rentré vivant et entier des colonies. La chance qui continue puisqu’il voit comme un « prodige » d’avoir été choisi pour porter la flamme olympique. Un prodige bien normal, mais aussi, comme le dit cette présidente d’association d’anciens tirailleurs de Bondy, un « beau symbole », à l’heure de « la banalisation du racisme sur les réseaux sociaux, cela permet de montrer la richesse et la diversité de la France ». Un pays pour lequel des dizaines de milliers de soldats de son « armée noire » sont morts au nom d’une patrie qui n’était même pas la leur. La banalisation du racisme, cette autre flamme qui lèche les murs de la démocratie.