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Mamadou Ibra Kane (CDEPS) : « Avec la pression fiscale, le secteur de la presse sera dans une plus grande précarité… »

Le président du Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse (CDEPS), Mamadou Ibra Kane, craint le pire pour le secteur de la presse. Un sentiment que le patron du groupe de presse Africaine Communication Édition (Africom Sa), éditeur des quotidiens « Stades » et « Sunu Lamb » a eu, après avoir constaté l’inexistence du décret qui était censé effacer la dette fiscale des entreprises de presse.

Mamadou Ibra Kane explique que « depuis maintenant une semaine, les services des impôts ont envoyé aux entreprises de presse des notifications sur leur dette fiscale, parce que le président Macky Sall, malgré sa promesse d’effacement de la dette fiscale des entreprises de presse et sa consignation dans le communiqué du Conseil des ministres, n’a pas pris un décret ». Ce qui fait « qu’il n’y a aucune base matérielle sur l’effacement fiscal qui a été promis aux entreprises de presse par le président de la République », a-t-il poursuit.

Mamadou Ibra Kane admet donc que « les services des impôts sont en droit de réclamer la dette fiscale des entreprises de presse ».

Cette « pression fiscale », indique le président du CDEPS, risque de causer des dommages importants dans le secteur. « Avec la pression fiscale, le secteur de la presse sera dans une plus grande précarité, pas seulement pour le personnel, mais pour les entreprises elles-mêmes. Et l’informel va de plus en plus prendre place dans le secteur. Les lobbys seront de plus en plus importants, ce qui est une menace pour la démocratie », a averti M. Kane.

Si les patrons de presse avaient sollicité une remise gracieuse auprès du président Macky Sall, c’est parce que « la législation sénégalaise actuelle est très forte pour les entreprises dans le secteur des médias », d’après Mamadou Ibra Kane.

Selon ce dernier, il est aujourd’hui plus qu’urgent d’avoir une « fiscalité spécifique » pour les médias. Un sujet qui devrait faire l’objet de discussion entre le président Diomaye Faye et les patrons de presse. Le patronat avait d’ailleurs introduit une demande d’audience à la date du 1er mai. Une requête qui, jusque-là, est restée sans réponse, d’après le président du CDEPS.

Rappelons que le candidat Diomaye Faye avait fustigé la remise gracieuse en faveur des entreprises de presse, considérant qu’il ne s’agissait d’une solution pas viable. Une vision que Mamadou Ibra Kane considère « extrêmement simpliste et extrêmement réductrice ». « C’est une compréhension politicienne des médias. Cette position du candidat Diomaye Faye n’est pas différente de celle du président Abdoulaye Wade et du président Macky Sall sur les médias. Il s’agit d’un secteur stratégique pour une nation. Les médias sont aussi importants que le secteur de l’éducation, de la souveraineté alimentaire et surtout dans le cadre de la stabilité politique et sociale. Aujourd’hui, la conception que les politiciens sénégalais ont des médias est une conception erronée. Ils ne comprennent pas le rôle, surtout par rapport au candidat Diomaye Faye, dans sa politique de souveraineté nationale. S’il n’y a pas de médias libres, indépendants, viable économiquement, il n’y aura aucune souveraineté dans aucun domaine que ce soit ».

Allant plus loin, Mamadou Ibra Kane invite le chef de l’État à s’inscrire dans le dépassement. « Ce n’est pas parce que quand le candidat Diomaye Faye était dans l’opposition, une certaine presse menait une campagne contre lui qu’aujourd’hui, lui, en tant que président de la République, il doit avoir la même position. Nous sommes dans une démocratie. La liberté de presse et la liberté d’expression sont consacrées par la constitution. C’est cela qui permet la vitalité de la démocratie sénégalaise. Quel que soit l’opinion du journaliste, on doit lui permettre, comme n’importe quel autre citoyen d’avoir son point de vue dans le cadre du respect de la loi, des institutions et de l’ordre social. On ne peut pas avoir une presse domestiquée comme ont tenté de le faire tous nos anciens présidents. Et actuellement c’est bonnet blanc, blanc bonnet entre l’actuel président de la République et les présidents qui l’on précédé à commencer par Macky Sall qui a été l’un des plus grands bourreaux de la liberté de la presse ».

En définitive, le président du CDEPS estime que l’État doit comprendre les enjeux véritables et instaurer un environnement favorisant l’émergence d’une presse libre et indépendante, mais aussi viable économiquement.

Avec Seneweb