“Lettre aux Sénégalais” (Thierno Alassane Sall)
Chers compatriotes,
Dimanche, nous allons voter pour l’avenir de nos enfants et pour changer le destin de notre nation.
Le Sénégal, notre pays, est le fruit de plusieurs combats menés par nos illustres prédécesseurs. C’est un creuset de plusieurs legs historiques, culturelles, sociales, économiques et juridiques.
Le Sénégal est la terre où s’est déroulée la révolution Torodo conduite par Thierno Souleymane Baal ayant mis fin à la domination des Maures et à la traite des esclaves. C’est le territoire qui a enregistré un acte héroïque, à jamais gravé en lettres d’or dans notre histoire, le «Talaatay Nder», où les femmes de Nder ont préféré la mort, plutôt que la vie dans le déshonneur et l’humiliation de la captivité. C’est le pays qui a été héroïquement défendu par d’illustres résistants tels que Aline Sitoé Diatta, qui s’était érigée farouchement contre la colonisation française ; Maba Diakhou Bâ, qui s’était investi dans la protection des populations les plus faibles et l’unification du pays ; Alpha Molo Baldé, qui a vaincu les troupes Mandingues de l’empire du Gabou pour défendre l’intégrité territoriale. C’est la terre de la tolérance et du vivre ensemble, cultivés et entretenus par les différents Cheikh qui se sont succédés à la tête des confréries soufies Q?diriyya, Tij?niyya, L?h?niyya et Mour?diyya ainsi que par les archevêques ayant assuré la guidance de la communauté chrétienne. De façon plus contemporaine, plusieurs acteurs politiques d’envergure ont combattu la domination coloniale, puis parachevé le processus de décolonisation et asseoir les bases d’une Nation intégrée avec un État structuré.
Cet héritage est l’aboutissement de sacrifices, d’efforts, d’abnégation et d’initiatives créatrices de plusieurs générations de femmes et d’hommes. Il crée des liens entre nos illustres devanciers et nous. Il s’impose donc à nous tous. C’est un legs que nous avons le devoir de préserver, de fructifier, puis de transmettre aux générations à venir.
Malheureusement, force est de constater que cet héritage est en train de s’éroder à une vitesse exponentielle pour donner lieu à une nation divisée, antagoniste, clivante et intolérante. Le climat social et politique délétères qui prévalent aujourd’hui sont révélateurs de l’existence de de l’affaiblissement de nos valeurs culturelles. Cela prouve, si besoin est, la faillite des personnes entre les mains desquelles sont déposées les destinées du pays.
En plus de cette déchéance révélatrice de l’effritement des valeurs et porteuse de menaces sur la pérennité de notre commune volonté de vivre ensemble, cette situation charrie des difficultés croissantes pour les Sénégalaise et les Sénégalais dans leur vie quotidienne. Une grande partie de la population a vu ses conditions de vie se dégrader. Les politiques économiques et sociales mises en œuvre sont loin de poser les bases d’une émergence.
Le Sénégal connaît une baisse de son activité économique comme en atteste la chute du taux de croissance au cours de ces dernières années. Les nominations partisanes de personnes inexpertes, l’absence d’une culture du suivi et de l’évaluation des effets et impacts des politiques et programmes ainsi que tant d’autres facteurs ont fini de rendre inopérants, voire inefficaces les différentes initiatives mises en place au profit des PME qui constituent l’essentiel de notre tissu économique. En dépit des slogans et des discours d’autoglorification du gouvernement, la mise en œuvre des différents programmes annoncés n’a pas permis d’améliorer le bien-être des populations. Au-delà de la pauvreté monétaire, les conditions de vie des Sénégalais sont très difficiles. Les populations sont confrontées à des tensions inflationnistes qui ont provoqué la cherté de la vie, particulièrement celles des produits alimentaires. Ces tensions inflationnistes se sont considérablement faites ressentir sur le panier de la ménagère. La souveraineté alimentaire tant chantée par le gouvernement n’est pas au rendez-vous. Les niveaux du chômage et du sous-emploi sont élevés, et la plupart des Sénégalais travaillent dans l’informel. Le programme d’urgence pour l’emploi et l’insertion socioéconomique des jeunes, «Xëyu ndaw ñi», a été élaborée dans la précipitation en réponse à une situation de crise sociale aiguë post-émeute survenue en mars 2021. D’où plusieurs lacunes importantes dans sa conception et dans sa mise en œuvre. Ce qui n’a permis l’atteinte des objectifs initialement visés. Le déficit budgétaire est important et ne cesse de se creuser. Ce qui conduit systématiquement l’État à recourir à des emprunts importants pour boucler ses budgets et, subséquemment, à accroitre considérablement l’endettement du pays. La gouvernance administrative, économique et financière est défaillante en charriant une absence de reddition systématique des comptes, une corruption devenue gangrène et une faible imputabilité.
Je mesure, personnellement et de visu, ce délitement généralisé. Le constat est le même partout dans le pays : les Sénégalais sont fatigués et se sentent délaissés !
Les souffrances de mes concitoyens ont toujours été ma boussole, guidant chacun de mes pas, en tant que citoyen, dans ma vie professionnelle ou d’homme politique. Mon engagement envers ce pays est inébranlable, animé par la loyauté et la dévotion d’un patriote et d’un républicain. Mon dévouement est indéniable envers le Sénégal. J’ai une profonde passion pour ce pays.
Chers compatriotes,
J’ai été destinataire de nombreux messages émanant de citoyens appartenant à tous les segments de la population sénégalaise, qu’ils soient militants ou apolitiques. À toutes ces femmes, à tous ces hommes, je dis : je vous ai entendus.
Mon offre programmatique est articulée autour des réalités du pays, du vécu quotidien de nos compatriotes, de l’état de la situation économique, sociale, culturelle, industrielle, démocratique, sécuritaire et diplomatique du Sénégal. Mes propositions pour changer le destin de notre pays s’enracinent dans nos valeurs et s’adossent sur les règles qui organisent et déterminent le fonctionnement d’une République. Elles sont innovantes, créatrices de plus-value et porteuses d’ambitions généreuses pour le Sénégal et les sénégalais. Elles vise à consolider les acquis et à préparer notre pays à entrer, de plain-pied, dans le cénacle des pays qui comptent.
Si le peuple sénégalais me fait confiance, en me portant à la magistrature suprême de notre pays, la mise en œuvre de mon programme permettrait d’assurer, au terme de mon mandat quinquennal :
un meilleur fonctionnement de nos institutions : la normalité républicaine sera retrouvée et les mœurs de la vie politique assainies ;
un Sénégal qui entre, de plain-pied, dans l’ère numérique en utilisant toutes les potentialités et opportunités de développement qu’elle offre ;
une souveraineté économique retrouvée en donnant priorité aux entrepreneurs nationaux et en parvenant à l’autosuffisance alimentaire ;
un capital humain mieux valorisé avec des programmes de formation, de santé publique et de protection sociale plus adaptés et couvrant plus de risques sociaux ;
une sécurité intérieure renforcée et un leadership sous-régional retrouvé.
Chers compatriotes,
L’élection présidentielle de 2024 est une étape cruciale dans la vie de notre pays. Elle est la plus ouverte depuis notre accession à la souveraineté internationale. Le changement sera à notre portée. Voilà pourquoi j’appelle chacune et chacun de vous à faire le choix de la probité, de la responsabilité, de la compétence. Afin qu’au soir du 24 mars 2024 s’ouvre, au Sénégal, une nouvelle ère démocratique, de justice, de transparence, de travail et de prospérité.
Je vous remercie.
Vive la République
Vive le Sénégal