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Cérémonie d’ouverture des 50e Assises internationales de la Presse francophone : Discours intégral du Président Macky Sall

Monsieur le Ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique,
Monsieur le Président de l’Union internationale de la presse francophone (UPF),
Mesdames, messieurs les membres de l’UPF,
Mesdames, messieurs,
Après 1984 et 2014, le Sénégal est ravi d’accueillir pour la 3e fois les assises de l’Union internationale de la presse francophone.
A toutes et à tous, je souhaite la bienvenue et un agréable séjour parmi nous.
Je salue et félicite le Président de l’UPF, Monsieur Madiambal Diagne, pour le dynamisme qu’il insuffle à votre Organisation ; ce qui lui a valu d’être rappelé à la charge après avoir effectué ses deux mandats.
En vous recevant à nouveau, le Sénégal réaffirme son attachement à l’espace francophone, mais également sa vocation de pays de la téranga, ouvert à tous. Réfugiés, intellectuels, artistes, hommes d’Etat, journalistes, tous trouvent ici, un accueil fraternel et protecteur.
C’est l’occasion pour moi de saluer la contribution que mes prédécesseurs, les Présidents Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf, ont chacun apportée à l’édifice francophone.
Au-delà du français que nous avons en partage, si vous avez choisi de vous réunir à nouveau ici, c’est bien parce que le Sénégal est une terre de paix et de liberté, chère à la presse, parce que conditions sine qua non de l’exercice de votre métier.

Le paysage médiatique sénégalais est florissant avec 33 chaines de télévision 55 radios d’informations générales, 200 radios communautaires, 49 quotidien et 140 sites d’information.
Par définition, la liberté fait corps avec le métier des médias. Elle en est le socle et le bouclier. Mais la liberté elle-même est tributaire des conditions indispensables à son exercice.
Je pense à l’environnement légal et réglementaire qui encadre l’exercice des droits et libertés publics. Ce cadre est important en ce sens que c’est lui qui définit jusqu’où chacun peut aller dans la jouissance de ses droits et libertés sans porter atteinte à ceux des autres.
Je pense aussi et surtout aux conditions de sécurité et de sûreté dans lesquelles se déploient les médias.
A bien des égards, ces conditions peuvent être risquées, notamment dans des cas de troubles internes ou de conflits armés.
D’où, à mon sens, l’intérêt et l’actualité de votre thème : Médias, paix, sécurité.
L’état du monde, exténué par la guerre et la violence sous toutes ses formes, met en lumière la pertinence des sujets dont vous comptez débattre en travaux d’ateliers, notamment : la place et le rôle des médias en temps de guerre, les médias face à la désinformation et à la manipulation, la paix et la sécurité à l’heure des réseaux sociaux, la liberté de la presse et la responsabilité.
En même temps qu’ils touchent à l’éthique et à la déontologie de votre métier, ces sujets renseignent sur les défis majeurs auxquels fait face le monde médiatique.
De toute évidence, le cours des choses a beaucoup changé dans votre profession, qu’il s’agisse de vos outils de travail, de la façon de vous informer et d’informer, et du rapport de l’opinion publique avec l’information, entre autres mutations profondes.
Pour autant, comme le veut la Charte de Munich de 1971, endossée plus tard par la Fédération internationale des journalistes, les règles d’éthique et de déontologie de la profession demeurent immuables.
Aujourd’hui comme hier, le respect de la vérité des faits et de la vie privée, l’obligation de rectification immédiate en cas de publication d’information inexacte, l’interdiction de calomnier, de diffamer et d’inciter à la haine restent des exigences intangibles qui accompagnent et valorisent le métier de journaliste.
Or, partout dans le monde, il arrive que des médias, heureusement une minorité, attisent le feu, incitent à la violence et à la haine, excitent des foules et alimentent des conflits, jusqu’au génocide.
S’y ajoute aujourd’hui la frénésie du déballage et des fake news diffusée à grands débits.
Quand on s’affranchit des normes, il n’y a plus de limites ; et quand il n’y a plus de limites, c’est notre humanité commune qui est en danger.
La protection de l’ordre public et de la vie privée exige que l’exercice de toute liberté soit encadré par les lois et règlements qui s’y attachent. C’est un impératif minimal de la vie en société.
Dans une société qui se veut ouverte, libre et démocratique comme nous y tenons tous, la liberté aille de pair avec la responsabilité comme les deux faces d’une même médaille.
Mesdames, messieurs,
En réfléchissant sur votre thème, je dois saluer le courage qui s’attache à l’exercice de votre métier en temps de conflit.
De tout temps, des hommes et des femmes risquent leur vie et leur liberté pour informer vrai, en s’appuyant sur les normes éthiques de l’exactitude, de l’impartialité, de l’équité et de l’équilibre.
Selon les chiffres de l’UNESCO, rien qu’en 2023, 65 journalistes ont été tués dans l’exercice de leurs fonctions, dont trente-huit dans des zones de conflit. Je rends hommage à leur mémoire.
D’autre part, en temps de conflit, le débat reste entier sur la pratique dite du « journalisme embarqué » qui consiste, pour des reporters de guerre, à se faire transporter par des moyens militaires d’une partie belligérante pour couvrir le champ de bataille.
Se posent alors les questions de liberté et d’impartialité inhérentes à l’exercice du métier.
Comme le dit une sagesse de chez nous : qui te prête les yeux t’indique la direction de ton regard.
En outre, des questions se posent également quant à la pratique de votre métier par des blogueurs et autres activistes qui, pour autant, ne s’encombrent pas des normes qui encadrent la profession.
En tout état de cause, nous avons tous intérêt à la préservation du journalisme au sens noble du métier, celui de la sacralité des faits et du progrès des sociétés humaines.
Pour ma part, je fais confiance à votre sens de l’auto critique et de l’autorégulation pour poser le débat et nous éclairer davantage sur les problématiques à votre ordre du jour.
Je voudrais, pour conclure, vous exprimer mon soutien et mes encouragements, en vous adressant mes vœux les meilleurs pour l’année nouvelle et le succès de vos travaux. Je vous remercie.