LA CHRONIQUE DE MLD: 7003 milliards : Qui pour mettre le pays sur orbite ?Par Mamadou Lamine DIATTA
Le Sénégal reste un pays assez curieux où chaque aspirant au fauteuil présidentiel déroule visiblement son propre agenda pour toucher le Graal. Ceux qui sont actuellement aux affaires sont logés à la même enseigne et se livrent à des querelles d’égos et de coqs pour le contrôle du pouvoir. C’est certes humain et l’ambition n’est point un délit mais finalement ils perdent tous tant qu’ils sont énormément d’énergie et d’influx dans l’accessoire feignant d’oublier l’essentiel qui réside notamment dans ce Leadership inspirant que les 18 millions de Sénégalais appellent vivement de leurs vœux pour assister enfin à la transformation structurelle de ce petit pays à l’énorme potentiel humain et matériel. Un Leader doit savoir s’oublier par moment pour mettre en lumière, promouvoir et rendre efficace et efficient le bien collectif. C’est bien ce que nous attendons de celui qui aura l’insigne honneur de diriger ce pays à l’issue du scrutin du 25 mars 2024.
Le Président Macky Sall laissera à son successeur un budget de 7003 milliards de fr cfa au nom du sacro-saint principe de la continuité de l’Etat. Mais qui parmi les médias et autres faiseurs d’opinion s’intéresse sérieusement à cette question vitale qui engage l’avenir de tous nos concitoyens ? C’est vrai que les questions budgétaires sont techniques mais tout ce qui a trait aux subventions sur les denrées de consommation courante, au carburant ou encore aux hôpitaux, bourses familiales et infrastructures, relève de notre vécu, notre quotidien. Autrement dit, la mise en œuvre du Budget devrait nous intéresser au premier chef. Un Etat, c’est du sérieux surtout dans ces pays africains où tout est prioritaire. De ce point de vue, nous sommes en droit d’attendre des 200 candidats à la candidature de décliner et de partager au moins une vision claire, un programme consistant et cohérent où figurent en bonne place ces problématiques centrales liées notamment à cette masse salariale de 104 milliards cfa pour 177 000 agents de l’administration publique. Moins de 200 000 fonctionnaires dans un pays de 18 millions d’âmes.
Quid de l’écrasante majorité ? Quelles politiques publiques vertueuses et « agressives » pour une meilleure inclusion des jeunes diplômés et des autres qui ont besoin de formations qualifiantes ? Quelles réformes hardies et autres discriminations positives en faveur d’une couche aussi vulnérable et aussi impactante que les femmes ? Quelle approche innovante pour rendre l’agriculture davantage attractive en vue de résorber sensiblement le chômage et d’atteindre enfin la souveraineté alimentaire ? Comment donner corps à la souveraineté énergétique, base de tout développement économique ? Autant d’interrogations qui nous turlupinent dans un contexte particulier marqué par la déclinaison du concept novateur de souveraineté budgétaire de la part du ministre des finances et du budget Moustapha Ba himself. Le prochain Président aura le loisir de compter sur des ressources additionnelles liées à l’exploitation du pétrole et du gaz mais cette nouvelle manne financière ne sera jamais la panacée pour un développement inclusif.
Autant se concentrer davantage sur les voies et moyens à envisager pour booster les secteurs traditionnels de l’agriculture et de l’industrie qui représentent les véritables fondamentaux en matière de progrès humain. Ce pays est quand même bizarre et le prochain locataire du Palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor aura du pain sur la planche et devrait mettre l’accent sur la gouvernance des maigres ressources publiques au moment où de hauts responsables qui ont pris des libertés avec l’argent public (1000 milliards cfa fonds Covid) sont libres comme l’air et narguent à leur manière les pauvres populations. À côté, ces 140 milliards cfa que réclament les pétroliers au titre d’arriérés de remboursement de l’Etat ressemblent à des cacahuètes (peanuts).Pourtant tout est lié !