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Tariq Ramadan face aux juges, le point sur l’enquête

Sous la menace d’une nouvelle mise en examen, Tariq Ramadan doit être entendu, mardi, par les juges pour la première fois depuis son incarcération début février pour deux viols présumés que l’intellectuel musulman conteste.
Vers une troisième mise en examen de Tariq Ramadan ? Emprisonné depuis début février pour deux accusations de viol, l’islamologue est convoqué mardi 5 juin devant les juges d’instruction. Un interrogatoire qui pourrait déboucher sur une inculpation pour des agressions sur une troisième femme.
• Où en est l’enquête ?

L’enquête, démarrée en octobre, reposait initialement sur les accusations d’anciennes admiratrices du prédicateur, la militante laïque et ancienne salafiste Henda Ayari et une femme connue sous le pseudonyme de « Christelle », qui ont décrit des rapports sexuels forcés d’une grande violence.

Tariq Ramadan avait été placé en garde à vue le 31 janvier 2018. À l’issue de celle-ci, il avait été mis en examen le 2 février pour deux viols, dont un sur personne vulnérable, et écroué.

Avant d’être confiée aux juges, l’enquête préliminaire avait aussi recueilli les récits de trois autres femmes, qui affirment avoir eu des relations intimes avec M. Ramadan, sous son « emprise » et parfois aussi très brutales.

En mars, une troisième plaignante s’est fait connaître : cette ancienne escort-girl, protagoniste du procès pour proxénétisme du Carlton aux côtés de Dominique Strauss-Kahn, affirme avoir été violée à neuf reprises en France, à Londres et à Bruxelles, de 2013 à 2014.

« M. Ramadan connaît Mounia Rabbouj et, s’il a eu une relation avec elle, elle n’est pas celle qu’elle a décrite », a affirmé Me Emmanuel Marsigny, dont le client doit être interrogé à ce sujet pour la première fois mardi.

Dans ce troisième dossier, la défense espère convaincre les juges de renoncer à la mise en examen, requise par le parquet.

Le résultat de l’expertise ordonnée sur une robe de Mounia Rabbouj tachée de sperme pour en déterminer l’ADN est attendu prochainement.

Si le prédicateur devait reconnaître mardi une relation adultère, éloignée des enseignements qui ont fait sa célébrité, ce serait un nouveau coup porté à l’aura de celui qui fut une rare figure médiatique et populaire de l’islam en Europe.

En Suisse, une quatrième femme a porté plainte et son témoignage doit encore être versé au dossier français.

• Quelles versions s’affrontent ?

Interrogé en garde à vue sur les deux premières plaignantes, avec qui il a longtemps échangé sur Internet et par téléphone, Tariq Ramadan a reconnu les avoir rencontrées en public, une seule fois chacune, mais a nié tout rapport sexuel.

Dans sa plainte, Henda Ayari avait situé les faits à Paris fin mars ou début avril 2012, mais a récemment affirmé devant les juges que le viol a en réalité eu lieu le 26 mai dans un hôtel place de la République.
Selon la défense de Tariq Ramadan, Henda Ayari a précisé qu’il pleuvait fort à cette date. « Impossible ! Météo-France indique qu’il n’y pas eu une goutte d’eau ce jour-là », assure Me Emmanuel Marsigny.

Concernant « Christelle », Tariq Ramadan a déclaré l’avoir vue 20-30 minutes dans le hall de son hôtel à Lyon le 10 octobre 2009, alors qu’elle dénonce des faits commis la veille. Elle affirme que l’intellectuel est parti donner une conférence après l’avoir violée, la laissant « prostrée » et emportant ses habits. Elle avait pris la fuite le lendemain matin.

Contestant cette version, la défense a versé au dossier une photo de cette conférence où elle croit reconnaître la jeune femme au 4e rang.

« Absurde », répond l’avocat de Christelle, Me Eric Morain. « Ma cliente (…) n’a pas la même couleur de peau que la personne désignée, qui n’a pas non plus de voile alors que ma cliente le portait à l’époque à la demande de Tariq Ramadan. »

Avec AFP