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France: «Après les émeutes, le sentiment d’injustice demeure parce que rien n’est réglé»

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a fait état ce samedi 15 juillet d’une « baisse importante » des dégradations lors des festivités du 14-Juillet par rapport à l’année dernière. Après la flambée de violence, il y a 15 jours, après la mort du jeune Nahel lors d’un contrôle de police, les autorités qui craignaient des incidents avaient fait le choix d’un déploiement sécuritaire massif. L’analyse de Michel Kokoreff, sociologue, professeur des universités à Paris 8 et auteur de « Violences policières, généalogie d’une violence d’État » (Textuel, 2020).

Michel Kokoreff : Entre l’homicide policier à l’origine de la colère qui a traversé le pays, qui a eu une résonance mondiale, et le 14 juillet, évidemment, il s’est passé quelque chose. Tout d’abord, après l’empathie manifestée dès le premier jour, ce qui était quand même notable de la part de l’exécutif, le gouvernement a retrouvé sa rhétorique dénonçant les violences urbaines, jetant de l’huile sur le feu, incriminant les parents, alors qu’on aurait attendu des actes forts pour apaiser vraiment les choses. Et puis, d’un autre côté, on a assisté à une sorte d’état d’urgence larvé, avec un fort déploiement de force de l’ordre, de gendarmes, de drones, de blindés, d’unités d’élite, comme si c’était la guerre quoi ! Disons que la rhétorique du pouvoir sur le retour à l’ordre républicain, le déploiement des forces de l’ordre et la polarisation sur l’immigration ont logiquement été efficaces. D’où, d’ailleurs, la banalisation des propos racistes dans les médias, au Parlement, ou encore dans le monde du travail en particulier. On a rouvert la boite de pandore !