Et puis quoi encore ?(Par Amadou Tidiane Wone)
Depuis plus de deux ans, une affaire opposant selon les dires de certains, « deux citoyens », l’un(e) ayant porté plainte pour « viols répétitifs sous la menace d’une arme », et l’autre niant totalement ces accusations, a fini par prendre les allures d’une tragédie nationale. Des péripéties qui secouent les fondamentaux les plus sacrés de notre vivre-ensemble se succèdent devant l’indifférence quasi générale des voix habituellement autorisées.
Tragédie ? Oui, car la liste des morts sacrifiés au titre des dégâts collatéraux d’une gestion chaotique de ce qui ne devait être qu’un fait divers, s’allonge… Au-delà de toute raison ! La colère des jeunes se répand dans les rues. Des biens publics et privés sont saccagés. Des voisins innocents subissent les contrecoups d’exactions politiquement suspectes. Les parents angoissés se demandent de quoi demain sera fait…
Nous sommes proches d’une ligne de fracture dont les conséquences sont imprévisibles.
En a-t-on seulement pris suffisamment conscience ?
En fait, et au fil du temps, nos lassitudes coupables voire nos complicités objectives, ont fini par diviser notre pays et son opinion, en camps retranchés apparemment irréductibles. Sur la base de conforts mentaux, adossés à des jugements de valeurs souvent fort discutables, certains refusent jusqu’à examiner, à fond, les détails de cette affaire sordide. Les effets en cours auraient dû être prévenus et neutralisés, depuis longtemps, par de véritables hommes d’état dont notre pays semble orphelin. Entendons-nous bien : les hommes et femmes d’État dont il est question ici, ne sont pas ceux qui sont au service de l’État. Ceux-là, lorsqu’ils atteignent l’âge de la retraite, se détachent souvent des servitudes de la mission. Ils étaient payés à la tâche !
Non. Ceux auxquels je pense sont bien souvent des gens dits ordinaires qui ont une haute conscience de leur rôle dans tout ce qui a trait à la défense de la Paix, de la sécurité des personnes et des biens, sous le prisme de l’intérêt général bien compris. Ils sont présents dans toutes les couches sociales de notre nation. Ils disent le bien commun et cherchent à le promouvoir. Ils taisent tout ce qui pourrait diviser ou blesser durablement l’âme de notre peuple. Leur existence est vouée au Bien !
« La différence entre le politicien et l’homme d’État est la suivante : le premier pense à la prochaine élection, le second à la prochaine génération. » nous rappelle fort justement James Freeman Clarke.
Sous ce rapport, il est temps de siffler la fin de la récréation !
Il revient aux citoyens de tous horizons de rappeler les politiciens à l’ordre ! Leurs joutes, et l’esprit de compétition qui les habite, commencent à déborder les convenances sociales et démocratiques. Ils nous agressent au quotidien par leurs mots indigents qui ne nous font pas rêver mais nourrissent nos angoisses.
Évidemment cette généralisation n’est pas globalisante. Des exceptions notables existent dans le landerneau politicien sénégalais mais leurs voix sont inaudibles sous la cacophonie vindicative qui se satisfait de se mirer dans l’entre-soi.
Il est temps de se ressaisir ! Il est temps de mettre fin à la spirale décadente qui nous aspire et nous conduit droit vers le chaos.
L’heure est grave !
Amadou Tidiane WONE