Manifestations pacifiques des étudiants pour réclamer « justice »
Dakar, Saint-Louis, Ziguinchor, Thiès… Les principales villes du pays ont été le théâtre ce jeudi 24 mai de manifestations étudiantes pour réclamer « justice » après la mort de Fallou Sène. Cet étudiant de l’université Gaston Berger a été tué le 15 mai à Saint-Louis lors d’affrontements avec la gendarmerie.
« Arrêtez de nous tuer », « Je suis Mouhamadou Fallou Sène »… Beaucoup d’étudiants ont rendu hommage à leur camarade tué par la gendarmerie à l’université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis, et dont la mort a suscité une vague d’indignation dans le pays.
À Dakar, le cortège a rassemblé environ 3 000 étudiants, qui ont défilé dans le calme sur un grand boulevard, entre la place de l’Obélisque et le siège de la télévision publique. Des manifestations se sont également déroulées jeudi à Saint-Louis – où environ 3 000 manifestants ont également défilé, à Ziguinchor (en Casamance ainsi qu’à Thiès et Bambey.
Un « acte ignoble »
« On est là pour que les auteurs de cet acte ignoble soient traduits en justice, pour que les gendarmes soient traduits en justice », a déclaré à l’AFP un étudiant de Saint-Louis venu manifester à Dakar, Lansana Sagna. « On vit dans des conditions extrêmement difficiles. Nous réclamons que les bourses soient payées à temps », a-t-il ajouté.
Fallou Sène, un jeune étudiant de 26 ans en Lettres modernes, a été tué alors qu’il protestait contre le retard dans le paiement des bourses. En réaction à la décision des étudiants de se servir dans les restaurants universitaires sans payer, le recteur avait demandé le recours aux forces de l’ordre. Selon les premiers éléments de l’enquête, Fallou Sène est « décédé suite à une blessure par arme à feu », tué par un gendarme.
Rencontre entre Macky Sall et des étudiants
Sur décision du président Macky Sall, le recteur et le directeur du Crous ont été limogés. Mais les étudiants réclament toujours le départ des ministres de l’Enseignement supérieur, de l’Intérieur et des Finances.
Le chef de l’État a rencontré mardi 22 mai une délégation d’étudiants de manière informelle, au cours de laquelle il leur a présenté directement ses condoléances et a écouté leurs doléances,
Le lendemain, en conseil des ministres, le président a appelé à une « amélioration des conditions pédagogiques et sociales », mais n’a pas annoncé de mesure concrète.
ÉDUCATION, RECHERCHE ET ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
Au Sénégal, les étudiants universitaires ont droit à des bourses s’élevant généralement à l’équivalent de 27 ou 55 euros par mois, jugées nettement insuffisantes et régulièrement payées en retard.
« Dans des chambres qui devraient contenir quatre personnes, on en met 10 ou 12 », a expliqué à l’AFP un étudiant de 3e licence de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) de Dakar, Adama Diop, en montrant sa chambre, au bout d’un long couloir sombre aux murs sales où des étudiants dorment sur des nattes posées sur le sol.
« En première année, on était 1.500 étudiants dans un amphithéâtre qui pouvait contenir 400 étudiants », a expliqué un étudiant en géographie de l’UCAD de 26 ans, Moussa Diallo, pointant le problème de l’inflation du nombre d’étudiants ces dernières années.