ActualitéAfriqueInternational

Haïti: face aux gangs, le mouvement «Bwa kale» prend de l’ampleur

Haïti est depuis des mois la proie des gangs armés, qui contrôlent aujourd’hui 80 % de la capitale Port-au-Prince et tuent, violent, kidnappent et pillent. Depuis dix jours, un mouvement de ras-le-bol gagne peu à peu le pays, avec des Haïtiens qui s’emparent de bandits présumés et les exécutent. Un mouvement qui a déjà un nom : Bwa kale.

Il y a dix jours, des habitants de Canapé Vert, en banlieue de Port-au-Prince, interceptent 14 bandits présumés, les lynchent et brûlent leurs corps. La nuit précédente, les gangs avaient tenté de prendre de nouveaux quartiers de la capitale, provoquant la colère et la mobilisation de ces habitants.

Depuis, sous le nom bwa kalé, expression d’argot haïtien signifiant « érection », les lynchages se multiplient en province – par exemple dans l’Artibonite ou la Grande Anse, et, toujours, dans la capitale. Avec parfois des représailles : la semaine dernière, plusieurs personnes transportant des munitions étaient lynchées par des habitants de Carrefour Feuilles. Des membres du gang de Gran Ravin attaquent alors les résidents, les forçant à abandonner leurs habitations, avant d’être eux-mêmes repoussés par la police.

« Ne faites pas justice vous-mêmes »

Lundi, le Premier ministre a pris la parole pour la première fois depuis le début de ce mouvement. « Ne laissons pas les mauvais plans nous faire jouer à des jeux sordides », a dit Ariel Henry, tout en appelant la population à continuer de coopérer avec la police.