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Le Japonais Hirokazu Kore-eda remporte la Palme d’or du Festival de Cannes

Le sujet des enfants maltraités a largement dominé le palmarès du 71e Festival de Cannes, remis ce samedi 19 mai par Cate Blanchett, présidente d’un jury majoritairement féminin. La tragédie des enfants abandonnés domine à la fois la Palme d’or « Une affaire de famille » du Japonais Hirokazu Kore-eda, le prix du Jury pour « Capharnaüm » de la réalisatrice libanaise Nadine Labaka et le prix d’Interprétation féminine pour l’actrice kazakhe Samal Yeslyamova dans le film russe « Ayka », de Sergeï Dvortsevoy.

Le réalisateur Hirokazu Kore-eda a accueilli la Palme d’or avec une certaine modestie. Il est le cinquième réalisateur japonais qui a réussi à décrocher le prix suprême du Festival de Cannes. Après plusieurs chefs d’œuvre, dont Tel père, tel fils, récompensé en 2013 avec le prix du Jury, il a enfin remporté la plus haute distinction avec Une affaire de famille : « J’avoue que j’ai les jambes qui tremblent. Cannes est un endroit où l’on reçoit beaucoup de courage. Ici, j’ai ressenti l’espoir que les gens et les pays qui aujourd’hui s’affrontent peuvent se rejoindre. »

Le film, raconté avec une finesse inouïe, nous fait vivre l’histoire d’une famille pauvre et plus que recomposée. Pour survivre, le père enseigne le vol à l’étalage à « ses » enfants sauvés dans la rue, et la grand-mère a plusieurs raisons – dont certaines inavouables – d’aimer ses « enfants » et « grands-enfants ». Le tout est orchestré comme une composition cinématographique visant à ausculter la cellule familiale jusqu’au plus petit détail.

Le prix d’Interprétation féminine attribué à Samal Yeslyamova

Lors de la cérémonie à Cannes, Samal Yeslyamova, couronnée du prix d’Interprétation féminine, n’arrivait presque pas à parler tellement elle était émue, mais probablement aussi encore bouleversée par son rôle. Dans Ayka, du réalisateur russe Sergeï Dvortsevoy, elle joue une jeune Kirghize sans papiers en Russie, obligée d’abandonner son nouveau-né après l’accouchement pour garder son travail et son espoir de pouvoir s’en sortir un jour de sa situation inhumaine. C’est donc logique que le film, lui aussi, ne nous laisse aucune échappatoire, aucune issue.

Le « Capharnaüm » de Nadine Labaki

Le discours le plus long et le plus émouvant a été prononcé par la lauréate du prix de Jury, attribué à la réalisatrice libanaise Nadine Labaki. Capharnaüm représente un flamboyant plaidoyer en faveur des enfants maltraités, au Liban et dans le monde entier : « Je crois profondément au pouvoir du cinéma. Le cinéma est là pour agir et réfléchir, pas seulement pour divertir. Pour dire ce qu’on ne peut pas dire dans ce capharnaüm qui est le monde. Je voudrais vous inviter à réfléchir. Car les enfants mal aimés sont à la base du malheur de notre monde… Quant à mon pays, malgré tout ce qu’on lui reproche, le Liban a quand même accueilli le plus grand nombre de réfugiés dans le monde. »

Marcello Fonte, prix de la meilleure Interprétation masculine

Quand le prix de la meilleure Interprétation masculine est attribué à Marcello Fonte, l’acteur de petite taille et tout frêle fait déjà un triomphe dans la salle en montant sur scène. Une fois arrivé, il n’ose presque pas s’approcher du micro avant d’avouer à quel point il est touché par cette reconnaissance : « quand je ferme les yeux, je ressens la chaleur, ma famille est le cinéma, c’est vous, Cannes. » Dans Dogman, du réalisateur italien Matteo Garrone, il incarne un toiletteur pour chiens qui affronte la cruauté du monde et apprend à dire non.

Hommage à Spike Lee et Jean-Luc Godard

La 71e édition du Festival de Cannes n’a pas oublié d’honorer aussi deux grands maîtres du cinéma. Spike Lee reçoit le Grand Prix pour BlacKKKlansman, un film hilarant, inclassable, entre policier, comédie et pamphlet politique où le réalisateur américain ose même se moquer du Ku Klux Klan et de cibler le président américain Donald Trump. Quant à Jean-Luc Godard, il n’a pas remporté la Palme d’or pour son film Le Livre d’Image, mais il a été honoré avec une Palme d’or spéciale, parce qu’il a « fait avancer le cinéma et il définit et redéfinit toujours le cinéma », a expliqué la présidente du Jury, Cate Blanchett, à la fin d’une cérémonie qui s’est terminée d’une manière joyeuse avec un concert de Sting sur le tapis rouge.

( Par rfi.fr )