Burkina Faso : ouverture du procès sous haute sécurité du putsch manqué de 2015
Le procès des généraux à l’origine du coup d’État manqué de septembre 2015 au Burkina Faso s’est ouvert mardi matin. La sensibilité de l’affaire donne lieu à une audience très surveillée et sous haute sécurité.
Le procès du putsch manqué de 2015 au Burkina Faso s’est ouvert, mardi 27 février à Ouagadougou, protégé par un dispositif sécuritaire exceptionnel.
Les forces de sécurité étaient positionnées sur un rayon de 200 mètres autour de la salle des banquets de Ouaga 2000, un quartier huppé de la capitale burkinabè, où le tribunal militaire a été délocalisé pour la circonstance. Toute la circulation était bloquée.
Les autorités ont interdit tout appareil électronique, notamment les téléphones portables, à l’audience et même dans la zone de sécurité de 200 m autour de la salle. La mesure s’applique également aux journalistes, près d’une centaine selon des Burkinabè présents sur place, ce qui a déclenché leurs protestations. Le public était systématiquement fouillé à l’entrée de la zone.
Des putschistes acclamés
Les généraux Gilbert Diendéré et Djibrill Bassolé, cerveaux présumés du coup d’État manqué, ont été acclamés par des partisans à leur arrivée à 8 h (locales et GMT), a constaté l’AFP.
Le général Diendéré avait pris la tête du coup d’État du 16 septembre 2015, tandis que le général Djibrill Bassolé, ancien chef de la diplomatie, est lui poursuivi pour « trahison ». Pour preuve, l’enregistrement d’une conversation téléphonique qu’il aurait eue avec le président de l’Assemblée nationale ivoirienne, Guillaume Soro, dans laquelle celui-ci semble affirmer son soutien au putsch de septembre 2015.
Au total, 84 accusés sont jugés, 66 militaires et 18 civils, pour la tentative de putsch, où des soldats du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) avaient tenté en vain de renverser le gouvernement de transition mis en place après la chute du président Blaise Compaoré. Le RSP était la garde prétorienne de Compaoré, chassé le 31 octobre 2014 par la rue après 27 ans au pouvoir.
Les accusés risquent tous de « lourdes peines » au terme de ce procès censé durer plusieurs mois, selon des sources judiciaires, qui ont précisé que « la lecture de l’ordonnance de plus de 15 000 pages annoncera la couleur de ce procès marathon ».
Pour l’Association des blessés du coup d’État du 16 septembre 2015 (ABCE), le procès qui s’ouvre « donne l’espoir de panser (leurs) blessures et envisager une réconciliation ». Selon le Mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des peuples (MBDHP), ce procès sera un « test grandeur nature de la crédibilité de la justice burkinabè », accusée très souvent d’être aux ordres du pouvoir. Et le choix d’un tribunal militaire a été critiqué par la défense, qui redoute une justice politique, aux ordres du pouvoir, ainsi que par Amnesty International.
Avec AFP