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Chine: la politique de «Zéro Covid», une stratégie à haut risque pour Xi Jinping?

La Chine est aujourd’hui le seul pays au monde à appliquer des mesures draconiennes pour couper la propagation d’Omicron. Confinement, dépistages massifs, quarantaines strictes, Shanghai est sous cloche depuis maintenant quatre semaines. Malgré une efficacité très discutable à enrayer la contagion, le pouvoir s’obstine dans sa stratégie de « Zéro Covid » face au virus. Une fuite en avant qui pourrait déstabiliser Xi Jinping, à quelques mois du XXe congrès du Parti communiste chinois. Publicité

Depuis le 25 avril 2022, les Pékinois redoutent un scénario à la Shanghai. Une campagne massive de dépistage a débuté pour déterminer l’étendue des contaminations. En fonction des résultats, la capitale et ses 22 millions d’habitants pourraient connaître le sort de la ville la plus peuplée de Chine. Un très mauvais présage pour le pouvoir central. Car une flambée de cas dans la capitale serait le signe que les autorités ont du mal à maîtriser la situation. Le verrouillage de Shanghai, pour une durée indéterminée, suscite en tout cas le mécontentement de la population. Une colère que les autorités ont de plus en plus de mal à canaliser.  

Mécontentement et résistance 

« Il y a énormément de résistance. Certaines personnes réagissent même de façon très violente. On voit que la tension augmente de manière exponentielle de semaines en semaines », explique Alex Payette, le PDG du groupe Cercius, une société de conseil en intelligence stratégique et géopolitique. « Les tensions sont palpables y compris au sein de la bureaucratie, ce qui illustre un signe de méfiance qui pousse les autorités à mobiliser des forces à l’extérieur de Shanghai. Cette double résistance de la société civile et des cadres locaux complique davantage la tâche à Pékin qui doit mobiliser d’énormes ressources (police, santé) pour appliquer sa politique « Zéro Covid » sans toutefois réussir à contrôler la propagation du virus. » 

Selon Jean-Philippe Béja, chercheur émérite au CNRS, le fait que la résistance ait commencé à Shanghai n’est pas un hasard. « Shanghai, c’est le ciel de ceux qui ne sont pas des soutiens à 100% de Xi Jinping, qui auraient été notamment des cibles de ses campagnes contre la corruption et qui ont été éliminés. On peut donc penser qu’au fond cela ne déplaît pas tellement aux autorités de Shanghai qu’il y ait un certain nombre de résistances. On sait aussi que les cadres supérieurs de Shanghai qui étaient tous des fidèles de Jiang Zemin, le lointain prédécesseur de Xi Jinping, ne sont pas très heureux de la tournure que prennent les événements et notamment du culte de la personnalité autour de Xi Jinping. »

Toutinfo.net avec RFI