CARTE SUR TABLE:L’éducation, une question centrale
Jeudi, vendredi et samedi dernier, le Sénégal a vécu intensément au rythme de la visite du Président Emmanuel Macron et de la rencontre du Partenariat mondial sur l’éducation (Pme). Pour sa première visite au Sénégal, le Président français Emmanuel Macron, jeune, simple, accessible, a eu droit à tous les honneurs. Rien d’étonnant à cela quand on connaît le caractère inoxydable des relations qui lient nos deux pays. Jamais ces relations n’ont connu de crise. Depuis fort longtemps, le Sénégal est un pays important pour la France en Afrique. L’Hexagone compte plus de 25.000 ressortissants sur notre sol et contrôle des pans entiers de notre économie nationale. Réalisation du Train express régional(TER), protection de la Langue de Barbarie à Saint-Louis, soutien à l’enseignement, transport aérien, etc., cette relation stratégique entre les deux pays qui n’a jamais connu d’éclipse, ira crescendo. Point d’orgue de cette visite du Président français au Sénégal, son co-parrainage de la conférence du Pme. Vendredi, il a profité de sa présence à cette conférence pour multiplier la participation de son pays à ce fonds par dix et la porter à 200 millions d’euros, soit cent fois plus que celle du Sénégal. Notre pays peut s’honorer d’avoir réussi un coup mondial en réalisant pour la première fois en Afrique, une rencontre du Partenariat mondial pour l’éducation (Pme). Notre pays était de fait, ce jour-là, la capitale du monde, le centre névralgique de l’éducation. Huit chefs d’Etat en exercice, une Vice-présidente, un Premier ministre, une soixantaine de ministres, etc. Et en superstar, la chanteuse américaine Rihanna. La composition de cet aréopage témoigne assurément que le Centre international de confé- rence Abdou Diouf a abrité une rencontre historique. 2,3 milliards ont été récoltés pour 2018-20. Le Sénégal n’a pas été en reste en donnant 2 millions de dollars par le biais du Président Macky. Cette 3e rencontre pour la reconstitution du fonds pour l’éducation permettra selon Alice Albright, Directrice générale du Pme, «d’élargir son aide à 89 pays, dans lesquels vivent 870 millions d’enfants et 78 % des enfants non scolarisés dans le monde». Convaincu que l’éducation n’est pas « une charge sociale, mais un investissement sûr», le Président Macky Sall a renchéri en soutenant avec brio que «financer l’éducation, c’est allumer la lumière du savoir, du savoir-faire et du savoir être qui prépare à la vie en société, repousse les ténèbres de l’ignorance et érige la raison en rempart contre l’obscurantisme et le mépris culturel.» La part importante (plus de 25%) de l’éducation dans le budget prouve que celle-ci est une question centrale. Après une nette amélioration de la carte scolaire, le défi de l’école reste la stabilité, gage d’une école de qualité. A peine la conférence sur l’éducation a-t-elle éteint ses lampions que deux éducateurs, deux enseignants nous quittent. Hamidou Dia et Ibrahima Sow, deux grandes intelligences, deux esprits brillants, deux grands intellectuels nous ont malheureusement quittés ce week-end. Deux hommes très portés vers les choses de l’esprit, disponibles, prompts à partager leur savoir, avec panache. L’université, la culture, perdent deux philosophes, deux écrivains, des esprits de qualité. Si Hamidou a beaucoup écrit et parlé de Ndiaga Mbaye, Ibrahima a lui longuement décortiqué l’imaginaire et la divination au Sénégal. On lisait ces deux intellectuels avec beaucoup de plaisir et on les écoutait avec délectation. Puisse la terre leur être légère et le Tout Miséricordieux les accueillir au Paradis.
Mamadou Thierno TALLA