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Tests d’émissions polluantes sur des singes : Volkswagen suspend un haut responsable

Au lendemain des révélations sur les tests d’émissions polluantes pratiqués sur des singes aux États-Unis, le constructeur allemand a annoncé mardi suspendre son lobbyiste en chef Thomas Steg.

Il s’agit d’une décision temporaire, le temps de mener l’enquête. La direction du constructeur allemand Volkswagen a annoncé, mardi 30 janvier, suspendre son lobbyiste en chef pour le rôle qu’il a lui-même admis avoir joué dans l’organisation des tests d’émissions polluantes sur des singes.

« Thomas Steg (…) est libéré de ses responsabilités jusqu’à ce que la lumière soit faite sur les évènements », a indiqué le numéro un mondial de l’automobile dans un communiqué, assurant que « les investigations (internes) avançaient à grande vitesse ».

Selon le patron de Volkswagen, Matthias Müller, cité dans le communiqué, Thomas Steg, qui avait la charge des relations publiques et institutionnelles du groupe automobile, a demandé à « assumer la responsabilité totale » de ce nouveau scandale pour le secteur stratégique de l’automobile.

Il avait d’ailleurs admis au quotidien Bild avoir été informé des essais destinés à étudier les effets de la pollution des moteurs diesel Volkswagen, truqués à l’époque pour paraître moins polluants. Mais il a affirmé avoir empêché que ces tests soient réalisés sur des humains, via l’EUGT, un organisme de recherche financé par Volkswagen, ses concurrents Daimler, BMW et l’équipementier Bosch.

« Les chercheurs américains voulaient faire leurs tests sur des volontaires humains », a-t-il expliqué, « j’ai répondu alors que je ne pouvais autoriser cela » et il a été décidé « de mener l’étude sur des singes. Avec le recul, cette étude n’aurait jamais dû avoir lieu, qu’il s’agisse d’hommes ou de singes. Ce qui s’est passé n’aurait jamais dû arriver, je le regrette vraiment », a encore souligné Thomas Steg, qui fut dans le passé porte-parole du chancelier social-démocrate Gerhard Schröder.

Les humains n’ont « pas eu de dommages »

Quant à l’étude scientifique menée par un institut hospitalier à Aix-la-Chapelle et pour laquelle 25 personnes en bonne santé ont inhalé en 2013 et 2014 du dioxyde d’azote (NO2), Thomas Steg a voulu en justifier la logique, en assurant que les volontaires avaient été exposés à des « niveaux bien plus faibles que ceux constatés sur de nombreux lieux de travail ». Aucune de ces personnes « n’a eu de dommages ». Volkswagen n’a pas mentionné ces essais-là, réalisés aussi sous l’égide de l’EUGT, dans sa décision de suspendre son lobbyiste.

Fin 2015, le groupe Volkswagen avait reconnu avoir équipé 11 millions de ses voitures diesel d’un logiciel faussant le résultat des tests antipollution et dissimulant des émissions d’oxyde d’azote dépassant jusqu’à 40 fois les normes autorisées.

Un peu plus tôt, la Commission européenne s’est dite « choquée » par ces révélations. « Je pense que c’est aux autorités nationales de traiter le sujet » et ce type de sujet « requiert une action urgente des autorités nationales », a précisé le porte-parole de l’exécutif européen.

La commissaire européenne à l’Industrie Elzbieta Bienkowska a également estimé sur Twitter que ces tests étaient « immoraux et inacceptables pour une entreprise européenne au XXIe siècle ».

Avec AFP