ÉVÉNEMENTS DE MARS : Un an après la mort de 14 manifestants, les familles réclament justice
Ce 3 mars 2022 marque le premier anniversaire des manifestations spontanées dans plusieurs villes du Sénégal en réaction à l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko. Un an après «le besoin de vérité et de justice reste urgent pour les familles des 14 personnes tuées dont 12 à la suite de tirs par balles par les forces de défense et de sécurité », selon Amnesty. «Il n’y a plus de temps à perdre. La justice doit faire son travail en toute indépendance et rapidement pour établir les faits et les responsabilités et juger les éléments des forces de défense et de sécurité qui se sont rendus coupables d’utilisation excessive de la force et d’homicides illégaux », a déclaré Seydi Gassama, directeur de la section Amnesty international au Sénégal. »Lors des manifestations, souvent violentes, qui se sont déroulées du 3 au 8 mars 2021, quatorze (14) personnes ont été tuées dans les villes de Dakar, Bignona et à Diaobé.
Parmi ces victimes, douze (12) ont été tués par balles par les forces de défense et de sécurité, dont certaines, au dos et au cou, dont trois (3) enfants âgés de 12, 16 et 17 ans. Deux de ces enfants ont été tués alors qu’ils ne se trouvaient pas aux manifestations, mais étaient à leur domicile ou sur leur lieu de travail. Près de 590 manifestants ont également été blessés au cours de ces 5 jours de manifestations dans plusieurs villes du pays », renseigne Amnesty.Le gouvernement avait annoncé en avril 2021, lors d’une conférence de presse, l’ouverture d’une commission d’enquête pour établir les circonstances de ces incidents et sanctionner le cas échéant les responsables.
«Mais aucune information n’a été donnée sur la mise en place de cette commission d’enquête et au mois de décembre 2021, le Président de la République Macky Sall a annoncé qu’elle n’était plus à l’ordre du jour, et qu’une procédure judiciaire avec des enquêtes sur ces incidents était en cours », peste Amnesty.« Les autorités sénégalaises doivent être transparentes sur l’évolution de l’enquête en cours, faire suite aux plaintes déposées par certaines familles de victimes et permettre aux victimes et familles de participer au processus judiciaire. L’impunité doit cesser pour l’usage excessif de la force au Sénégal, y compris l’usage illégal d’armes à feu », a souligné Sadikh Niass, secrétaire général de la Raddho.Parmi les victimes, Cheikh Wade un tailleur de 32 ans, a été tué par balle aux Parcelles assainies, un quartier de Dakar, par les forces de l’ordre.
La vidéo de sa mort a largement fait le tour des réseaux sociaux et des médias au Sénégal et dans le monde. Sur la vidéo authentifiée par Amnesty International, « on peut voir un agent de police viser et tirer sur Cheikh Wade. Une voiture de police vient ensuite au niveau du corps puis le dépasse, sans lui porter secours. La famille de Cheikh a porté plainte devant la Cour d’appel de Dakar et le dossier n’a, à ce jour, connu aucune suite. Sa famille attend toujours que justice soit rendue », renseigne l’organisation. « Tout ce que nous voulons ce sont des réponses sur la cause de la mort de mon frère. Nous voulons que justice soit faite pour lui et les autres victimes, et connaitre les raisons pour lesquelles la police lui a tiré dessus », a précisé Abdoulaye Wade, frère de Cheikh Wade.Cheikh Massiré Coly, dont le fils Cheikh Coly (20 ans) a été la première personne tuée lors de ces manifestations, le 3 mars 2021, dans la ville de Bignona (région de Ziguinchor) abonde dans le même sens : « La brigade de recherches de la gendarmerie est venue chez moi après la mort de mon fils ; ils m’ont entendu en mars 2021 et depuis lors il n’y a pas eu de suite. Les autorités politiques nous ont fait venir à Dakar en mai 2021 pour parler de ces incidents avec d’autres familles de victimes, mais tout ce que je veux c’est la justice pour la mort de mon fils. Rien de plus. »
Toutinfo.net avec Libé