BATAILLE POUR LE CONTRÔL DE THIES:ces pièges qui guettent la coalition Benno Bokk Yaakaar
Thiès constitue un enjeu majeur pour les différentes chapelles politiques, en direction des prochaines échéances électorales, notamment la présidentielle de 2019. en effet, les premiers signes annonciateurs, qui ont emporté les régimes de abdou diouf et de me abdoulaye Wade, ont été perçus dans la capitale du rail et aujourd’hui, force est de constater qu’il y a également des pièges qui guettent la coalition Benno Bokk Yaakaar.
Lors des dernières élections, il est indéniable que la coalition Benno Bokk Yaakaar a fait des progrès importants dans la ville de Thiès, en terme de performances électorales. Mais le maintien de ce cap, en direction des prochaines échéances électorales reste problématique et des pièges guettent la majorité présidentielle comme le manque d’animation, le manque d’organisation autour d’une feuille de route établie de façon participative. En effet, sur le plan politique, la ville de Thiès a toujours posé d’énormes problèmes aux différents régimes qui se sont succédé à la tête du Sénégal. Avec le régime du président Abdou Diouf, la mémoire collective se rappelle encore les évènements de février 1988, lors de la campagne électorale pour l’élection présidentielle de la même année. A l’époque, Thiès avait pris fait et cause pour le candidat du Sopi en perturbant violemment la manifestation présidée par le candidat Abdou Diouf sur la promenade des Thiessois, transformée pour la circonstance en véritable champ de bataille. C’est depuis ce lieu mythique de Thiès que Diouf avait, d’ailleurs, dans un excès de colère, prononcé ces mots restés célèbres de : « Jeunesse malsaine ». Abdou Diouf a été déclaré vainqueur de l’élection, mais la contestation des résultats a fait que le pouvoir était presque dans la rue et dans ce cadre, Thiès a également joué un grand rôle. Lors de sa visite à l’occasion de la campagne électorale pour la présidentielle de 2.000, le même scénario s’était reproduit et le meeting des socialistes s’était déroulé sur fond de crépitement des grenades lacrymogènes. Arrivé au pouvoir en 2000, Me Abdoulaye Wade a pu cristalliser toutes les forces politiques de la Cité du rail, autour de son pouvoir. C’est parce que justement, il y avait à ses côtés Idrissa Seck, numéro 2 du Parti démocratique sénégalais (PDS) et homme fort de Thiès, qui par ailleurs, détenait des pouvoirs importants au niveau national. Mais des divergences politiques ont surgi en 2004, ce qui poussa Me Abdoulaye Wade à annuler les festivités de l’indépendance à Thiès. Cette décision a engendré les premières manifestations violentes à Thiès, contre le pouvoir de Me Abdoulaye Wade. Il s’en est suivi la défenestration d’Idrissa Seck de son poste de Premier ministre, puis de son exclusion du PDS. C’est à partir de ce moment que les Thiessois dans leur écrasante majorité, ont dépoussiéré les manteaux d’opposition, pour faire face au régime libéral. Et durant cette période de vives tensions, même les ministres n’osaient plus présider des manifestations publiques à Thiès, de peur d’être humiliés. En tout cas tous ceux qui l’ont tenté, se sont rendus compte de la réalité à leurs dépens. A la présidentielle de 2007, les Thiessois ont montré leur savoir-faire politique en donnant une raclée électorale au candidat du Sopi dans tous les centres de vote et contribuant à hisser Idrissa Seck à la deuxième place derrière Me Abdoulaye Wade, après la proclamation des résultats.
BBY a des atouts, mais elle est guettée par les piéges qui ont emporte Le sopi
Le pouvoir libéral a reçu le même revers au premier tour en 2012, avant que les électeurs ne se liguent au second tour pour porter le président Macky Sall au pouvoir. Mais cette réconciliation avec le pouvoir central ne sera que de très courte durée car Idrissa Seck a encore très tôt pris le chemin de l’opposition radicale. Les résultats électoraux montrent avec pertinence qu’Idrissa Seck n’a pas été suivi dans son opposition au régime de Macky Sall comme il l’a été dans son combat politique contre celui de Me Abdoulaye Wade. Ce qui atteste que Benno Bokk Yaakaar a de véritables atouts pour inverser cette tendance. D’ailleurs un signal fort en a été donné lors des dernières élections législatives. Sous la conduite de Siré Dia tête de liste départementale et par ailleurs Directeur Général du Groupe la Poste, BBY a réduit fortement les écarts dans la ville, qui est le ventre mou de la coalition, le reste du département ayant été largement gagné. Le leadership de Siré Dia a permis à BBY de gagner plusieurs centres de vote comme l’Ecole Iba Caty Bâ, Ballabey, etc., ce qui était inimaginable avant. Mais le piège de la désunion et de la léthargie pèse sur la majorité présidentielle, qui n’a pas mis en œuvre une stratégie partagée par tous les leaders. L’intensité et la portée des initiatives entreprises jusqu’ici, sont réduites par la passivité des arcanes classiques de l’APR, alors que les partis alliés bougent presque en spectateurs. Cette situation est surtout engendrée par le fait que l’APR, locomotive de Bby, est comme une armée mexicaine à Thiès, la direction du parti n’ayant pas encore pris ses responsabilités pour désigner un coordonnateur, en lieu et place de Thierno Alassane Sall. En tout cas la menace Idrissa Seck et le Rewmi est plus que jamais présente et même corsée avec le cas Thierno Alassane Sall, qui a rompu récemment les amarres avec sa désormais exfamille politique républicaine. Il sera sans doute un des adversaires les plus farouches de Macky Sall, en 2019.