CHRONIQUE DE MAME GOR NGOM : Mœurs sénégalaises…
Noël a été célébré avec enthousiasme par des fidèles chrétiens à l’élégance réelle. Cette fête qui marque la nativité est aussi celle des Sénégalais de confession musulmane qui démontrent ainsi leur solidarité à l’endroit des catholiques. Cela se passe toujours ainsi. Un bel exemple de compréhension et de respect mutuel interreligieux souvent quelque peu entaché par des maladresses heureusement vite dépassées. La célébration de la naissance du Prophète (Psl) a été aussi vécue dans la même grande spiritualité au Sénégal. La ferveur dans les différents foyers religieux est une illustration éloquente de l’engouement des Sénégalais pour leurs religions. Celles-ci constituent notre ciment. Dans la diversité, nous sommes unis chacun respectant le choix confessionnel de l’autre malgré les vannes et autres incohérences qui peuvent faire peur. Des convergences salutaires face à des divergences qui se multiplient de plus en plus dans une société complexe. Nous ne sommes d’accord que sur nos désaccords. Enfin, presque ! La question de l’homosexualité encore soulevée par une association qui prétend « and Samm jikko yi », veiller ensemble aux bonnes mœurs, divise surtout des hommes politiques qui ont la particularité de s’armer toujours d’opportunisme. A l’Assemblée nationale, des députés de l’opposition portent avec enthousiasme une proposition pour la criminalisation de l’homosexualité. Ils épousent dans leur intégralité les arguments des initiateurs de cette lutte contre le « calendrier Lgbt » et s’engagent à aller jusqu’au bout. Si le groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar prend le contre-pied de ses collègues de l’opposition, c’est d’abord parce qu’il ne veut pas que ses adversaires bénéficient des éventuelles retombées de la réussite de leur action. Ensuite, ils ne trouvent pas nécessaire de corser une « loi anti-homosexuelle » qu’il juge déjà correcte soupçonnant ainsi une certaine manie qui ne consiste qu’à attirer l’attention sur soi pour des desseins inavoués. Enfin, en refusant de voter cette loi, la majorité a sans nul doute ce souci de ne pas s’attirer (inutilement ?) les foudres des droits-de-l’hommistes et d’une certaine communauté internationale qui se montre parfois si menaçante face à des États frileux. C’est en cela que cette démarche pour la criminalisation de cette tare, peut être délicate pour le camp du pouvoir qui peut être qualifié de « pro gay » par les plus simplistes. Un débat loin d’être linéaire car s’il est clair que l’homosexualité est jugée, à juste titre, abjecte par une société qui tient manifestement à ses principes de base, la manière de sanctionner les « fautifs » fait débat. La criminalisation est une voie radicale. Elle est coercitive et peut être décourageante mais son efficacité peut être mise en doute. On cite le plus souvent la « loi Latif Gueye » du 30 novembre 2007, initiée par l’Ong Jamra qui criminalise le délit de trafic de drogue ! On s’interroge sur son utilité car constatant que les choses n’ont vraiment pas bougé. On constate que ce sont de pauvres jeunes, des narcodépendants qui sont mis en prison et « oubliés ». Ils ne sont que les victimes d’un puissant système, d’une puissante organisation dirigée par des barons, des milliardaires sans foi de la drogue qui parviennent à écouler leurs sales marchandises en se jouant de nos faibles Etats, en usant de la corruption pour atteindre leurs objectifs, en infiltrant surtout des cercles de pouvoir influents dans la marche du pays et qui peuvent contourner facilement les lois qui doivent s’appliquer à tous de la même manière.
Inutile de rappeler que les déviants sont tous des Sénégalais. Et ici, on ne pense pas à l’absurde option de la déchéance de nationalité. Il nous faut de larges concertations, de la sensibilisation, de la pédagogie, beaucoup de diplomatie pour des compromis qui protègent le pays des déperditions sociétales et de la cruauté. Il faut surtout soigner notre société qui traîne beaucoup de maladies non traitées.
C’est vraiment TER…miné ?
Il y a des questions qui méritent une bataille commune pour espérer une grande victoire. La profondeur du mal est telle que seuls une forte détermination, un engagement sans faille, sans tricherie, peuvent venir à bout des équations. Il faudrait aussi que « and samm Jikko yi » soit prêt à aller au-delà du combat pour la préservation des mœurs. Les détournements de deniers publics, la gabegie notée quotidiennement, le combat pour une école digne de notre passé, de nos réalités sont entre autres des éléments qui doivent être au cœur de leurs préoccupations. La dernière besogne si retentissante est cette histoire de vol de près de 5 milliards au Trésor public. L’affaire est grosse et grave. Elle mérite toutes les récriminations. Nos ressources financières et naturelles doivent nous permettre de préserver notre dignité si elles sont utilisées avec honnêteté et transparence. Leur dilapidation entraîne la pauvreté porte ouverte à toutes les dérives dont l’homosexualité et ses corollaires. L’heure est au TER, Train Express Régional. On chante beaucoup les vertus du Ter, les prouesses de nos dirigeants. D’autres s’insurgent contre son coût, ses coûts faramineux. Son inopportunité dans un contexte marqué par des priorités multiples dans bien des domaines vitaux. Mais, disons que le coup est déjà parti. Le TER est notre TER. Malgré tout. On lui souhaite longue vie. Bonne re…inauguration. Tout en espérant que cette fois-ci, c’est vraiment TER…miné ! Le mot si recherché est du sérieux quotidien national « Le Soleil » au lendemain de l’inauguration du TER. C’était avant la présidentielle de 2019.
L’info