DEFICIT PRESUME DE PLUS DE 800 MILLIONS A PETROSEN TS : La « chute » si attendue de Manar Sall
Le déficit de plus de 800 millions que trainerait Petrosen Trading Services pour son exercice 2020 et révélé par Africaintelligence, continue d’alimenter les discussions dans le secteur. Et plusieurs de nos interlocuteurs pointent du doigt les « ambitions démesurées et la boulimie » de Manar Sall, qui veut « en un claquement de doigt », contrôler tout le secteur. Ce qui l’aurait poussé à se lancer dans le débauchage de hauts cadres du secteur avec des salaires mirobolants.
Manar Sall, patron de Petrosen Tradind services a lancé en grande pompe, la première station services de sa structure. Mais le «buzz» de cet évènement a été vite éteint par un autre, celui du déficit qu’accuserait l’entreprise. Selon le site Africintelligence, ce déficit culmine à 885 millions. Un montant qui, selon le rapport du commissaire aux comptes, serait supérieur aux capitaux propres de l’entreprise, créée en 2019, mettant ainsi en jeu sa viabilité. Une révélation qui ne surprend guère dans le secteur. D’après une source bien au fait de ce qui se trame, c’est ce déficit-là, qui serait en grande partie la source du différend qui avait conduit Manar Sall à en venir aux mains avec Mamadou Fall Kane du Cos Petrogaz, lors du Conseil d’administration de la société en mai dernier. Ce dernier lui reprochait son « management qui avait conduit la société dans cette voie dangereuse » pour une entreprise qui venait à peine de naître. Aujourd’hui, avec cette affaire de déficit, les langues commencent à se délier, notamment dans le secteur des hydrocarbures. «Ça ne nous surprend guère qu’il soit dans cette situation. Il a voulu danser plus vite que la musique. C’était prévisible. Avec sa manière de faire, on s’attendait à ce qu’il se retrouve dans cette situation. Il était venu pour nous massacrer et instaurer un monopole», martèle notre interlocuteur. Qui poursuit : «Gérer une entreprise dans le secteur du pétrole, obéit à des normes et des réalités. Démarrer une entreprise et se mettre entre autres, à prendre tout le temps l’avion et à débaucher des gens, en leur proposant des salaires exorbitants, ça ne peut donner que ce résultat. Une entreprise, c’est comme une voiture, on démarre avec la vitesse indiquée, sinon on se casse le nez».
Dans le secteur du gaz, c’est à peine si on ne rit pas sous cap. Un responsable dans une multinationale bien implantée au Sénégal nous a confié quelques mots. «Il voulait récupérer nos quotas d’importation et exercer un monopole. Imaginez si son projet avait abouti. Avec ses résultats là, c’est sûr, qu’on allait se retrouver avec des problèmes d’approvisionnement et retourner à la période sombre des pénuries de gaz», souligne-t-il.
A noter qu’après la mise en place de Petrosen Trading services, Manar Sall prévoyait, dans une période de deux ans, contrôler toute l’importation du gaz, dont une bonne partie a été confiée depuis des années aux grandes entreprises du secteur. Dès la première année, sur les 180 000 tonnes à importer, il s’est adjugé 44 tonnes, en attendant de pouvoir récupérer l’année suivant, les 72 000 tonnes dédiées aux producteurs dont 44 000 tonnes pour les deux sociétés nationales et 36 000 tonnes pour les trois multinationales.
Or, cette politique de quotas garantit la stabilité du secteur. Cela du fait que les principaux producteurs de gaz, en ayant la possibilité d’importer du gaz peuvent constituer des réserves à utiliser, au cas où la Sar (qui couvre en réalité les importations de Itoc de Baba Diao) aurait des retards ou des interruptions dans ses importations. Si ce système de quotas disparait, et que Petrosen Ts exerce un monopole, comme c’était le cas auparavant avec Itoc, les mêmes causes risquent de produire les mêmes effets : des problèmes d’approvisionnement et leur corolaire : les pénuries des gaz.
L’info