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Chronique de Mame Gor Ngom : Ici, on joue avec le feu…

En  l’espace de moins d’un  mois, une série de violences est notée à  Ziguinchor. Ousmane Sonko et Doudou Ka sont les principaux protagonistes de ce match ahurissant.  Ka jouant à merveille le rôle d’attaquant. Dimanche 31 octobre n’a été que la prolongation du lundi 11 octobre 2021. Ce jour-là, dans  l’après-midi à Ziguinchor, ce sont les partisans de ce responsable de l’Alliance pour la République (Apr) qui sont accusés d’avoir attaqué le convoi de l’opposant Ousmane Sonko venu rencontrer l’Union nationale des Associations de Commerçants d’Opérateurs et Investisseurs du Sénégal (Unacois Yéssal/ Ziguinchor). Une attitude provocatrice aux yeux de certains militants de Ka qui ont clairement revendiqué cette attaque notamment sur les réseaux même si leur leader    charge Sonko.  C’est Benoît Sambou, autre responsable local  de l’Apr qui est intervenu comme pour « départager » et  donner du tort à son camarade de parti candidat malheureux à la candidature de la mairie de Ziguinchor : « Je ne suis pas d’accord avec ce qui s’est passé, quel qu’en soit l’auteur. Chacun d’entre nous doit faire l’effort d’être un bon relais pour le président de la République auprès des populations, pour leur permettre de mieux comprendre les réalisations du Président Macky Sall en Casamance et non de se donner en spectacle. L’arrogance n’a pas de place dans nos comportements. La violence doit être bannie dans nos discours et dans nos comportements», explique-t-il sur la Rfm.

 Nous sommes nombreux à analyser ces propos comme une condamnation ferme de l’attitude d’un frère de parti appelé à plus d’égard pour la patrie et surtout pour la Casamance qui a beaucoup souffert de la violence sous toutes ses formes. Le sang avait encore coulé. Des blessés graves évacués et hospitalisés. Beaucoup de spéculations, de la passion dans une localité longtemps traumatisée, dans une région martyrisée quarante ans durant à cause d’un conflit et son lot de drames, de crimes, de cynisme, de folie meurtrière. 

De la tragédie qui se poursuit avec récemment la mort de six jeunes Sénégalais de Sindian qui ont sauté sur une mine, cette arme des lâches dissimulée par des lâches. 

Avant-hier, dimanche 31 octobre 2021, les confrontations sur la route de l’aéroport de Ziguinchor, sont donc une abjecte répétition de la bêtise humaine. Hélas, c’etait bien prévisible car, aucune mesure n’a été prise pour empêcher le régne de la violence. Les forces de l’ordre bien présentes et bien au fait des premières attaques n’ont pas jugé nécessaire d’intervenir en dépit de la gravité du moment le 11 octobre dernier. Aucune interpellation, pas d’arrestation, aucune forme de sanction. Le sang, les blessés, les coups, les dégâts collatéraux n’ont manifestement pas d’importance pour la justice qui avait l’obligation de jouer sa partition et siffler fort la fin de ce désordre qui perdure. Si ceux qui sont censés rétablir les choses à l’endroit refusent de prendre leurs  responsabilités ou agissent de manière problématique, tout le monde est exposé. Nous sommes exposés aux pires situations. L’injustice ou l’absence de justice irrigue la violence mère de tous les dangers. Si ceux qui doivent être à équidistance de tous les partis de toutes les chapelles se montrent frileux et délibérément partisans, le désespoir s’installe, les règlements de compte se multiplient. Bienvenue à la jungle!

Tragi-comédie

Une vidéo virale montre Doudou Ka, du haut de sa bagnole, donner des « instructions » à  un Colonel chargé sans doute d’orienter ses hommes sur le terrain. « Je veux pas qu’ils m’escortent…là. Politiquement c’est pas bon, s’ils m’escortent comme ça ». Une imprudence d’un leader politique qualifié de « mineur » ou une volonté délibérée de montrer qu’il n’est demandeur d’un quelconque privilège ? Une constatation bien claire et déplorable : les gendarmes étaient là pour lui, le protégeaient à tel point qu’il donne l’impression d’être gêné. Ils n’étaient pas avec son adversaire.  Un tel état des choses conforte ceux qui dénoncent des considérations à double vitesse. La scène a des allures de comédie. Pourtant, elle est tellement tragique. Une  tragi-comédie.

Des femmes qui se réclament de lui crient leur ras-le-bol. Elles disent être victimes des brimades de partisans d’Ousmane Sonko. Charivari. Brouhaha. Dommages. Sombre avenir.  Dommage !  « Cette succession de phénomènes dont l’éclat et la rapidité m’écrasent, cette tragi-comédie de l’humanité qui tour à tour me ravit et m’épouvante », s’exclame Proudhon. Mais, ici, rien ne rassure.  Rien ne ravit. Tout apeure. Nous nous acheminons vers des lendemains incertains. Le feu est là. On joue avec. Au lieu de l’éteindre. Nous sommes déjà atteints. 

L’info