SUPPRESSION DU DOING BUSINESS : Mounirou Ndiaye invite la CEDEAO à bâtir ses propres indicateurs
Pas du tout surpris de la suppression de ‘’l’impertinent Doing Business’’, l’Enseignant-chercheur à l’Université Iba Der Thiam de Thiès, Mounirou Ndiaye exhorte les pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à élaborer leurs propres indicateurs économiques pour attirer les investissements directs étrangers.
De l’avis de Mounirou Ndiaye, enseignant-chercheur en sciences économiques à l’Université Iba Der Thiam de Thiès, la CEDEAO doit créer ses propres indicateurs beaucoup plus fiables que ceux développés par la Banque mondiale. En effet, le Dr Ndiaye réagissait ainsi à l’arrêt définitif de la publication par l’institution de Breton Woods, du rapport Doing Business, ce jeudi 16 septembre 2020 à la suite de nombreuses irrégularités décelées entre 2018 et 2020. Invité de Baye Omar Guéye à l’émission « Objection » sur Sud Fm hier, Dr Mounirou Ndiaye trouve ‘’impertinent’’ le prestigieux classement de la Banque mondiale pour les États souhaitant notamment attirer les investisseurs étrangers au sein de leurs économies. Selon l’économiste, le Doing Business est dégradant pour les pays africains. ‘’Le Doing business est un document d’inspiration supranationale. C’est ce qui détermine l’économie d’un pays pour attirer les investissements directs étrangers dans un cadre de politiques économiques globalisées, mondialisées. C’est un document source d’inspiration extrêmement important. Donc si la Banque mondiale fait des enquêtes, des investigations, et se rencontre que ce document est entaché d’irrégularités avec des pays qui ont dû être bénéficiaires de la triche. Parmi ces pays bénéficiaires de la tricherie, il n’y a aucun pays africain, alors que ces derniers sont toujours mal classés. Les pays qui sont cités dans la triche sont la Chine, l’Arabie Saoudite, les Émirats Arabe Unis, l’Azerbaïdjan’’, constate pour le déplorer Mounirou Ndiaye. Selon lui, le Cameroun a contesté depuis 2016 les rapports du Doing Business. Ce qui n’a pas été le cas pour le Sénégal. De l’avis de M. Ndiaye, la seule voix de contestation du Doing Business est celle de la société civile. ‘’L’alternatif que je propose aux Sénégalais, c’est d’avoir un baromètre à eux, parce que nous sommes en Afrique en train de nous organiser pour la ZLECAF et le marché sous régional de la CEDEAO. Je pense que si nous devons nous développer, ce sera à travers la coopération Sud-Sud’’, insiste-t-il. ‘’Le commerce qu’il y a entre les pays de la zone CFA est très faible. Il est de 12% du commerce international des pays de la zone UEMOA. Au niveau de la CEMAC, c’est à 2%. Donc, nous commerçons très faiblement entre nous africains. Je pense qu’aujourd’hui, la ZLECAF, la CEDEAO ce sont des cadres qu’il faudrait renforcer’’, suggère encore Mounirou Ndiaye. Pour l’économiste, il faut fermement aller vers cela et qu’en Afrique, qu’on puisse développer des connections économiques beaucoup mieux élaborées et beaucoup plus approfondies, en créant nos propres indicateurs de Doing Business.
‘’Il faut relativiser les chiffres de la pauvreté’’
Interpellé sur les chiffres de la pauvreté au Sénégal, l’enseignant à l’université Iba Der Thiam de Thiès invite les uns et les autres à tout relativiser. ‘’En 2011 qui est l’année de référence, il y avait 13,3 millions d’habitants au Sénégal. En 2019, il y avait 17,3 millions d’habitants. Calculer la pauvreté sur 13 millions d’habitants et sur 16 millions d’habitants, c’est différent. Mais ce qu’il faut savoir, c’est que c’est une pauvreté monétaire qui est mesurée. C’est-à-dire on prend le PIB en volume et on divise par la population. C’est normal qu’effectivement, le taux baisse. Alors qu’aujourd’hui, les statistiques nous disent qu’il y a 56 % de pauvres dans le monde rural et 19,8 % de pauvres en zone urbaine. Donc, tout est à relativiser’’, explique Mounirou Ndiaye. A cela, il faut ajoute l’inflation. ‘’Il y a ce qu’on appelle la pauvreté subjective. Cette pauvreté subjective a été mesurée par l’ANSD en 2016 et elle disait que 56 % (45 % à Dakar) des Sénégalais s’estiment pauvres eux-mêmes’’, révèle encore Docteur Ndiaye.