A la Une

CRIMES DE GUERRE AU YEMEN : Les victimes saisissent la Cpi contre les autorités sénégalaises

L’envoi de soldats au Yémen dans le cadre de la coalition internationale dirigée par l’Arabie Saoudite avait soulevé une vive polémique au Sénégal en 2015. 6 ans après, la question refait surface. En effet, les victimes de la guerre et leur conseil, le cabinet Guernica37, ont décidé de poursuivre des pays de la coalition, notamment le Sénégal, la Jordanie et les Iles Maldives, qui sont membres de la Cpi, contrairement à l’Arabie Saoudite et les autres pays arabes de la coalition. Les victimes et leur conseil comptent poursuivre les autorités politiques et militaires sénégalaises et autres, par rapport à trois faits majeurs de la guerre du Yémen, qu’ils ont présenté hier devant la Cpi, avec des preuves fournies par des centaines de victimes ou proches et familles de victimes.

Si la cour pénale internationale suit la volonté des victimes de la guerre du Yémen et leur conseil qu’elle a auditionné hier, les autorités politiques et militaires du Sénégal pourraient bientôt faire l’objet de poursuites. En effet, lesdites victimes et leurs avocats ont demandé à la Cour pénale internationale, d’ouvrir une enquête sur les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité contre la coalition dirigée par l'Arabie saoudite au Yémen. Leur première requête devant le procureur de la Cpi est un ‘’appel à utiliser la juridiction sur trois États signataires de la CPI, la Jordanie, le Sénégal et les Maldives, membres de la coalition dirigée par l'Arabie saoudite, pour demander des comptes aux responsables’’, soutient le conseil des victimes, Toby Cadman, cofondateur de Guernica37. Qui explique pourquoi le Sénégal et les deux autres pays sont particulièrement visés. ‘’La Jordanie, le Sénégal et les Maldives étaient membres de la coalition dirigée par les Saoudiens au moment des attaques du bus scolaire et des funérailles. Bien que ni le Yémen ni ses principaux protagonistes, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ne soient des États parties au Statut de Rome, le traité international qui établit la juridiction de la CPI, d'autres membres de leur coalition de guerre, à savoir la Jordanie, le Sénégal et les Maldives, le sont’’.
‘’La Jordanie, le Sénégal et les Maldives étaient membres de la coalition dirigée par les Saoudiens au moment des attaques du bus scolaire et des funérailles’’
En effet, l’un des faits pour lesquels le Sénégal est visé, est l’attaque d’un bus scolaire en août 2018, qui avait fait 34 morts et des dizaines de personnes mutilées. Une attaque si dévastatrice que de nombreuses familles n'ont pu récupérer aucune partie du corps reconnaissable des enfants victimes. ‘’Au moment de l'attaque, la Coalition a affirmé qu'elle enquêterait et demanderait des comptes aux auteurs. Bien sûr, ils n'ont rien fait de tel. En tant que tribunal de dernier recours, les victimes et les familles n'ont d'autre choix que de faire appel à la Cour pénale internationale pour que justice soit rendue’’, a déclaré à l’intention de la Cpi, Almudena Bernabeu, cofondatrice de Guernica37, au nom des victimes. Le second fait est la double attaque au missile lancée en octobre 2016 contre un rassemblement funéraire qui a fait au moins 110 morts et plus de 600 blessures dont la vie a été bouleversée à jamais. Le 3ème fait concerne des actes de ‘’torture et meurtre de civils à Aden, dans le sud du Yémen, par des mercenaires colombiens sous le commandement d'une société militaire privée américaine sous contrat avec les Emirats Arabes Unis’’. Hier, le cabinet Guernica37 a communiqué à la Cpi, les preuves relatives à ces faits et fournies par des centaines de victimes de la guerre au Yémen et par des proches et des familles des personnes décédées assassinées lors de ces trois événements, qui, selon le conseil, sont bien documentés et déjà internationalisés, puisque faisant l'objet d'une enquête par des ONG et signalés dans le monde.
‘’Poursuivre les personnalités politiques et militaires des États signataires de la CPI’’ à la Cpi, devant les juridictions universelles et en utilisant les recours collectifs aux Etats-Unis et ailleurs’’
Considérant qu’en 2017, la CPI a ouvert une enquête sur des crimes qui auraient été perpétrés par des militaires britanniques en Irak et soulignant que cela a créé un précédent selon lequel il est possible d'enquêter et de tenir pour responsables des citoyens de pays membres de la CPI pour des crimes commis dans des pays qui ne le sont pas, le cabinet conseil des victimes affirme que : ‘’La CPI peut et doit user de sa compétence claire pour enquêter sur ces crimes indéniables et avérés’’. ‘’Alors que notre campagne commence à la Cour pénale internationale, nous avons l'intention de défendre notre cause en utilisant toutes les voies légales disponibles. Ceux qui commettent les pires crimes peuvent et seront tenus pour responsables’’, martèle Toby Cadman, lors sa présentation hier devant la Cpi. Concrètement, le conseil des victimes envisage d'autres options juridiques pour poursuivre les personnalités politiques et militaires des États signataires de la CPI. Il s'agit notamment de l'émission de mandats d'arrêt de juridiction universelle et du lancement d'un recours collectif aux États-Unis d'Amérique, au Royaume-Uni et dans d'autres pays et juridictions du monde entier. 
L'info