PROBLEMATIQUE DU 3ÈME MANDAT : Les vérités d’Amadou Lamine Sall à Macky, à l’opposition et au Conseil constitutionnel
Le débat sur un éventuel 3ème mandat du Président Macky Sall ne laisse pas indifférent Amadou Lamine Sall. Dans une longue réflexion intitulée ‘’Brassard blanc et problématique du 3ème mandat au Sénégal’’, il rappelle entre autres, la responsabilité centrale du Conseil constitutionnel qui doit dire si oui ou non Macky Sall peut se présenter à un nouveau mandat. Une décision qui, dit-il, posera deux choix, selon les forces en présence : accepter d’aller aux urnes avec le Président sortant et lui imposer le vote citoyen pour le battre, ou rejeter sa candidature et prendre la voie de la confrontation. Il a aussi abordé les rapports entre pouvoir et opposition, dont l’adversité, note-il, est ‘’le premier principe de la démocratie’’.
Le débat sur le 3ème mandat du président Macky Sall fait rage depuis des mois et chacun y va de son appréciation. Le poète Amadou Lamine Sall, lui, appelle les parties à ne perdre de vue que malgré l’intensité des débats entre ceux qui sont pour et ceux qui sont contre, leurs positions ne pourront jamais prévaloir, car il y a un seul arbitre qui devra trancher : le Conseil constitutionnel. ‘’Mais on sait qui donne le droit d’y aller et ce n’est pas le Président lui-même. C’est important à noter. Il ne peut décider pour lui que si le Conseil Constitutionnel lui en donne le droit. A défaut, il ne peut que capituler, abdiquer. Partir’’, déclare-t-il. Insistant sur le fait que c’est le Conseil constitutionnel qui décide, le premier, en toute responsabilité, si le Président a droit d’aller ou non à la cueillette du suffrage universel, il précise aussi que ‘’l’arrêt et l’arbitrage du Conseil constitutionnel, quels qu’ils soient pour les deux camps, pouvoir comme opposition, est sans recours. Et que si le Président est débouté et inéligible, la messe est dite. Point final. Si le Président est éligible, la messe est dite. Point final’’.
‘’Aller aux urnes avec le Président sortant et imposer le vote citoyen ou rejeter la candidature et entrer en dissidence en s’opposant par la voie de la confrontation’’
Se demandant si refuser cet arbitrage, serait-ce une rébellion ou un droit, le poète trouve qu’en cas de validation de la candidature de Macky Sall, il faudra faire un choix. ‘’Deux choix se feront face : aller aux urnes avec le Président sortant et imposer le vote citoyen ou rejeter la candidature du Président validée par le Conseil constitutionnel et entrer en dissidence en s’opposant par la voie de la confrontation’’, dit-il. Non sans avertir qu’en cas de confrontation, ‘’nul, alors, n’en connaitrait l’issue’’. Et c’est là qu’il insiste sur la responsabilité du Conseil constitutionnel dont la décision pourra calmer ou embraser le pays. ‘’N’oublions jamais que celui qui arbitre en premier, ce n’est ni le Président, ni l’opposition, ni le peuple, mais les juges du Conseil constitutionnel qui valident, seuls, les candidatures, selon leur libre arbitre. Après leur décision, ou suivra la sérénité des urnes ou la révolte, le refus, la rue. La suite des événements deviendrait alors imprévisible’’, explique-t-il. Et d’ajouter que ‘’nul ne pourrait mesurer le poids de la responsabilité et du Conseil constitutionnel, et du président de la République, et de l’opposition, et des citoyens’’.
‘’Le Président, tout en ayant déjà affirmé par le passé, qu’il ne briguerait pas un 3ème mandat, a refusé de revenir sur le débat pour confirmer ou infirmer son engagement’’
Mais pour lui, en dehors du Conseil constitutionnel, ‘’la prise de responsabilité du Président, à la fois gardien de la Constitution jusqu’aux résultats finaux des votes, candidat lui-même ou non candidat, resterait décisive’’. ‘’Le Président, dans le contexte actuel, sous son entière responsabilité politique, éthique, morale, devant son peuple et devant l’histoire, peut décider de se représenter si la loi prête à diverses interprétations et installe le flou. C’est son droit d’aller à la cueillette du suffrage universel si la loi l’y autorise’’. Et de rappeler que Macky Sall avait lui-même tranché le débat, avant d’adopter une autre posture. ‘’Le Président, tout en ayant déjà affirmé par le passé, qu’il ne briguerait pas un 3ème mandat, a refusé de revenir sur le débat pour confirmer ou infirmer son engagement’’, note-t-il. Non sans revenir sur les raisons données par le chef de l’Etat pour justifier sa posture actuelle de «ni ou, ni non» sur la question ; à savoir en gros que ce n’est pas le moment et que prendre position pourrait distraire son gouvernement et ses collaborateurs de leur travail au service du peuple, car préoccupés par sa succession ou autre.
‘’La peur comme la polémique d’un 3ème mandat ont été causées par la rédaction de certains articles de la Constitution qui prêteraient à confusion…’’
En outre, Amadou lamine Sall rappelle que si la problématique du 3ème mandat est déjà posée, c’est que le débat a été soulevé par l’opposition qui soupçonne le Président de vouloir se porter candidat à un 3ème mandat auquel il n’a pas droit’’. Et de souligner que l’opposition, après avoir posé le débat, est gênée par la réponse du Président, qui a choisi de ne plus revenir sur le débat. ‘’Le débat a-t-il lieu d’être ou non, aujourd’hui, avant 2024, date de l’élection présidentielle ? A chacun ses arguments, son camp !’’, soutient-il. Par contre, ce dont il est sûr, c’est que ‘’la peur comme la polémique d’un 3ème mandat ont été causées par la rédaction de certains articles de la Constitution qui prêteraient à confusion pour certains et qui paraissent très clairs pour d’autres’’. En définitive, Amadou Lamine Sall invite toutes les parties à assumer leurs responsabilités. ‘’Le Président est seul devant sa conscience. L’opposition est seule devant sa mission. Le Conseil constitutionnel est seul face à son arbitrage. Le peuple est seul devant ce qu’il fera de l’histoire de la démocratie sénégalaise’’, conclut-il.
‘’L’opposition s’oppose et fait face librement au pouvoir en place, que ce dernier le veuille ou non. C’est le tout premier principe de la démocratie. S’il n’est pas respecté, c’est la dérive qui arrive avant le dessert’’.
Le poète s’est aussi prononcé sur ce que doit être les rapports entre pouvoir et opposition. ‘’Le Président gouverne avec ses moyens. L’opposition s’oppose avec ses moyens’’, soutient-il. Et d’ajouter que ‘’l’opposition, celle qui est représentée par des partis ou coalitions de partis à l’Assemblée nationale, comme celle qui n’a pas pu y être représentée, s’oppose et fait face librement au pouvoir en place, que ce dernier le veuille ou non’’. Pour lui, ‘’c’est le tout premier principe de la démocratie. S’il n’est pas respecté, c’est la dérive qui arrive avant le dessert’’. En outre, même si les deux camps doivent logiquement s’opposer dans un jeu démocratique, Amadou Lamine Sall trouve cependant qu’n consensus entre pouvoir et opposition est toujours souhaitable, toujours utile. Toutefois, il reconnait que ce consensus n’est pas pas forcément nécessaire, si l’un ou l’autre, aux extrêmes, n’en veut pas pour des raisons qui lui sont propres et pour des principes auxquels il tient. Aussi, note-t-il que ‘’les extrêmes sont à éviter, car ils constituent toujours des impasses et conduisent le plus souvent à la confrontation’’. Et quand il y a confrontation, soutient le poète, ‘’les lois et règlements en vigueur arbitrent’’. Des lois qui pour lui, doivent être justes, équitables au mieux. Ce qui, à son avis, permettra de sauver la démocratie. ‘’La démocratie doit être sauve. Si elle peut l’être. Et elle doit l’être. On sait que c’est une femme changeante, caractérielle, imparfaite, difficile à cerner. Mais elle est belle, si belle. Elle veut des maris respectueux et fidèles et non des fiancés éphémères et volages’’, chante le poète et Lauréat des Grands prix de l’Académie française.
L’info