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CARAVANES TABASKI : Quand ministres et Dg fragilisent la parole du Président

Vendredi, le chef de l’Etat a appelé entre autres recommandations, à la limitation des déplacements inter-régionaux, notamment à partir de Dakar. Au même moment, plusieurs de ses ministres et Directeur généraux organisaient des caravanes tabaski pour les ressortissants de leurs localités respectives. Une attitude paradoxale, qui ne peut que fragiliser la parole du chef de l’Etat aux yeux de l’opinion, déjà assez réfractaire aux restrictions qu’impose la lutte contre la propagation du coronavirus. 

1722 cas de coronavirus hier ! La 3ème vague de la pandémie est montée déjà très haut. Et cela, les autorités qui tardent à prendre le taureau par les cornes, en sont bien conscientes. D’où la sortie assez musclée du chef de l’Etat vendredi dernier, menaçant de mettre un tour de vis, si les populations s’entêtent dans le relâchement dans la lutte contre la pandémie. ‘’Si cette contamination doit évaluer, je prendrais toutes les mesures que nécessitera la situation, y compris un retour à l’état d’urgence, fermer les frontières, interdire les déplacements (interurbains)’’, a menacé Macky Sall. Qui a ajouté : ‘’il ne faut pas que les gens se servent de la Tabaski comme prétexte pour aller contaminer les populations qui sont dans les régions. (…). C’est un appel sérieux. Il faut que les gens puissent mesurer la gravité de la situation et respectent les recommandations qui leur ont été faites’’, a déclaré entre autres le Président Sall. Un appel qui, malgré son «sérieux», n’a visiblement pas été pris au sérieux par ses propres collaborateurs et partisans. En effet, le même jour, on a vu partout dans les réseaux sociaux, des affiches faisant la promotion de caravanes tabaski, organisées par des ministres (Mansour Faye, Antoine Diome, Assome Diatta…) et des Directeurs généraux notamment, pour transporter de Dakar essentiellement des ressortissants de leurs localités. Et en maintenant lesdites caravanes, malgré la sortie du chef de l’Etat, cela sonne comme une défiance, ou tout au moins, une indifférence de la part de ces responsables de premier plan du gouvernement et de l’Etat. Une attitude qui fragilise la crédibilité de la parole du chef de l’Etat aux yeux de l’opinion, déjà réfractaire aux restrictions que ce dernier a édictées ou recommandées. Si ces différents ministres et Directeurs généraux avaient publiquement déclaré sursoir à ces caravanes, malgré les désagréments causés aux bénéficiaires et la perte de gain politique ; ou si le Président les avait appelés à sursoir à ces initiatives, ça aurait été un signal très fort et un argument de taille pour convaincre les populations de la gravité de la situation. Mais aussi de la justesse des recommandations et mesures annoncées par le chef de l’Etat et certains de ses ministres (Transports et Intérieur). Et les populations seraient plus enclins à suivre les recommandations. Mais hélas, lesdites caravanes ont bien eu lieu, comme si elles ne comprenaient aucun risque par rapport à la propagation de la maladie. D’ailleurs, ce paradoxe a été très largement relevé dans les réseaux sociaux, suscitant l’indignation et l’incompréhension de beaucoup d’internautes. Si ce sont les propres collaborateurs du Président qui fragilisent sa parole et ses recommandations, comment voudrait-on que les populations les prennent au sérieux ? Surtout dans ce contexte de Tabaski, où chacun tient à tout prix à aller passer la fête en famille. 

L’info