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ALIOUNE NDOYE, MAIRE DAKAR-PLATEAU : «J’ai le droit avec moi sur le marché Sandaga»

Croisé à Saly lors d’un séminaire, le maire de la commune de  Dakar-Plateau, persiste et signe que la reconstruction et la gestion du marché de Sandaga incombent à sa municipalité, conformément à l’acte 3 de la décentration qui a enlevé tous les équipements marchants  à la ville pour les confié aux collectivités et aux communes de plein exercice. Mieux il précise que «la ville de Dakar ne voulait plus du marché Sandaga là où il est et avait un projet de délocalisation à Petersen et pour lequel, pas moins de 4 milliards ont été sortis des caisses de la SGBS. En sa qualité de ministre de la Pêche et de l’économie maritime, Alioune Ndoye a passé en revue l’actualité dans son département, notamment la question brulante des usines de farine de poisson, la pêche illégale et la surveillance de nos eaux. 

L’INFO : Pourquoi avoir réuni, à Saly  votre conseil municipal ? 

Alioune Ndoye: De façon régulière, il y a des séminaires de renforcement de capacité que nous faisons au profit des conseillers municipaux. C’est  prévu par  les textes. On en profite pour faire une revue de tous les projets portés actuellement par la commune pour mieux partager avec les conseillers. Certains projets ont été déjà exécutés et d’autres vont démarrer. Il y a certains de ces projets qui peuvent porter à polémique. Et c’est bon que les conseillers soient bien informés des tenants et aboutissants de ces projets-là,  pour qu’on ait la même vision. Comme deuxième élément important dans ces séminaires de renforcement de capacité, il y a  le développement de l’esprit d’équipe, parce que le travail bien fait doit être porté par une équipe. Régulièrement, nous essayons d’outiller davantage nos conseillers pour mieux prendre en charge et développer leur leadership. Nous allons aussi vers des joutes électorales. Il est toujours bon de renforcer les gens individuellement. On va vers le mois de juillet. Depuis novembre passé, on avait, un peu, fini nos orientations et on a voté le budget en décembre. C’est ce budget qu’on est en train d’exécuter. Dans 2 ou 4 mois, nous retournons à l’orientation budgétaire. Donc c’est bon de faire la situation. 

 Quels les projets phares de la mairie de Dakar-Plateau?

Un des projets  qu’il fallait expliquer aux conseillers, c’est la reconstruction du marché Sandaga. La note de service sera donnée à l’entreprise ce lundi. C’est un projet que la commune avait finalisé depuis 2018.  Et depuis lors, il y a eu des difficultés qui ont fait qu’on a perdu beaucoup de temps. Aujourd’hui, on est à la phase de finalisation. Tout est achevé dans ce marché. Après l’appel d’offres, l’attribution à une entreprise, et toute la phase DCM, immatriculation, notification et enregistrement du marché maintenant, il faut qu’on aille vers la phase d’exécution. Il ne restait que la note de service du démarrage des travaux que nous allons remettre au groupement d’entreprise ce lundi. 

La mairie de Dakar soutient que la reconstruction et la gestion du marché Sandaga est de son ressort. Est-ce que vous pouvez nous édifier?

Vous savez, je suis très méticuleux. Quand j’engage ma commune, c’est  parce que,  je sais que je peux l’engager, parce que ce sont des fonds publics. J’ai le droit avec moi. Il y a des gens qui veulent interpréter ce droit. Mais, c’est l’Acte 3 de la décentralisation qui a enlevé tout ce qui est équipement marchand à la ville  de Dakar pour le confier aux collectivités et aux communes de plein exercice. Je rappelle que, dans l’Acte 3 de la décentralisation, on reconnait deux ordres de collectivités : La commune et le département, surtout que la ville a le statut de département. 

Tous les équipements marchands de Dakar sont, aujourd’hui, reversés aux communes à l’exception du marché Sandaga. Car, au moment où on faisait les actes de dévolution, Sandaga était fermé et les occupants de Sandaga avaient déménagé au Champ de course. Donc, le préfet a tort de dire que Sandaga n’était pas, en ce moment, un équipement marchand. C’est toujours le marché Sandaga. Nous avons écrit à l’époque. On s’était plein au niveau de la commission. Depuis lors, nous étions dans cette bagarre-là, d’appréciation juridique de la chose. Cela est réglé aujourd’hui. C’est à dire que cet acte de dévolution a été modifié pour donner crédit à la loi.  Vous ne pouvez pas, sur le même principe, dire qu’au Plateau le marché Kermel va à la commune et le marché Sandaga  ne peut pas aller à la mairie. Dans la nomenclature budgétaire de la ville aujourd’hui, il  y a rien qui permet à la ville de gérer un marché. C’est la loi. Ce n’est pas un problème de personne. Demain, je peux ne pas être maire de Dakar-Plateau, mais donnons toujours du respect à la loi jusqu’à ce qu’on la change. Donc, cet acte de dévolution du patrimoine a été modifié  pour que les infrastructures qui doivent aller aux communes aillent à la commune. La ville de Dakar comme collectivité territoriale en 2021, n’est pas la même collectivité locale de 1930, 1972,  1996 etc. Ça aussi, il faut que les intellectuels qui parlent respectent un minimum de prudence. La situation aujourd’hui, c’est que Sandaga est un patrimoine dévolu à la commue de Dakar-Plateau. C’est vrai dans le droit réel, les gens vous disent, il est marqué commune de Dakar. Mais, qui est commune de Dakar aujourd’hui ? Est-ce que c’est la commune de Dakar en 1933 quand on créait le marché Sandaga avec des droits réels grevés de charges qui disent affectation : marché communal. C’est ça les droits réels. Donc, il y a un arrêté préfectoral, après le décret présidentiel qui dit : dévolution du patrimoine appartenant à la ville aux communes. Ça c’est réglé. Je pense que vraiment, on n’est pas à cette situation. Aujourd’hui, même si une autre entité construisait le marché, après elle me remet les clefs. En réalité, où est le problème, si ce n’est  que faire perdre du temps au gens. Mais la réalité, c’est que, je me battrai pour que le marché Sandaga soit maintenu. Et tous les autres qui  mènent la bataille cachée aujourd’hui, ne voulaient plus du marché Sandaga. C’est ça la réalité. Il faut que les gens assument leurs positions. La ville de Dakar ne voulait plus du marché Sandaga là où il est. Elle voulait le délocaliser à Petersen. Elle avait un projet qu’elle appelle, Rotonde pour lequel, la ville avait pris 4 milliards à la Société générale. Depuis, je me suis dis : Qu’on ne m’invite plus dans ce débat parce que je connais beaucoup de choses.  

 Quand est-ce va démarrer la reconstruction  de Sandaga?

Dès que l’ordre de service est donné, le délai de 24 mois court. L’entreprise est dans une obligation de possession du site qui a été visité. On leur a donné un peu de temps depuis le dépouillement pour faire un peu de diligence. C’est un bâtiment classé qui va être démoli pour être reconstruit à l’identique. Forcément, il y a des diligences techniques qu’il faut prendre en compte avant de démolir le bâtiment. Dès le lundi le délai court. Mais au-delà de Sandaga, il y a d’autres projets. 

Quel est votre bilan au niveau de Dakar plateau ?

Dakar-Plateau porte beaucoup de projets. Actuellement, on a un projet de logements. Ce sont des logements qui sont en train d’être construits au niveau de la Cité capverdienne. Nous voulons doter la commune d’un parc immobilier pour renforcer son patrimoine propre. C’est ce qui fait souvent défaut aux collectivités territoriales. Il y a également la réhabilitation de nos lieux de culte, l’agrandissement du centre de santé de Plateau 1, des travaux de parking aérien que nous devons lancer, mais également d’autres projets au centre-ville  où on aura toujours du commerce, mais aussi des logements, parce qu’il faut renforcer l’offre au logement autant que possible en loyers modérés. C’est ce qui fait défaut à notre jeunesse, aujourd’hui. Le Plateau  est frappé, parce qu’aujourd’hui, le jeune du Plateau qui veut vivre chez lui est souvent obligé de quitter la commune parce que les loyers sont excessivement chers. Une ville, ce sont des équilibres. Ce n’est pas uniquement du luxe ou du pauvre. C’est la commune qui doit être en mesure, aujourd’hui d’offrir une alternative.  Et nous sommes en train de le faire à travers des projets…La réhabilitation de l’hôtel communal qui a également pris de l’âge est aussi dans le circuit. Là, également l’appel d’offres a été lancé. Mais on est un peu inquiet, parce qu’on n’a pas d’offres assez compétitives. Il y a l’assainissement sur lequel, on est en train de faire pas mal de chose, surtout la voierie, avec entre autres, le pavage, la construction de voierie bitumée. L’éclairage public jusque-là est assuré par la ville de Dakar, mais, s’il  continue à avoir des défaillances comme c’est le cas actuellement, nous allons le reprendre. Il y a aussi notre programme de santé. Nous assurons une couverture médicale à plus de 80%  de la population. Ça, je ne pense pas que ça existe ailleurs au Sénégal. Pour l’emploi des jeunes et leur formation, nous avons finalisé le recrutement en CDI de 210 jeunes qui viennent de retrouver une première cohorte recrutée  en 2015 dès que l’Acte 3 de la décentralisation avait été mis en place. C’est avec l’Acte 3 de la décentralisation, qu’on a eu le droit et la possibilité de recruter en tant qu’ancien commune d’arrondissement. Avant on ne pouvait pas. On a essayé de donner un statut meilleur aux jeunes et aux employeurs qui sont avec nous. Aujourd’hui, nous avons  une cohorte de près de 500 employés dans la commune avec un statut beaucoup plus sûr qui ne dépend pas de la volonté d’un maire ou d’une équipe avec des garanties d’emploi et la possibilité de reconversion.  Parce qu’il y a la fonction publique locale qui est en train d’être mise en place. A Petersen, nous sommes en train d’installer l’équivalent de 1400 cantines pour pouvoir recaser  ceux qui occupent nos rues.  Parce que nous voulons, à très court terme, dégager nos rues. Aujourd’hui, le point noir que nous avons au Plateau, en termes de gestion, c’est le cadre de vie. Le plateau est  le réceptacle du double de sa population quotidienne. On est à 400 000 habitants, chaque jour au Plateau, on reçoit plus de 800 000 personnes. Si c’était, ailleurs, on aurait fait des CRD pour recevoir ce monde. C’est quotidiennement que nous le subissons. Imaginez que nos réseaux de voieries, nos structures de santé sont sollicités  plus que de raison. Donc tout ce que nous faisons, nous le faisons sur la base d’un budget et d’une population qui est multipliée par N dans la réalité. Ça crée, pour le Plateau, ce que j’appelle des charges de centralité qui ne sont prises en compte nulle part. C’est ça la difficulté de gérer une commune comme le Plateau. Il faut beaucoup de présence, d’ingénierie souvent pour pouvoir  contourner ces difficultés.     

 Êtes-vous candidat à votre propre succession ?

(Rire…).C’est la question pour laquelle, j’aime  moins me prononcer, parce que j’ai un principe dans la vie : Mieux  vaut être choisi que de se désigner soi-même. Au départ, nous n’étions pas connus comme gestionnaire de la collectivité locale, mais nous étions connus comme enfant de la localité. Donc, les gens pouvaient nous juger sur notre caractère, notre cursus etc. J’avais la particularité de ne pas être un politicien classique, parce que  la politique n’a jamais été mon métier. J’ai toujours vécu de mon métier dont je suis fier. Mais, la politique nous a rattrapés. On avait estimé qu’étant un produit de l’école publique,  nous ne pouvons pas, nous contenter de notre statut de cadre dans notre petit confort et ne pas apporter notre contribution. J’étais beaucoup dans l’associatif. Je me battais pour les enfants handicapés mentaux. Et beaucoup de gens quand, ils parlent de moi, ils disaient docteur, mais je ne suis pas médecin. C’est un engagement qui a été toujours là. Au-delà de la profession, on essaye d’apporter un plus, là,  où on est né, à certain moment. Ca nous interpelle. Les gens sont venus me voir dans mon bureau pour me dire que nous aimerions proposer à  nos camarades pour que vous soyez candidat à la mairie. Ça s’est passé comme ça. Aujourd’hui, je chemine avec une équipe,  des camarades, des amis depuis longtemps, s’ils pensent que je peux apporter un plus ou je peux permettre à l’équipe de gagner, je suis un  soldat.  

Avez-vous des ambitions  pour la mairie de Dakar ?

Je suis Dakarois. Je ne peux pas avoir des ambitions ailleurs. J’ai été beaucoup frustré du sort de la ville de Dakar que j’estime être un instrument important pour le développement de Dakar et qui doit rester au service du développement de Dakar.  Pour moi, la collectivité territoriale Dakar, ne doit pas être un instrument de lutte politique. Parce qu’en ce moment, c’est prendre, en otage les Dakarois et ne pas servir le mandat pour lequel, les Dakarois nous ont élus. C’est cette frustration-là dont je parle. Mais, comme je dis, je suis Dakarois fils de Dakarois.  Et Dakar c’est la capitale du Sénégal avec une histoire  et évolution. Dakar aujourd’hui, tout le monde se retrouve et se sent bien. Ça également, je l’inscris dans le cadre des populations pour lesquelles je bouge. Mais également, il faut être honnête, je suis membre d’un parti politique qui est le Parti socialiste (Ps). Je suis membre d’une coalition politique  qui est Benno Bokk Yakar. Donc, étant dans ce genre d’ensembles, on ne peut pas s’autoproclamer comme ça. Il y a des logiques de discussion. Et demain, nous serons  au service des intérêts des Dakarois, de la ville de Dakar et des instances dans lesquelles, nous sommes membres. Ce n’est pas notre personne qu’il faut mettre en avant. C’est plutôt, le rôle, les missions, les ambitions, le projet, le programme qu’il faut mettre en avant. Mieux vaut proposer au Dakarois des programmes et ils choisissent ces programmes. C’est un peu ça ma démarche. 

 Les acteurs de la pêche dénoncent les installations d’usine de farine de poisson. Que répondez-vous ? 

A mon arrivée dans ce département, j’ai été accueilli par une clameur. Quand vous dites les acteurs, j’ai envie de vous  dire lesquels. Parce qu’il y a plus de clameur dans ce secteur. C’est ça la réalité. Les choses se sont pacifiées parce que la vérité a surplombé le reste. C’est ça qui est important. Les usines de fabrication de farine de poissons, le ministre que je suis,  le gouvernement que je représente, le président qui nous a mandaté, nous ne sommes pas pour ce genre de politiques qui affectent négativement  la ressource.  Maintenant, ce sont des industries qui sont là, et des investissements qui sont là. Dieu merci ! Quand je suis arrivé,  j’ai trouvé une décision prise par le département, après de large concertation avec le secteur. Cette décision, c’était de geler toutes nouvelles installations d’usine de farine de poisson au Sénégal. Donc, je m’inscris dans  cette logique. De ce point de vue, il n y a pas de soucis. Maintenant, quand une usine est installé avec toutes ses autorisations et qu’on a  7 à  9  milliards d’investissement,  on me demande moi, comme Zoro, de venir m’asseoir sur les droits de citoyens Sénégalais, c’est impossible. Je ne peux pas le faire. 

Qu’en est-il de la surveillance de nos eaux avec,  les bateaux pirates ?

 La législation du Sénégal, de ce point de vue, est l’une des législations les plus sévères au monde. Les armateurs et autres qui se livrent à la pêche Illicite  sont arraisonnés et sont lourdement sanctionnés. Je suis d’accord, il faudrait que mon département communique davantage. Je prends  les 2 à 3  derniers mois, c’est plus d’une vingtaine de navires qui ont été arraisonnés au Sénégal. Ces navires ont été lourdement sanctionnés.  Et ils paient. La dernière fois, c’est trois bateaux qui ont été arraisonnés à Lompoul, puis sanctionnés lourdement.  Je les ai obligés à payer tous les dégâts qu’ils ont commis au niveau des pêcheurs artisanaux. On a amené tout ce qu’ils avaient déclaré à Lompoul pour le déverser aux artisans. De même qu’à Fass Boye. Donc on est sur cette politique très sévère pour lutter contre la pêche illicite. 

Au niveau de la surveillance maritime, on met un officier supérieur de la Marine au niveau de la DPSC. Beaucoup d’officiers de la marine sont dans cette direction. Ces patrouilleurs qui vous voyez, c’est le département de la pêche qui les a achetés et la mise à la disposition de la marine pour nous aider dans la surveillance des côtes. Aujourd’hui, au Sénégal, on a un système qui fait que dès que vous  rentrez dans nos eaux, vous êtes pistés. Il y a la flotte mais, il y a également les éléments français, avec une surveillance aérienne. Mais, il y a peu, le président de la République a fait un investissement d’acheter un avion de surveillance dédié, qui va accentuer la surveillance des eaux. Il m’a aussi permis d’avoir le budget, pour la remise à neuf de 6 navettes de surveillance qui avaient été parquées, parce qu’ayant des problèmes depuis 4  à 5 ans. Il fallait un budget de 5 à 6  milliards que le président de la république m’a permis d’avoir et le marché de ses navettes est attribué. Ils vont être réfectionnées à neuf avec les derniers équipements. Maintenant jusqu’à la pêche artisanale nous avons la surveillance participative. Nous avons nos stations côtières de surveillance. 

L’info