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RAPATRIEMENT DES RESERVES DE CHANGE : Vers une transformation structurelle des économies

Connu pour ses positions tranchées contre le système du F CFA, l’économiste Togolais Kako Nubukpo, estime que la réforme du FCFA est l’occasion pour la Bceao de repenser l’utilisation de ses avoirs, afin qu’ils servent à la relance économique et à la transformation structurelle des économies de l’Uemoa.

Avec la réforme du franc CFA, la Bceao n’est plus tenue de placer ses réserves à la Banque de France. Elle a désormais les coudées franches pour explorer d’autres pistes de placements plus avantageuses. Selon le président de la République française, Emmanuel Macron qui s’est exprimée sur la question en marge d’une visite à Abidjan, ‘’il n’y aura à l’avenir plus d’obligation particulière concernant le placement de ses réserves de change et la Bceao sera libre de placer ses avoirs dans les actifs de son choix’’. A la suite du président français, le 8 novembre 2020, dans un entretien avec France 24 et Rfi, le président togolais Patrice Talon avait vendu la mèche, en révélant que «le retrait des réserves de change du franc CFA» se fera «très rapidement». Et que la Bceao allait « gérer la totalité des réserves de devises et va les répartir auprès des diverses banques centrales partenaires dans le monde », pour en tirer le maximum de profit. Aujourd’hui l’histoire lui donne raison, avec le rapatriement de 5 milliards d’euros en cours. 

Utiliser les réserves de change pour la relance économique et la transformation structurelle des économies

En réalité, cette obligation de garder une partie de ses réserves de changes dans la banque de France, était perçu comme une perpétuation de la domination française et était au centre du combat des détracteurs du F Cfa. Depuis 72 ans, 50 % des réserves de change du franc CFA sont déposées auprès du Trésor français sur un compte rémunéré dont les intérêts obligataires sont reversés tous les ans aux pays africains. Selon l’économiste togolais Kako Nubukpo, qui est l’un des fervents adversaires du système Franc CFA, voyait déjà en la réforme une sorte de libération. « Cette décision pourrait inciter les États de la zone franc à renouveler les modalités de placement de leurs réserves de change et de gestion de la trésorerie des banques centrales», commentait-il après l’annonce du président français. Pour lui, cela devrait pousser les pays africains concernés, à «imaginer un régime de change moins rigide que celui qui existe actuellement, à savoir la parité fixe entre le franc CFA et l’euro». La parité fixe qui est toujours maintenue malgré la réforme. Et les dirigeants de la zone sont du même avis, si l’on en croit le président togolais. «Nous sommes tous d’accord là-dessus, à l’unanimité, pour mettre fin à ce modèle», soutenait-il. Mais pour son compatriote économiste Kako Nubukpo, au-delà de leur rapatriement, un véritable débat doit être ouvert sur «le rôle des réserves de change dans la transformation structurelle des économies de la zone Franc». Il reste convaincu qu’en ce contexte de crise sanitaire et de recul économique, les états doivent aller vers «une utilisation active des réserves de change pour relancer l’économie».

L’info