AUTONOMIE CORPORELLE DES FEMMES : Le Sénégal épinglé par les Nations-Unies
Le rapport annuel « Mon corps et le mien » de l’Onu épingle le Sénégal. Notre pays est cité parmi les 57 pays où les droits des femmes à disposer librement de leur corps sont les plus bafoués. Pire, le Sénégal est cité avec le Mali et le Niger, comme les trois pays où moins de 10% des femmes prennent des décisions autonomes.
Les Nations Unies ont publié hier son rapport annuel sur l’autonomie corporelle des femmes, en particulier, leur capacité à décider pour leur propre corps, sans crainte de violences ou sans subir une décision d’une tierce personne. Et les conclusions du rapport sont alarmantes.
En effet dans les 57 pays concernés, et qui se trouvent tous en Afrique, (en Afrique Subsaharienne surtout), en Asie du Sud-est et en Amérique centrale, près d’une femme sur deux est privée des libertés liées à son corps : relations sexuelles, recours à la contraception, recherche de soins de santé. « Des centaines de millions de femmes et de filles n’ont pas de liberté sur leur propre corps. Leur vie est gouvernée par les autres », déplore la Directrice du Fnuap, Natalia Kanem qui crie au scandale. Selon le rapport dénommé « Mon corps est le mien » et produit par le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), les atteintes aux droits des femmes fréquemment constatées dans ces pays sont : le viol, la stérilisation forcée, les mutilations génitales, l’imposition de tests de virginité.
Le Sénégal parmi les 3 pays où moins de 10% des femmes a une autonomie de décision
Les experts qui se sont penchés particulièrement sur l’interdiction faite aux femmes de décider pour leur propre corps, sans crainte de violences ou d’une décision d’une autre personne concernant leur intégrité physique, ont épinglé le Sénégal, le Mali et le Niger. Dans ces pays, indique le rapport, le nombre de femmes âgées de 15 à 49 ans qui prennent leurs propres décisions en matière de santé, de contraception et de relations sexuelles avec leur mari ou partenaireest le plus bas. « En Afrique subsaharienne, par exemple, où environ 50% des femmes prennent des décisions autonomes, il y a trois pays, le Mali, le Niger et le Sénégal, où moins de 10% le font », soutient le rapport. Et l’Onu de regretter le fait que « ce manque d’autonomie corporelle a des implications massives au-delà des préjudices profonds pour les femmes et les filles ». En effet, cela entraine non seulement, « une baisse potentielle de la productivité économique », mais aussi, « une diminution des compétences » et pire, des « coûts supplémentaires » pour les systèmes de santé et judiciaires », du fait des atteintes physiques et morales, mais aussi des contentieux judiciaires. Soulignant que seules 56 % des 57 pays concernés par l’étude, ont des lois et des politiques sur l’éducation sexuelle complète, la patronne du Fnuap. «Que près de la moitié des femmes ne puissent toujours pas prendre leurs propres décisions quant à l’opportunité d’avoir des relations sexuelles, d’utiliser la contraception ou de se faire soigner, devrait tous nous scandaliser», clame-t-elle.
Mame Ndella FAYE