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QUELQUES FAUTES FRÉQUENTES DANS LES MÉDIAS

Contrairement à ce que certains prétendent, les journalistes ne sont pas les seuls à massacrer la langue de Molière. Qu’ils en donnent pourtant l’impression relève du fait qu’ils parlent et écrivent plus que les autres. Ils sont plus présents dans les médias, donc plus exposés. Mais parmi les professionnels des autres branches issues de l’école française : médecins, avocats, magistrats, enseignants (eh oui !), etc., beaucoup sont en reste quant au respect des règles du bon usage de ce qui demeure notre langue officielle.
Mais là, c’est un autre débat. Pour l’heure, je voudrais juste partager brièvement quelques remarques de mon cru relativement à l’usage abusif, ou fautif, de certains termes et expressions. Les voici (et non les voilà). Adversité : Généralement au singulier avec l’article défini, le mot est défini ainsi qu’il suit : « Sort contraire, circonstances malheureuses (deuil, revers de fortune, etc.) s’imposant comme une épreuve à subir ou à surmonter ». Donc il est tout à fait incorrect de l’utiliser comme on le fait de plus en plus dans notre pays, y compris de la part de grands intellectuels. On ne doit pas dire « adversité politique », mais peut-être rivalité politique, antagonisme, compétition, bataille, concurrence, voire inimitié… Déguerpir : De nos jours, ce verbe est surtout employé dans sa forme intransitive et veut
dire : « Abandonner un lieu en se sauvant (souvent par crainte) ». On lit souvent : « Les habitants ont été déguerpis ». Il serait plus simple et moins fautif de dire : « les habitants ont été chassés, ont quitté les lieux, sont partis, se sont enfuis, ont plié bagage, etc. » Ou alors « ils ont déguerpi » car « la zone va être lotie » (et non « lotissée »). A bord : Cette locution s’utilise surtout pour une embarcation. Les deux côtés d’un navire sont tribord pour la droite et bâbord pour la gauche. Voilà sans doute pourquoi je n’ai rien compris lorsqu’on m’a dit (ou quand j’ai lu) que les deux hommes qui ont tiré sur Abdou
Elinkine Diatta sont venus « à bord d’une moto ». Il aurait mieux valu dire qu’ils sont
arrivés à moto, qu’ils circulaient à moto, qu’ils se déplaçaient à moto (et l’on se gardera de dire « en moto »).
Calendrier républicain. Le calendrier républicain (ou calendrier révolutionnaire français) a été créé pendant la Révolution française et utilisé entre 1792 et 1806, mais aussi brièvement durant la Commune de Paris. Il entre en vigueur le jour de proclamation de la République, déclaré premier jour de l’« ère des Français ». Il est fréquent d’entendre nos responsables politiques, lorsque des consultations populaires sont en vue, « exiger le
respect du calendrier républicain », alors qu’ils auraient mieux fait de réclamer le respect du calendrier électoral tout simplement. C’est loin d’être exhaustif, mais une fréquentation régulière des journaux (parlés, écrits et télévisés) et des talk-shows ou une lecture attentive des interventions qui pullulent dans les médias nous permettent de noter d’innombrables entorses, y compris les fautes de grammaire qui existent à foison mais dont j’ai choisi de ne pas parler dans ce petit texte que j’ai rédigé tout à l’heure sous l’amicale instigation de Thierno.

( Par Mamadou AMAT, journaliste )