REPARTITION DES SERVICES DE L’ETAT: Les incongruités d’un décret
Moins d’une semaine après leur nomination, les membres du Gouvernement sont désormais édifiés sur les prérogatives qui leur sont dévolues au niveau de leurs différents ministères. Mais à la lecture du décret portant répartition des services de l’Etat qui fourmille d’incongruités, certains ministres pourraient être gagnés par un énorme sentiment de frustration et de regret. La baraka est du côté de Mansour Faye, lui, qui va se retrouver à gérer tous les grands projets de l’Etat tels que le pudc, le puma, promvilles et la Dgpssn.
A la tête du ministère du Développement communautaire, de l’Equité Sociale et Territoriale, Mansour Faye est de fait le véritable Premier ministre du pays. En effet, le Décret n°2019-769 portant répartition des services de l’Etat et du contrôle des établissements publics, des sociétés nationales et des sociétés à participation publique entre la Présidence de la République, la Primature et les ministères lui confère des pouvoirs exorbitants et le place au sommet de la pyramide gouvernementale. Ayant manifestement de la baraka à revendre, le maire de Saint Louis se retrouve à la tête d’un ministère super puissant contrôlant la presque totalité des grands projets de l’Etat. Le Programme d’Urgence de Développement Communautaire (Pudc) est placé sous sa tutelle. Jusqu’ici dépendant de la Primature, cette structure dont la deuxième phase va absorber plus de 300 milliards Fcfa tombe dans son escarcelle. Mansour Faye aura également entre les mains un autre gros fromage. Il s’agit du Programme d’Urgence de Modernisation des Axes et Territoires frontaliers (Puma) qui, rien que pour ses réalisations dans la région de Sédhiou, prévoit une enveloppe de 46 milliards Fcfa. C’est dire le caractère extrêmement balèze de ce programme si cher au Président Macky Sall et qui était jadis sous la tutelle du ministère des Infrastructures et des Transports terrestres. Les pouvoirs tentaculaires de l’ancien ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement s’étendent jusqu’au Programme de Modernisation des Villes (Promovil). D’un budget d’un peu moins de 300 milliards, cette structure était logée, dans l’ancien gouvernement, au ministère des Infrastructures que dirigeait Abdoulaye Daouda Diallo. Dotée de gigantesques moyens financiers et considérée comme l’un des projets sociaux phares du Président Macky Sall, la Délégation Générale à la Protection Sociale et à la Solidarité Nationale (Dgpssn) migre de la Présidence vers le ministère du Développement Communautaire, de l’Equité Sociale et Territoriale. De ce ministère dépendra aussi le Commissariat à la Sécurité Alimentaire (Csa) qui relevait de la Primature. Le clou de la toutepuissance pour Mansour Faye se révèle par les prérogatives qui lui sont dévolues au niveau de l’Agence nationale de la Couverture Maladie Universelle (Anacmu). En effet, cette agence a été détachée du ministère de la Santé et logée au ministère que dirige le maire de Saint Louis.
ENTRE BIZARRERIES ET COQUILLES VIDES
Outre les pouvoirs exorbitants concentrés entre les mains de Mansour Faye, le Décret de répartition des services en date du 8 avril dernier est truffé d’incongruités qui laissent plus d’un pantois. Aux yeux de nombreux observateurs, il apparait incompréhensible la décision prise par le chef de l’Etat de détacher l’Agence Nationale de la Couverture Maladie Universelle du ministère de la Santé. Pas besoin d’être Einstein pour savoir que cette agence qui s’occupe des questions de santé doit relever des services de Abdoulaye Diouf Sarr. C’est ce que recommande le bon sens. Au moment où toutes les structures balèzes sont concentrées entre les mains d’un seul homme, le ministère des Collectivités Territoriales et de l’Aménagement du Territoire s’apparente à une coquille vide. Ce qui lui donne un semblant de contenu, ce sont l’Agence Nationale de l’Aménagement du Territoire (Anat), l’Agence de Développement Municipal (Adm) et l’Agence de Développement Local (Adl). C’est dire que le casting aurait été beaucoup plus parfait si le Puma était logé au ministère des Collectivités territoriales que gère Oumar Guèye. Autres étrangetés relevées dans le Décret en date du 8 avril dernier, c’est le rattachement de Délégation générale à la Promotion des Pôles urbains de Diamniadio et du Lac Rose (DGPU) à la Présidence de la République en lieu et place du ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique. A la tête du ministère de la Microfinance, de l’Economie Sociale et Solidaire, Zahra Iyane Thiam se retrouve à la tête d’une véritable coquille vide. D’autant qu’en dehors de trois petites directions, elle ne gère que le Fonds d’impulsion de la Micro Finance.
( Hawa BOUSSO avec Toutinfo.net )