ActualitéAfriqueEconomieInternationalJusticePolitiqueSécuritéSociété

ESCROQUERIE, BLANCHIMENT DE CAPITAUX ET FAUX EN INFORMATIQUE: La Directrice de Afip Canada dépouille 188 étudiants de plus de 150 millions

La dame Henriette Niang et son frère Ibrahima noël et sa mère Fatou Niang ont comparu hier, devant la barre du Tribunal correctionnel de Dakar pour répondre des chefs «d’association de malfaiteurs et d’escroquerie, de blanchiment de capitaux et de faux en informatique» aux préjudices de plus de 188 étudiants. Leurs acolytes, Ibrahima ndiaye et Gabriel Faye, sont poursuivis pour «complicité» de ces chefs. Le cerveau de l’affaire, Henriette Niang risque 5 ans de prison et ses co-prévenus 4 ans derrière les barreaux. Le jugement sera rendu le 11 avril prochain.

La salle 3 du palais de justice de Dakar a refusé hier du monde. 188 étudiants ont soldé leur compte avec la famille Niang devant la barre du Tribunal correctionnel de Dakar. Ils reprochent à Henriette Niang d’avoir créé une plateforme fictive dénommée Afip Canada pour soi-disant trouver aux étudiants des admissions au Canada. La manœuvre a débuté en 2014. Elle s’est investie aussi dans le suivi pour l’obtention d’un visa. Les termes du contrat stipulent que si l’étudiant n’obtenait pas gain de cause, il sera remboursé à 100 %. Et s’il décide de mettre un terme à la collaboration de son propre chef, il sera remboursé à hauteur de 50 %. Henriette Niang assure le rôle de Directeur Général (Dg), sa mère, Fatou Niang était la directrice des comptes et son frère Ibrahima Noël Niang est l’agent commercial, chargé de démarcher les étudiants. Quant à Ibrahima Ndiaye, son travail consistait à animer des séminaires et à former les étudiants. C’est suite à ce plan bien mûri que la société «Afip Canada» avec une large publicité via les réseaux sociaux, a amené plus de 200 étudiants à s’inscrire dans ladite plateforme, en versant chacun la somme de 500.000 Fcfa. Thérèse Kane, la porte-parole du collectif des étudiants a vu l’information via Facebook. Après avoir visité le site, elle a rempli le formulaire où il est question de mettre le niveau d’étude de l’étudiant et la formation à suivre. La vraie promesse était l’obtention d’une bourse et d’une préinscription et un suivi jusqu’à l’obtention du visa par Ibrahima Ndiaye. «La plateforme réclamait 50.000 francs au début pour des frais d’engagement. Le sieur Ndiaye, qui est le représentant de la société au Sénégal, nous a donné par la suite un séminaire de formation. Il était notre contact direct et nous disait que le siège était au Canada et qu’on pouvait avoir un remboursement. Par la suite, j’ai remis 450.000 francs à Fatou Niang. Mais, depuis 2015 à 2018, nous attendons la bourse, mais en vain. Ces gens sont une association de malfaiteurs qui ne font qu’arnaquer d’honnêtes étudiants», déplore le porte-parole des plaignants. Accusé «d’association de malfaiteurs et d’escroquerie, de blanchiment de capitaux et de faux en informatique aux préjudices de plus de 200 étudiants », le cerveau de l’affaire, Henriette Niang, nie tout en bloc. Selon la propriétaire de la société «Afip Canada», la plateforme est en bonne et due forme. Elle n’a escroqué personne, ditelle. D’après la prévenue, sur les 300 étudiants inscrits dans leur plateforme, ils ont réussi à trouver des admissions pour 221 étudiants qui ont obtenu une bourse au Canada en vue de poursuivre leurs études. «La bourse est effective une fois sur place. Je n’ai escroqué personne. Certains étudiants se sont réveillés un beau jour et ont porté plainte contre moi pour escroquerie au niveau de la Division des Investigations Criminelles (Dic)», clame-t-elle. La directrice de «Afip Canada» soutient que sa société n’est pas dans l’informelle, même si elle n’est pas juridiquement inscrite dans les registres du commerce au Sénégal et du Canada. Henriette Niang indique que son entreprise n’est pas familiale, même si sa mère et son frère y travaillent. Abondant dans le même sillage, Ibrahima Ndiaye, chargé du recrutement, abonde dans la même dynamique. Il va même jusqu’à nier sa fonction dans la société, en soutenant avoir été recruté comme simple agent. Il nie aussi avoir reçu l’argent de la part des étudiants. Son rôle, précise-t-il, se limitait à animer le séminaire conformément au diapositif que lui envoyait Henriette Niang du Canada. La maman de cette dernière, Fatou Niang, avoue qu’elle est la directrice des comptes. Seulement, elle reversait à sa fille toutes les sommes qu’elle recevait de la part des étudiants. Pour sa défense, Ibrahima Noël Niang soutient que son rôle dans cette affaire consistait à démarcher les étudiants. Quant à Gabriel Faye, il dit être un agent commercial stagiaire et qu’il a même été licencié par la suite pour insuffisance de résultats. 500 000 FCFA ReCLAMe A CHAqUe eTUDIAnT Pour l’avocat des victimes, Me Alioune Badara Fall, «Afip Canada n’existe pas juridiquement ni au Sénégal, ni au Canada. Elle n’existe que dans l’ordinateur d’Henriette Niang comme le prétend cette dernière. Selon la robe noire, environs 99 millions Fcfa ont transité dans son compte Bhs. Il est d’avis que c’est Ibrahima Ndiaye qui a induit en erreur les étudiants, même s’il se déclare non coupable dans ce dossier. «Il a créé sa propre agence dénommée Canada Etude, quand, il a eu des problèmes avec Henriette Niang». Considérant qu’il y a eu des manœuvres frauduleuses, l’avocat a réclamé 1.500.000 Fcfa pour chaque étudiant.

HENRIETTE NIANG RISQUE 5 ANS De PRISON  ET SES ACOLYTES 4 ANS FERME

Dans son réquisitoire, le maitre des poursuites a indiqué que plus de 200 étudiants ont été roulés dans la farine dans ce dossier. «Henriette Niang a fait des publicités et des offres assidues aux étudiants. L’escroquerie suppose l’usage d’un faux nom. Et ceci peut être prouvé par le site imaginaire, la mise en scène et les machinations qui ont déterminé la remise qui a été faite en collaboration avec Henriette Niang et Ibrahima Ndiaye. Ce dernier déclare qu’il n’a pas reçu de fonds. Par contre, une des victimes du nom de Cheikh Mbacké Niang a révélé lui avoir remis la somme d’un million Fcfa. L’association de malfaiteurs ne souffre d’aucune contestation, car c’est la famille qui gérait la société», affirme le représentant du parquet qui a requis 5 ans de prison ferme contre Henriette Niang et 4 ans contre ses co-prévenus. La défense a demandé de renvoyer les prévenus sans peine ni dépens. Selon les avocats, il n’y a pas d’infraction. Délibéré fixé au 11 avril prochain.

( Bineta DIOUF )