DECOUVERTE DE GAZ, REDUCTION DE LA CAMPAGNE DE PECHE DE 6 A 1 MOIS les acteurs économiques de Cayar sous la hantise d’une nouvelle transition économique

dans la commune de Cayar, même si la découverte et l’exploitation prochaine du gaz suscitent un réel espoir, les populations ne manquent pas d’afficher quelques inquiétudes. en effet, les premiers effets de l’impact sont en train d’être vécus avec une campagne de pêche qui est passée de 6 mois à 1 mois. C’est dire que les acteurs économiques sont sous la hantise de l’inévitable transition économique qui se dessine. pour les aider à appréhender cette transition, l’observatoire de suivi des indicateurs de développement economique en Afrique a initié une rencontre d’échanges avec les différents acteurs. Au terme des travaux, il est attendu une feuille de route établissant le diagnostic des priorités et l’adoption d’une stratégie commune pour le développement de Cayar.

Cayar est l’un des plus importants ports de débarquement de la pêche artisanale au Sénégal. Il était recensé chaque année pen- dant la campagne de pêche environ 2.000 pirogues et 1200 en basse saison. Le taux de débarquement était, dans le passé, si important que les autorités prenaient des mesures conservatoires allant dans le sens de l’arrêt momentané de la pêche, pour permettre aux mareyeurs et femmes transformatrices d’écouler les stocks disponibles. Chaque année, près de 50.000 tonnes de poissons étaient débarqués au quai de pêche de Cayar, soit un chiffre d’affaires de plusieurs milliards de Fcfa. Mais aujourd’hui, le poisson se fait de plus en plus rare avec une production qui est passée de 50.000 tonnes en 2012 à environ 29.000 tonnes en 2016 et cette année, la tendance baissière est encore beaucoup plus soutenue et la campagne de pêche est passée de6moisà1mois. Les mauvaises pratiques de pêche et les changements climatiques sont les principales causes de cette situation. L’inquiétude des populations est exacerbée par l’exploitation prochaine du gaz découverte aux larges des côtes de Cayar. Dans un tel contexte, une nouvelle transition économique est inévitable. Mais ses conséquences sont totalement méconnues par les acteurs économiques locaux. C’est pour les accompagner dans ce cadre que l’Observatoire de suivi des indicateurs de développement économique en Afrique a organisé une rencontre de partage. Selon Cheikh Oumar Sy, président de l’Observatoire, il s’est agi de diagnostiquer les priorités et d’adopter une stratégie commune pour le développement de Cayar avec les acteurs en perspective de l’exploitation du gaz découvert aux larges de la ville. «Cayar est une commune qui sera impactée par l’exploitation du gaz et les acteurs que nous sommes, avons décidé de les accompagner en terme de prospectives, de perspectives, d’analyses, de propositions pour capter toute l’économie qui entoure l’exploitation pétrolière et gazière, en les écoutant pour structurer les priorités», indique Cheikh Oumar Sy. A l’en croire, déjà l’impact dans la commune de Cayar commence à se faire car la campagne de pêche est passée de 6 mois à un mois seulement. Ce qui a fortement changé la donne socioéco- nomique de la commune. Ce qui, à ses yeux, justifie la présence de tous les acteurs de Cayar pour discuter d’une feuille de route dans le court, moyen et long termes. «Au cours de la rencontre, beaucoup d’inquiétudes ont été décelées, liées à la méconnaissance, à l’incompré- hension de ce qui va se passer avec cette exploitation. C’est à partir des problèmes soulevés durant la journée qu’une feuille de route sera établie pour trou- ver des solutions à toutes les interrogations». Les inquié- tudes sont surtout liées, selon lui, à la disparition progressive des ressources halieutiques. «Avec la réduction drastique de la durée de la campagne de pêche, les jeunes ne trouvent plus de travail et c’est pourquoi ils commencent à emprunter les chemins de l’émigration clandestine».

«MÊME LES EQUIPES ONT SUBI LES CONTRECOUPS DE LA RARÉFACTION DU POISSON
El Hadji Moussa Kane, coordonnateur du Conseil Local de la Pêche Artisanale (CLPA) de Cayar renchérit que les organisations de la pêche sont impactées de façon démesurée. C’est pourquoi, il exhorte l’Etat à prendre toutes les dispositions nécessaires pour accompagner les acteurs de la pêche qui seront les plus impactés. Qui en plus, souligne-t-il, tous les corps de métiers qui évoluent dans la ville sont nourris à la mamelle de la pêche. Cheikh Oumar Sy renchérit et affirme que les femmes transformatrices de produits halieutiques sont actuellement obligées de se tourner les pouces du matin au soir. L’impact négatif sur l’économie pousse certains à quitter la ville pour migrer vers Joal et d’autres filent vers Saint- Louis. «Même les équipes de navétane subissent les conséquences de cette situation avec le départ massif des joueurs vers ces nouvelles destinations. Aujourd’hui, il est donc important que l’Etat comprenne les enjeux pour assurer la bonne préparation d’une nouvelle transition économique et voir comment le secteur agricole peut être lié avec ce qui va se passer pour qu’il n’y ait pas un impact très négatif sur la commune. Dans ce domaine, dit-il, l’un des plaidoyers fort, c’est de doter Cayar d’un lycée technique.
Pour Abdoulaye Guèye, citoyen actif de Cayar et un des initiateurs de la rencontre, toute la chaine de valeur du poisson va s’écrouler. «D’où la nécessité de la mise en place d’un cadre de concertation multi acteurs, regroupant toutes les organisations de la société civile, la collectivité locale, les organisations socioprofessionnelles, les personnes ressources, les bonnes volontés», soutient-il.

( Mbaye SAMB Avec Toutinfo.net )