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Maroc: Un tournant diplomatique ambitieux et crucial avec le soutien du Royaume-Uni au plan d’autonomie marocain

Un soutien de taille du Royaume Uni à Rabat qui épouse officiellement le plan d’autonomie du Sahara Occidental proposé par le Maroc en 2007. Londres indique, que cette initiative constitue une solution crédible et réaliste, tout en réaffirmant son engagement en faveur d’un règlement politique durable du conflit.

Une grosse bouffée d’oxygène pour la stabilité géopolitique sur l’étendue de la région africaine et méditerranéenne. Enjeux d’un pari optimiste C’est un acquis important pour la diplomatie marocaine, qui s’affirme de plus en plus dans le monde.

Dans un communiqué conjoint signé, le 1er juin 2025 à Rabat, par le Secrétaire d’État britannique, David Lammy et le ministre des Affaires étrangères du Maroc, Nasser Bourita, le Royaume-Uni donne sa caution au plan d’autonomie du Sahara occidental proposé par le Maroc en 2007. L’initiative marocaine constitue, pour Londres, une base de négociation sérieuse et pragmatique pour mettre fin à la crise au Sahara occidental qui dure depuis cinq décennies.Les Usa, la France et l’Angleterre soutiennent le Plan d’autonomie proposé par le MarocEn s’alignant sur cette approche, le Royaume-Uni rejoint le cercle restreint des grandes puissances qui reconnaissent la pertinence de la démarche marocaine, aux côtés des États-Unis et de la France.

Cette prise de position intervient dans un contexte géopolitique marqué par une montée en puissance de la diplomatie marocaine. Acteur incontournable en Afrique du Nord et pilier de la stabilité au Sahel, le Royaume chérifien est désormais perçu comme un partenaire stratégique pour la sécurité, la coopération économique et la lutte contre l’extrémisme. S’il témoigne de l’excellence de la coopération maroco-britannique, axée sur divers domaines (commerce, énergies renouvelables et sécurité), l’appui de Londres au plan d’autonomie de 2007 confirme l’ancrage du Maroc comme une puissance régionale, portée par une diplomatie proactive et une vision réaliste du règlement des conflits.

C’est un tournant significatif, historique et décisif. Le soutien britannique à Rabat atteste surtout de l’élargissement du consensus international autour du plan d’autonomie de 2007 du Maroc. Cette initiative est appréciée par des pays africains comme le Sénégal, qui y voient un moyen d’éteindre le conflit au Sahara Occidental, en accord avec les résolutions de l’ONU. Le plan marocain n’est pas non plus mal vu en Occident, comme l’illustre le soutien de Londres.

Pari optimiste sur la stabilité régionale africaine et méditerranéenne

Le Royaume Uni devient le troisième membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, après les Etats-Unis et la France, à soutenir cette idée. Même s’ils ne se sont pas encore engagés officiellement, les deux autres membres permanents, la Chine et la Russie, ne semblent pas opposés au plan de Rabat. Les lignes pourraient donc bouger davantage dans ce dossier, les semaines ou mois à venir.

A la faveur d’une implication manifeste et croissante du Royaume Chérifien dans les initiatives africaines par l’entremise de l’Union africaine, de la CEDEAO ou via du méga projet stratégique de gazoduc Nigeria-Maroc, l’engagement marocain est hautement salué. Ses multiples bons offices renforcent et consolident la crédibilité et le leadership affirmé d’une diplomatie marocaine tournée vers la stabilité, la paix et le co-développement. Cette orientation et vision pragmatique est portée au premier rang par Sa Majesté le Roi Mohammed VI à travers l’appel à la création d’une Alliance des États africains atlantiques, la proposition d’un cadre africain pour l’accès équitable aux ressources naturelles, le plaidoyer vibrant et constant en faveur d’une Afrique souveraine, solidaire et responsable de son destin.

Signalons que le Sahara Occidental est au cœur d’un bras de fer géopolitique entre le Maroc et le Front Polisario soutenu par l’Algérie depuis 1975. Année au cours de laquelle, Rabat a annexé cette vaste région riche en ressources naturelles, après le retrait de l’Espagne, ancienne puissance coloniale. Le Front Polisario s’y est toujours opposé, ce qui a conduit à une guerre jusqu’au cessez-le-feu de 1991. Depuis lors, la question du Sahara occidental est restée en suspens. Pour sortir de cette impasse, le Maroc a présenté, en 2007 à l’ONU, un plan d’autonomie considéré comme une solution « gagnant-gagnant ». Le projet prévoit le maintien de la souveraineté marocaine, tout en octroyant au Sahara Occidental un statut d’autonomie étendue.

Un gouvernement régional, investi par le roi, gérerait les affaires locales, notamment la fiscalité et les revenus issus des ressources. Le royaume chérifien conserverait cependant les prérogatives régaliennes, comme la défense, la sécurité, la monnaie ou le drapeau. Ce plan, rejeté par le Front Polisario, qui tient à l’autodétermination du Sahara occidental, apparait pourtant comme une piste de solution viable et durable au conflit qui a trop perduré.

Par Chérif Ismael AÏDARA (Confidentiel Afrique)