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L’UNITE AFRICAINE, INTEGRATION ECONOMIQUE, DEFIS SECURITAIRE…Des sommités panafricanistes dissèquent les goulots d’étranglements

L’Unité africaine, l’intégration économique et les défis sécuritaires sont des sujets complexes qui se recoupent. L’intégration économique, souvent vue comme une voie vers l’unité, est fondamentale pour le développement du continent. Cependant, les défis sécuritaires, comme les conflits et l’insécurité, freinent cette intégration et nécessitent une réponse coordonnée. Les panafricaines, en tant qu’actrices politiques, économiques et sociales, ont disséqué les goulots d’étranglements de cette volonté, avant de proposer de pistes de solutions. C’était lors d’un panel consacrant la célébration de la journée de l’Afrique tenu hier au Monument de la Renaissance africain.

Devenue désormais une tradition, la journée internationale de l’Afrique est célébrée le 25 mai de chaque année, en commémoration de la fondation de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) en 1963, qui deviendra plus tard l’Union africaine (UA). Le panel organisé hier au Monument de la Renaissance Africaine dans ce sens, a mis en lumière les défis majeurs qui entravent l’unité africaine, notamment les crises sécuritaires et les difficultés économiques. En vérité, les panélistes ont montré que l’Afrique doit repenser son architecture politique sécuritaire pour mieux répondre aux enjeux actuels. AZIZ Salomon Fall, panafricaniste, universitaire, politologue (GRILA) pense que ce qui se passe actuellement, c’est une sorte de ce qu’on appelle le scrabble. C’est une sorte d’accaparement des terres, des terres agricoles d’abord, de nos paysans, mais aussi de tous les systèmes fonciers par les rentes que les régimes politiques divers en Afrique accaparent pour le système de l’immobilier. « Ce sont des investissements improductifs », confirme le professeur. Pour l’universitaire, il faut reprendre le contrôle non seulement de ces surfaces, mais aussi le contrôle de nos ressources nationales. Sans quoi, il n’est pas possible, en fait, de faire ce développement autocentré que nous développons dans nos stratégies de « panafricentrage ». Il opte plutôt une stratégie, un développement basé sur l’équilibre du contrôle de nos ressources. Pour pallier cela, dit-il, il nécessite un effort titanesque que nous devons faire, puisque l’ordre mondial veut l’Afrique sans les Africains, l’Afrique des ressources. « Il faut comprendre exactement le potentiel que nous avons, et ensuite utiliser la synergie de la masse des jeunes qui doivent accéder au système des pouvoirs et surtout utiliser de façon prioritaire les femmes, parce que ce sont les femmes qui vont permettre cette transformation », indique-t-il. Soulignant que c’est ce mouvement-là que les africains notamment nos dirigeants doivent enclencher, évidemment dans la perspective d’un État fédéral. Quant à Dr Cheikh Tidiane GAdio, si nos leaders étaient à la hauteur de leur mission, s’ils avaient le sens du destin, le sens de la mission, et s’ils étaient prêts à faire tous les sacrifices pour que l’Afrique aille de l’avant, on n’en serait pas là. « Nous sommes aujourd’hui avec un milliard de jeunes, 40% des ressources naturelles du monde. Ce qui nous manque, c’est le leadership. Il n’y a pas autre chose », déplore l’ancien ministre des Affaires Etrangers sénégalais. Concernant les conflits et l’insécurité qui gangrène dans le continent notamment au Sahel, le Général Mamadou Mansour Seck de signaler : « La menace terroriste islamique et asymétrique, surtout au Sahel, serait bien combattue si nos États acceptaient de concevoir une stratégie collective, souveraine, commune, au niveau politique d’abord. Il est fondamental de ce point de vue-là de partager nos renseignements ». Enchainant que les armées formées aux mêmes accords, équipées d’une manière homogène, seront plus efficaces. Insistant qu «’il est plus facile de commander et de déployer un groupe uniformément organisé qu’un ensemble de contingents hétérogènes ». Sur cet ordre d’idées, Sem Samba Buri Mboup d’ajouter : nous sommes dans un contexte où il s’agit au-delà des discours, de créer des conditions d’une action transformatrice et durable de notre situation d’Africains marginalisés dans une situation du marché mondial. «Nous sommes marginalisés, nous ne sommes pas marginaux », admet l’anthropologue, panafricaniste.

Abdoulaye DIAO