Pape Malick Ndour sur l’interprétation de la loi d’amnistie : « Cette proposition semble être une tentative de manipulation de la législation à des fins politiques… »
L’ancien ministre de la Jeunesse, sous Macky Sall, Pape Malick Ndour, a plaidé pour un double rejet de la proposition de loi portant interprétation de la loi d’amnistie introduite par le député de la majorité, Amadou Ba. Dans un entretien avec L’Observateur, le responsable politique de l’Alliance pour République (Apr, ancien parti au pouvoir) appelle le Pastef à « faire preuve de transparence ».
Interrogé sur l’interprétation de la loi d’amnistie qui doit passer en plénière le 2 avril prochain, Pape Malick Ndour est catégorique : « Cette proposition de loi doit être doublement rejetée, tant sur le plan politique que juridique. C’est une loi politiquement déshonorante et juridiquement infâme. Sur le plan politique, le parti Pastef nous avait promis l’abrogation, mais à la place, il nous propose une simple interprétation ».
Pour lui, cette proposition de loi « constitue un reniement des engagements » du Pastef. Pire encore, M. Ndour rappelle que : « ce même parti a été accusé d’avoir armé des jeunes, d’avoir vandalisé des commerces et d’être à l’origine de la situation chaotique pour laquelle nous vivons les conséquences aujourd’hui, bien qu’il ait toujours nié ces accusations. Dans un tel contexte, il serait logique que ce parti fasse preuve d’une certaine transparence en répondant à ces accusations ».
L‘interlocuteur de journal du Groupe Futurs Médias est d’avis que le Pastef devait aller au bout de ses principes. « La manière la plus juste de le faire serait d’aller jusqu’au bout de ses principes et de proposer une abrogation totale de la loi, plutôt que de chercher à reformuler une législation qui pourrait, en réalité, protéger ses propres responsables », a-t-il lancé.
D’un point de vue juridique, a-t-il ajouté, « cette proposition soulève également des interrogations sérieuses. Elle semble être une tentative de manipulation de la législation à des fins politiques, ce qui contrevient aux principes essentiels du droit ».
L’ancien ministre d’expliquer qu’« une loi interprétative est destinée à clarifier l’intention du législateur et à orienter les juges lorsqu’il y a des décisions contradictoires prises dans l’application de la loi en question ».
Il a conclu en se posant la question de savoir : « Comment une majorité nouvellement élue, qui s’était opposée au vote et à l’adoption de cette loi, peut-elle prétendre interpréter la volonté de la majorité précédente qui l’a promulguée ? »