LA CHRONIQUE DE MLD: Croissance inclusive et redistribution des richesses. Par Mamadou Lamine DIATTA
Le pouvoir Pastef dispose actuellement de tous les leviers pour tenter de mener à bon port une barque Sénégal qui avait dangereusement tangué entre 2021 et mars 2024.Nous l’avons toujours dit et ressassé, les Sénégalais n’ont pas élu Bassirou Diomaye Faye encore moins plébiscité Ousmane Sonko pour leurs beaux yeux. Pour autant, il ne s’agit point de leur réclamer des résultats hic et nunc dans un contexte de crise économique internationale. Il faut rester raisonnable. Mais les Sénégalais sont tellement pressés de constater de visu l’amélioration de leur quotidien et de goûter aux fruits d’une probable embellie économique que le temps semble compté pour les nouveaux maîtres du pays. Ces attentes « irrationnelles »pour reprendre la célèbre antienne du brillant historien Mamadou Diouf achèvent de mettre la pression sur ce tandem sur qui nos concitoyens fondent beaucoup d’espoirs. A juste raison ! Les Sénégalais n’entendent plus faire de cadeaux à leurs dirigeants et c’est ce qui explique pratiquement le simple fait que ce nouveau régime n’a nullement joui d’un quelconque état de grâce. Ils sont certes au taquet mais la nouvelle opposition est dans son rôle d’être offensive voire agressive depuis quelques mois. C’est quelque part souhaitable d’autant qu’une opposition responsable et clairvoyante est une véritable plus-value pour un pays en pleine phase de reconstruction, de remobilisation et de réarmement moral des populations. Surtout que jamais dans l’histoire politique du Sénégal, un pouvoir n’a su compter sur un tel alignement des planètes pour reprendre la belle expression du journaliste Samboudian Kamara. Oui le 11 juin 2024 déjà, ce pays-pivot d’Afrique de l’ouest était déjà entré dans l’Histoire avec l’extraction de son tout premier baril de pétrole off-shore du champ de Sangomar pour une capacité de 100 000 barils / jour. Et puis le 31 décembre 2024, une autre bonne nouvelle qui tombe à pic comme pour annoncer des lendemains enchanteurs en démarrant l’année 2025 en trombe : l’ouverture du premier puits gazier du site Grand Tortue Ahmeyim que notre pays partage avec le voisin mauritanien. Une stratégie de coopération exemplaire à dupliquer en Afrique. Un soft-power incontestable de la part des dirigeants politiques des deux pays notamment des Présidents Macky Sall et Mohamed Ould Ghazouani.Le Président Bassirou Diomaye Faye jouant à son tour un rôle de premier plan conformément au sacro-saint principe de la continuité de l’Etat. L’un dans l’autre, le Sénégal reste un pays béni avec cerise sur le gâteau une hausse des recettes douanières de l’ordre de 13% (186 milliards) annoncée en grande pompe par la hiérarchie des soldats de l’économie. Soit de nouvelles recettes chiffrées à 1613 milliards fr cfa contre 1426 milliards cfa en 2023. Malgré ces informations rafraîchissantes, le quotidien de nos concitoyens reste morose et dans ce pays l’argent circule difficilement. On s’en est rendu compte lors des récentes fêtes de fin d’année. Beaucoup ont dû festoyer avec le frein à main du fait des incertitudes qui pèsent sur les consciences. En vérité, même si le pouvoir se gargarise d’avoir procédé à une baisse des prix des denrées de consommation courante dès les premiers mois du magistère, la vie chère reste la règle au regard d’une « hausse déguisée » des prix de l’électricité du fait de l’explosion des factures et du faible impact d’un Woyofal qui a plutôt grevé les dépenses des ménages. Résultat : une meilleure redistribution des richesses générées par la production nationale, la promotion d’emplois massifs de même que la réduction drastique des inégalités sociales abyssales s’imposent comme les défis majeurs du pouvoir Pastef. Clairement ! Cela passera sûrement par une réduction sensible du train de vie de l’Etat car il faut toujours veiller à gouverner par l’exemple. Même si les récentes critiques liées à la hausse constatée sur les rubriques de dépenses du personnel de la Présidence de la République ainsi que l’augmentation de la dotation de l’Assemblée nationale de l’ordre de deux milliards cfa achèvent de doucher l’ardeur des plus optimistes.
En 2025, une croissance de 8,8 % est prévue contre 6,7 % en 2024. Quant au déficit budgétaire, il est évalué à 7,8 %, contre 11,6 % en 2024, avec l’objectif de parvenir à une consolidation budgétaire en 2027 et d’atteindre un déficit de 3 % du PIB.
Cela reste des projections relevant de la macro-économie.
Pour l’heure, les Sénégalais qui rappellent souvent que la croissance ne se mange pas exigent des actes concrets…Et rien d’autre !