LA CHRONIQUE DE MLD: Décongestionner ce Dakar qui étouffe !Par Mamadou Lamine DIATTA
« Gouverner c’est prévoir »
Emile de Girardin
Parfum de vacances sur fond d’ambiance pré-électorale et de forte agitation politicienne.
Et puis des pluies diluviennes qui tombent drues entre mercredi et jeudi. Tout s’arrête et c’est la débandade !
Activités économiques au ralenti, trafic routier perturbé dans le sens Dakar-Aibd, un bassin sous forte pression qui saute à Kounoune, retour des inondations pour ces populations désemparées en banlieue et ailleurs entre Touba et Kaolack. Bref ce n’est pas l’apocalypse mais il faut sans doute s’inquiéter de la détérioration continue des conditions de vie des Dakarois à la tombée de chaque hivernage.
En principe, après la pluie, c’est le beau temps. Mais sous nos cieux, cela rime avec insécurité, angoisse existentielle, insalubrité, manque d’hygiène et donc hausse exponentielle des dépenses de santé.
Tout est lié.
En vérité, c’est la pression démographique incontrôlée voire sauvage qui a poussé les pauvres populations à s’agglutiner dans ce Dakar qui représente pourtant moins d’1% du territoire national en termes de superficie. Le plus clair du temps, au mépris des normes urbanistiques basiques.
Dakar est devenue un problème avec ces promoteurs immobiliers véreux et boulimiques qui construisent des habitations sans assainissement adéquat dans des zones non aedificandi avec la complicité de certains agents de l’administration des domaines et de l’urbanisme.
Cette capitale sénégalaise défigurée et cruelle offre par endroits l’image d’une cité rurale du fait d’une macrocéphalie honteuse et inadaptée ayant créé ce monstre qui concentre près d’un quart de la population nationale avec à la clé près de 70% des activités économiques.
Question de fond : Où sont passés les 700 milliards cfa engloutis par le fameux programme décennal de lutte contre les inondations ? Cette manne financière destinée à la construction d’ouvrages de drainage et de pompage des eaux pluviales sans oublier la restructuration des zones inondables ainsi que le relogement des sinistrés n’a visiblement pas servi à grand-chose au regard de la détresse des populations rudement impactées par ces violentes pluies de septembre. Même si le Premier ministre a récemment évoqué un audit dudit programme, tout porte à croire que la gestion problématique de cet argent public risque de se noyer dans les eaux profondes de la rubrique pertes et profits. Surtout qu’on parle souvent d’un business des inondations. Allez savoir !
Pourtant des solutions structurelles donc durables existent car la pluie ne doit pas être une fatalité comme elle l’est actuellement au Sénégal. Au-delà des moyens financiers et matériels considérables qu’il faudrait trouver comme à l’accoutumée, il urge surtout de faire preuve d’imagination et surtout de vision via un Leadership fort, adossé à une réelle volonté des plus hautes autorités du pays .Dans le cadre des stratégies éprouvées de l’économie circulaire, il y’a également des possibilités identifiées de récupération des eaux de ruissellement pour promouvoir les cultures maraichères .Sous le magistère de Me Abdoulaye Wade, l’idée géniale de l’édification des bassins de rétention avait finalement fait long feu. C’est toujours comme ça, nous avons de sérieuses limites sur l’évaluation, le suivi et l’amélioration des mesures révolutionnaires. Une véritable entrave au progrès collectif.
La meilleure solution réside sûrement dans le changement de paradigme d’autant que Dakar a largement atteint ses limites objectives.
Il est évident qu’on ne peut plus continuer avec une situation aussi ubuesque et le nouveau pouvoir devrait faire du décongestionnement de Dakar une surpriorité.L’un dans l’autre, Il faudrait accorder une oreille attentive aux ingénieurs et autres spécialistes du génie civil, aux urbanistes-aménagistes, aux architectes etc. L’urgence réside également dans la capacité à intégrer la culture de l’anticipation et de la planification car comme le disait le patron de presse et homme politique français Emile de Girardin : « Gouverner, c’est prévoir »
Il faut également envisager la création d’une capitale politique sans oublier de déplacer plusieurs activités économiques vitales hors de Dakar afin de provoquer un effet d’entraînement pour des transferts massifs de populations.