ActualitéContribution

Pour une politique aérospatiale inclusive Par Bocar Moussa Ba, expert satellite

Le Sénégal vient de faire lancer son premier hexaèdre nanosatellite. Il me semble que les images publiées dans la presse auraient pu refléter le nanosatellite en question qui a été fait lance par le Sénégal. Il faut distinguer la différence entre un satellite d’observation et un satellite de Télécommunications classique. Gaindesat-1A est plutôt un microsatellite qui pourrait servir à collecter des données environnementales. Ce satellite a la forme d’un cube ou d’un prisme dont l’arête fait 10 cm et pèse de 1kg. Il est placé à une orbite elliptique à 600 km de la terre.
Au début, les nanosatellites ont été conçus pour des expériences universitaires pour familiariser les étudiants avec le milieu aérospatial. Par la suite on a profité de ses avantages pour créer des applications environnementales. Le Gaindesat-1A est un satellite d’observation.
La conception d’un satellite de télécommunication peut prendre facilement plus de dix années. Sa construction, lancement, assurance et station passerelle impliquent des dépenses en capital de l’ordre de 200 à 500 millions de dollars équivalant à 300 Milliards de Francs CFA.
Les Satellites de télécommunications sont placés à une orbite géostationnaire de 36 000 km. Le Satellite Géostationnaire ou Géosynchrone pèse environ entre 500 kg et 1000 kg avec un corps qui pourrait mesurer 7 m de longueur. Lorsqu’il est déployé avec ses panneaux solaires, il pourrait avoir une longueur totale de 50 mètres. Un satellite géostationnaire a une durée de vie utile comprise entre 10 et 15 ans. Leur fabrication pour une longévité plus importante est plus complexe du fait des panneaux solaires qui ont leur limite de fonctionnement ou parce que le carburant à bord ne suffit plus pour les maintenir toujours à poste. Alors lorsqu’ils atteignent la fin de leur durée vie utile, ils sont déplacés dans ce que l’on appelle un cercle de cimetière. Avec le temps, le Satellite se frotte avec le passage d’air qui le freine. Ça entraine une perte de l’énergie au niveau du Satellite et la trajectoire devient de plus en de plus petite. On doit le ramener à sa position initiale et c’est ça qui lui fait consommer le carburant à bord et rend la vie du satellite ainsi plus courte.
Aujourd’hui, l’orbite géostationnaire est complètement saturée et réservée, au point qu’un système de cohabitation à 2 degrés est mis en place pour augmenter la capacité spatiale. Il est bien lorsque le Sénégal décide de jouer dans le domaine de l’aérospatiale d’inclure les fils du Sénégal sur lesquels nous avons investi et qui sont dans ce métier. La dizaine d’experts en Satellites de Télécommunications Sénégalais qui ont travaillé à la NASA, a Inmarsat, Intelsat leader Mondial des Communications par Satellites dont je suis le plus jeune expert n’ont pas toutes les informations sur ce projet de nanosatellite. Les inclure sur la réflexion, sur l’orientation, sur la stratégie de Gaindesat-1A, et la participation des structures comme la Sonatel, l’Asecna et de l’école Polytechnique sur la mise en place d’une agence spatiale profiterait beaucoup plus au Sénégal et aux futures générations. Si nous utilisons l’intelligence cristallisée et l’intelligence fluide de tous les experts que nous avons au Sénégal et en Afrique pour réfléchir sur une stratégie pour positionner le Sénégal dans le domaine de l’aérospatiale, il est évident que le résultat serait encore meilleur.
Nous devons être inclusifs et éviter des approches individuelles qui ne militent pas en faveur de l’intérêt général du peuple. Conjuguer toutes nos forces, constituer un seul bloc et travailler la main dans la main pour relever les défis auxquels nous sommes confrontés dans le domaine de l’aérospatial est un « must ». Airbus, le constructeur d’avions est un exemple de coopération industrielle internationale présente dans le secteur aéronautique et spatial civil et militaire. L’Agence Spatiale Européenne (ESA), est aussi une autre organisation intergouvernementale créée en 1975 pour explorer l’espace.

Bocar Moussa Ba
Bocar.ba@gmail.com
Expert Satellite
Washington-DC