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LA CHRONIQUE DE MLD:L’élection- consécration des inspecteurs des impôts…Par Mamadou Lamine DIATTA

Décidément le scrutin présidentiel du 24 mars 2024 pousse l’inédit jusqu’à sonner indubitablement comme le triomphe des inspecteurs des impôts et domaines.
Il y aura probablement un haut cadre des régies financières à la tête de l’Etat du Sénégal à l’issue de la présidentielle du 24 mars 2024, celle de toutes les convoitises.
Il ne s’agit point de manquer de respect ou sous-estimer le reste des candidats composé de profils aussi intéressants qu’Idrissa Seck, Khalifa Sall, Aliou Mamadou Dia, Thierno Alassane Sall, Mamadou Lamine Diallo ou encore Anta Babacar Ngom l’égérie de la gent féminine. Il est plutôt question de faire preuve de réalisme et de lucidité au regard de la configuration de l’espace partisan et des tendances lourdes qui se dessinent au sein de l’opinion publique.
L’expression République des inspecteurs des impôts et domaines n’est finalement pas galvaudée.
Ces grands Manitous des régies financières sont donc en pôle –position pour voir l’un d’entre eux accéder enfin à la magistrature suprême.
Au-delà du duel épique et fratricide Amadou Ba vs Bassirou Diomaye Faye qui pointe pratiquement à l’horizon, il convient de citer d’autres acteurs politiques de premier plan faisant partie de ce corps d’élite et occupant des places stratégiques dans le processus délicat menant à l’élection du 5ème Président de la République du Sénégal.
On pense principalement à Ousmane Sonko, sémillant Leader du Pastef dissous sans oublier le candidat Mame Boye Diao et d’autres figures importantes comme Mamadou Guèye Directeur des domaines et Maire de Djeddah Thiaroye,Mamour Diallo (Louga), Maguèye Boye maire de Khombole, Olivier Boucal (Goudomp),Pascal Ndione un moment tout- puissant roi de Thiès du fait de sa force de frappe financière et de sa communication débridée et tant d’autres…
Il faut donc s’interroger sérieusement sur l’irruption tonitruante et fracassante de ces cadres des régies financières dans le landerneau politique… C’est plus qu’une curiosité dans cet écosystème particulier.
Il y a plus de dix ans, ils étaient quasiment interdits d’activités politiques. Du moins, il était d’usage pour eux de ne pas se jeter pieds et poings liés dans cette mare aux crocodiles.
Cela peut paraître caricatural mais il faut reconnaître que l’appétit vient en mangeant. C’est un secret de polichinelle : ces super-fonctionnaires disposaient déjà du pouvoir financier à la faveur d’innombrables avantages dont les fameux fonds communs versés plusieurs fois dans l’année du simple fait qu’il faut les mettre à l’abri du besoin et de la tentation.
L’idée c’était donc de les protéger car ils manipulent de l’argent public au quotidien.Le problème, c’est que la corruption endémique n’a jamais quitté ce milieu. En atteste justement le caractère volumineux du contentieux foncier sur toute l’étendue du territoire national.
Ce pouvoir financier acquis, il ne leur restait plus que le pouvoir politique. Un basculement qui est dans l’ordre normal des choses. Un peu à l’image d’icônes comme Silvio Berlusconi(Italie) et Donald Trump (Etats-Unis) détenteurs d’empires financiers avant d’aller à l’assaut de la magistrature suprême.
Bien entendu, il n’est pas question de vouer ces inspecteurs des impôts aux gémonies encore moins les proposer à la vindicte populaire. Ce serait d’ailleurs prétentieux d’autant qu’il s’agit de hauts cadres de l’administration avec des états de service respectables comme cette forte capacité à participer activement à l’alimentation des caisses de l’Etat dans un contexte de morosité économique aiguë.
Il n’empêche, le Bissap est tiré et il faut le boire.
Ces « enfants gâtés » de Me Wade puis Macky Sall vont sûrement contrôler l’Etat dans les meilleurs délais.
Pourvu qu’ils sachent maîtriser les enjeux qui entourent cette présidentielle de tous les espoirs au moment où l’opinion devient de plus en plus exigeante sur des problématiques vitales comme la souveraineté alimentaire, l’arrêt du renchérissement du coût de la vie, la souveraineté médicale, le plein-emploi, la gouvernance vertueuse des maigres ressources publiques à l’orée de l’exploitation pétrolière et gazière.
Ils auront sûrement besoin de ce recul pour mieux habiter la fonction présidentielle.