« Renforcer le système de protection des droits humains défaillants… », Alioune TINE*
Human Rights Watch a publié un rapport accablant sur élection et droits humains au Sénégal. Cette organisation internationale jette une lumière crue sur pouvoir, élection et droits humains. Notamment comment les enjeux de pouvoir ont entrainé des violations graves des droits humains et des libertés fondamentales des citoyens Sénégalais.
A l’origine de la violence…
Un processus électoral transparent, crédible, inclusif et apaisé, c’est avant tout, un processus au cours duquel tous les droits humains sont respectés et où les libertés fondamentales explosent. De ne pas les avoir respectés au Sénégal, a eu des conséquences néfastes sur notre processus électoral marqué par des tensions, des violences, des morts, des détenus.
La question des droits humains et notamment des défaillances de notre système national des droits humains doit inciter au débat et à la réflexion et dans cette période propice de la campagne électorale de la présidentielle de 2024. Comment les candidats actuels à la présidence de la République entendent renforcer le système national de protection des droits humains défaillants à tous les niveaux du système. Ce serait trop facile de pointer du doigt le Président Macky_Sall, comme seul responsable.
Nos juges pas à la hauteur
Nos juges qui doivent être en première ligne pour la protection des droits humains n’ont pas été à la hauteur de leur responsabilité historique, dans ces graves moments d’incertitude. Des efforts sérieux doivent être faits aujourd’hui dans la formation des juges, qui doivent aider l’Etat du Sénégal à respecter leurs obligations internationales en matière de droits humains, en assumant leur rôle et leur fonction dans la protection des droits humains.
Cependant l’Etat doit absolument protéger la dignité de la fonction en mettant du contenu dans le concept de « pouvoir judiciaire » inscrit dans notre constitution. L’Etat doit mettre les juges dans les meilleures conditions pour cet exercice. Le nombre anormalement élevé des sénégalais en prison est un marqueur des défaillances de notre système judiciaire, Il faut en tirer les conséquences. et réformer.
Pour une justice plus protectrice des droits humains
AfrikajomCenter va organiser un débat sur quelles réformes pour une justice plus protectrice des droits humains et des libertés des citoyens sénégalais. Défaillance de l’administration territoriale, aussi, notamment avec des préfets qui interdisent les manifestations de l’opposition, qui barricadent les sièges des partis d’opposition et fonctionnent comme des représentants des partis au pouvoir et non des fonctionnaires au service de l’intérêt commun, qui agissent conformément aux dispositions de la Constitution.
La formation des élèves de l’Enam en matière de droits humains ne se discute pas au regard de la perception de plus en plus critique qu’on a sur l’administration.
Les FDS doivent se former… Le CSDH protège plus l’Etat que les citoyens
Les forces de défense et de sécurité à qui on reproche d’avoir fait un usage excessif de la force, doivent se former en matière de droits humains. Enfin , il y a le CSDH qui fonctionne de manière archaïque, qui protège plus l’Etat que les citoyens, doyenne des institutions nationales des droits humains, en Afrique, titulaire du statut A, des Nations Unies, dans les années 90, est reléguée au statut B depuis 2013.
Le Sénégal fait partie des leaders en matière de droits humains en Afrique depuis la fin des années 70, c’est ici que la Charte africaine des droits de l’homme a été drafté, ici le pays de Kéba Mbaye, de Ibrahima Fall, de Pierre Sané, de Adama Dieng, de Seydi Gassama et j’en passe.
La défaillances des organes de surveillance
Les tourmentes et l’accumulation des contestations, des critiques, des contentieux et des violences s’expliquent en grande partie par la défaillances des organes de surveillance, de contrôle et de protection des droits et libertés des sénégalais, bref de notre système des droits humains. Cette question doit etre au centre du débat pour construire une société respectueuse de la dignité , des droits et libertés des citoyens. C’est la condition sine qua non de la paix civile , de la coexistence pacifique des citoyens, de la sécurité et de la stabilité.
*Président du think tabk Afrikajom Center
publié sur X, ce mardi 23 janvier