Tunisie: évasion de cinq hommes impliqués dans des attaques « terroristes »
Cinq individus, emprisonnés pour leur implication dans des attaques « terroristes » et considérés comme « dangereux », se sont évadés de la plus grande prison de Tunisie, a annoncé mardi le ministère de l’Intérieur.
« L’administration de la prison de Mornaguia (près de Tunis) a indiqué que cinq individus dangereux, passibles de peines de prison liées à des affaires terroristes, se sont évadés de la prison à l’aube », a précisé le ministère qui a diffusé leurs identités et des photos.
Parmi les fugitifs figure Ahmed Melki, 44 ans, surnommé « le Somalien », impliqué dans des assassinats de politiciens de l’opposition.
Interpellé en 2014, il a été condamné en 2017 à 24 ans de réclusion pour sa participation au meurtre le 6 février 2013 à Tunis de l’opposant de gauche Chokri Belaïd, revendiqué par des islamistes extrémistes.
Cet assassinat, qui avait choqué l’opinion publique tunisienne, avait déclenché une grave crise politique qui avait obligé le parti d’inspiration islamiste Ennahdha, à céder le pouvoir qu’il détenait depuis la Révolution démocratique de 2011, à un gouvernement de technocrates.
L’enquête ouverte sur l’assassinat de M. Belaïd et sur celui le 25 juillet 2013 d’un député de gauche Mohamed Brahmi n’est toujours pas terminée 10 ans après les faits. Les deux hommes s’opposaient à la politique d’Ennahdha, alors le parti dominant au Parlement et au gouvernement.
Compte tenu de la dangerosité des individus recherchés, le ministère a dit avoir « sensibilisé » toutes ses unités pour « intensifier les recherches dans le but de les arrêter dans les plus brefs délais ». Le ministère a aussi appelé « tous les citoyens » à signaler à la police toute information pouvant permettre de les retrouver.
Après la révolte populaire de 2011 ayant causé la chute du dictateur Zine El Abidine Ben Ali, la Tunisie a connu un essor des groupes jihadistes qui ont compté des milliers de membres à l’étranger et dans le pays nord-africain. Des attaques en Tunisie ont fait des dizaines de morts parmi les touristes (Sousse et Tunis en 2015) et les forces de sécurité.
Selon un rapport du Crisis Group datant de juin 2021, on comptait à l’époque, « sur environ 2.?200 personnes emprisonnées en vertu de la loi antiterroriste de 2015, 160 individus condamnés pour avoir commis des violences jihadistes sur le territoire tunisien », au côté d’une dizaine de jihadistes tunisiens, extradés et rapatriés en Tunisie.
AFP