Arménie: se tourner vers l’Europe et renoncer à l’alliance avec la Russie?
La question se pose de plus en plus ouvertement en Arménie depuis la perte du Haut-Karabakh. Faut-il continuer à se reposer entièrement sur l’alliance traditionnelle nouée avec la Russie ? À Erevan, grande nouveauté : de plus en plus de voix hostiles à Moscou se font entendre. La passivité de la Russie lors de la dernière offensive militaire de l’Azerbaïdjan est considérée par beaucoup comme une véritable trahison.
L’Arménie doit-elle se rapprocher de l’Europe et délaisser son alliance avec la Russie ? Dix jours après que les dirigeants du Haut-Karabakh ont déposé les armes, le 20 septembre dernier, la question se pose sérieusement au sein de ce pays traditionnellement allié à la Russie.
Pour cette habitante d’Erevan, il ne fait plus aucun doute désormais que c’est ce choix que doit faire l’Arménie. « Ils prétendent être nos amis et nous protéger, mais c’est l’inverse, ils ne font rien pour nous, accuse Ani, colère et amertume dans la voix. Le plus tôt nous nous débarrasserons de l’influence russe, le mieux ce sera. »
Mais renoncer à cette alliance comporte des risques pour Erevan. Ce commerçant de la capitale s’inquiète des conséquences que pourrait avoir une rupture trop brutale avec la Russie : « C’est vrai, ce n’est pas un allié fiable… Mais si nous nous fâchons avec eux, ils couperont les relations commerciales et ils couperont le gaz, juste avant l’hiver ! Et à ce moment-là, à qui allons demander du gaz, à l’Azerbaïdjan ? »
Pour les opposants au Premier ministre Nikol Pachinian, c’est justement parce qu’il s’est éloigné de Moscou que le dirigeant arménien a été lâché par la Russie et qu’il a perdu la guerre. Il n’empêche, la passivité de la Russie dans le conflit a conduit de nombreux Arméniens à changer d’avis sur cet allié russe, considéré jusqu’à présent comme incontournable. Aujourd’hui, il paraît incapable de garantir la sécurité du pays.