L’Iran et les États-Unis procèdent à un échange de prisonniers
Après plusieurs mois d’attente, Téhéran a finalement annoncé l’échange de prisonniers entre l’Iran et les États-Unis et le déblocage de 6 milliards de dollars de fonds iraniens retenus dans plusieurs pays.
Cinq ex-prisonniers américains en Iran sont arrivés ce lundi à Doha en provenance de Téhéran, en application d’un accord d’échange de détenus avec les États-Unis conclu avec la médiation du Qatar. L’avion qatarien a atterri sur le tarmac de l’aéroport international de Doha vers 14h40 GMT (17h40, heure locale). Il transportait à son bord « les cinq prisonniers et deux membres de leur famille, accompagnés par l’ambassadeur du Qatar » en Iran, avait indiqué plus tôt une source proche du dossier sous couvert d’anonymat. Les anciens prisonniers sont descendus de l’appareil et ont été accueillis sur le tarmac par des accolades. Parmi eux figure l’homme d’affaires Siamak Namazi, arrêté en 2015 et condamné à dix ans de prison en 2016 pour espionnage. « Merci président Biden d’avoir fait passer la vie humaine avant la politique », a-t-il déclaré dans un communiqué.
Au préalable, un transfert de fonds iraniens gelés en Corée du Sud, d’un montant de six milliards de dollars, a été annoncé à Doha et confirmé par l’Iran. « Aujourd’hui, l’équivalent de 5 573 492 000 euros a été déposé sur le compte des banques iraniennes auprès de deux banques qatariennes », a précisé à Téhéran, Mohammadreza Farzin, gouverneur de la Banque centrale iranienne. Il a ajouté que son pays avait l’intention de saisir la justice contre la Corée du Sud pour ne pas avoir autorisé Téhéran à accéder à ces fonds et demander des dommages à la suite de leur dépréciation.
Relatif apaisement
Ce transfert fait partie de l’accord, qui prévoit également la libération par les États-Unis de cinq prisonniers iraniens. Deux d’entre eux, bénéficiant d’une mesure de clémence, sont eux aussi arrivés lundi à Doha, pour retourner en Iran, ont indiqué lundi des médias iraniens. Les trois autres ex-prisonniers libérés ne souhaitent pas aller en Iran. Parmi les cinq Iraniens devant être libérés par les États-Unis, figurent Reza Sarhangpour et Kambiz Attar Kashani, accusés d’avoir « détourné les sanctions américaines » contre l’Iran.
Cet arrangement avait été annoncé le 10 août et cinq Américains d’origine iranienne, détenus en Iran, avaient ensuite été transférés en août de leur prison pour être placés en résidence surveillée. Aux yeux de certains experts, cet accord témoigne d’un relatif apaisement des tensions entre l’Iran et les États-Unis, mais il ne préjuge pas d’un possible accord sur le dossier du nucléaire iranien. Des négociations menées par les Européens n’avaient pas réussi en 2022 à raviver l’accord sur le nucléaire iranien de 2015, moribond depuis le retrait unilatéral des États-Unis en 2018 sous la présidence de Donald Trump.
Cette annonce intervient alors que le président iranien est en route pour New York pour participer à l’Assemblée générale des Nations unies. Avec cet accord et le déblocage de milliards de dollars de fonds iraniens à l’étranger, le gouvernement du président Raissi veut montrer que les perspectives d’une amélioration de la situation économique et d’une baisse des tensions avec les États-Unis sont désormais à portée de main.