Au vieux frère, le professeur Mary Teuw Niane. (Par Aymérou GNINGUE)
J’éprouve de la peine à vous interpeller en public pour plusieurs raisons. D’abord, vous êtes pour moi un frère que j’ai côtoyé longtemps dans les salles de délibérations de l’Assemblée nationale et dans les instances de votre ex-parti l’APR où nous étions souvent assis côte à côte lors des séances du Secrétariat national du parti. C’était parfois très dur pour vous à l’ époque et je n’ai jamais manqué de vous témoigner mon affection. Pourtant le secteur de l’enseignement supérieur que vous dirigiez à l’époque a bien connu sous votre magistère des crises rarement aussi aiguës en termes de violence et d’animosité dans les relations entre un Ministre et ses collègues dans ce département dont il est lui même issu. Vous savez très bien que nombre parmi les dirigeants du régime, à juste titre peut être, pensaient qu’une démission de votre part aurait été un acte de grandeur pour stopper l’hémorragie, ressouder les ressorts manifestement cassés et mettre le Président de la République à l’aise pour faire poursuivre les réformes de son mandat sans aller aussi loin dans la dégradation du climat social que nous avions connues dans toutes les universités du pays. Vous aviez joué à fond la carte de votre carrière personnelle et le président Macky SALL vous a gardé jusqu’au bout. C’est sans doute là un marqueur de sa personnalité. Pourtant bien d’autres frères, parmi nous, auraient pu terminer les chantiers qui vous étaient confiés sans un coût social et politique aussi lourd dans ce milieu si sensible.
Ceci nous fait croire que vous seriez, à cette époque, bien loin des positions extrémistes et irréfléchies qui sont les vôtres Aujourd’hui si vous continuez d’avoir les positions qui étaient les vôtres dans le gouvernement. Vous avez montré aux Sénégalais, à vos collègues et aux étudiants de quoi vous étiez capables envers ceux que vous considérez comme vos adversaires. Vous savez bien faire parler vos méninges à la place des autres sciences mathématiques et philosophiques !
Je garde toutefois un bon souvenir de notre passation de services au niveau de Petrosen Holding. J’avais bon espoir qu’ après nos échanges courtois et républicains, la raison et l’élégance allaient vous revenir, mais je vois, malheureusement, que vous glissez de jour en jour dans la démagogie et le délire haineux permanent.
Votre sortie de ce jour sur l’affaire Sonko pose un grand problème de la part de l’intellectuel rigoureux que vous prétendez être. Car vous devriez être censé savoir, professeur, qu’en politique lorsqu’on emprunte la voie de l’insurrection, donc de la violence politique, soit on gagne, soit on perd. Et lorsqu’on perd, ça se paie cash et au prix fort.C’est pourquoi les hommes politiques intelligents, choisissent toujours la voie de la démocratie qui est par excellence celle du compromis et des équilibres dialectiques. On s ‘impose des limites à ne pas dépasser quel que soit le bord où l’ on se trouve. Ce qui laisse toujours la voie ouverte pour des dialogues en vue de consensus minimaux susceptibles de prendre en charge les attentes et préoccupations de chaque partie.
On ne peut pas à la fois faire du jusqu’au-boutisme et du compromis. C’est l’un ou l’autre.
On ne peut aller jusqu’au bout dans la voie du mortel combat, le perdre et exiger après l’avoir perdu que l’on ouvre le dialogue sur une base d’égalité.
On ne peut dialoguer avec des partenaires, comme on dialogue avec des vaincus. Même dans ce deuxième cas, le vaincu doit d’abord reconnaître sa condition de vaincu. Des vaincus qui posent des conditions de vainqueurs, il faut dire que c’est bien gros à réclamer de la part d’un homme qui a encore toutes ses facultés.
Resaisissez-vous professeur !
Il n’est pas tard pour le faire .
Et si vous avez encore des conseils à donner, ils ne sont sûrement pas pour Macky Sall qui a fini de rentrer dans l’histoire par la grande porte,
Ils seraient plutôt utiles pour ton ami et frère Sonko pour l’aider à sortir de son aveuglement, de ses délires et de son entêtement suicidaire.
Bien fraternellement!
Aymérou.