Tragédie à l’hôpital Abass Ndao: le récit dévastateur du père du bébé retrouvé mort, le corps déchiqueté dans une machine à laver
Depuis le mardi 25 juillet dernier, le temps semble s’être arrêté pour le jeune couple Kouderin. Établi au Sénégal depuis plus de 2 ans, Olufuni Jean François et N’houeni Narro Véronique ont perdu leur premier enfant dans des conditions atroces. Né prématuré dans la nuit du lundi 24 juillet, le bébé de sexe féminin, admis en néonatologie à l’hôpital Abass Ndao de Dakar, a été retrouvé mort dans une machine à laver, programmée à 90 degrés pour 30 mn de lavage. Le corps a été complètement déchiqueté. Le commissariat de la Médina a procédé à l’arrestation de trois mis en cause. Il s’agit de la dame qui a passé la nuit avec l’enfant, celui qui a ramassé le linge à l’entrée jusqu’à la lingerie et celui qui était affecté à la buanderie. Une énigme plane encore sur les circonstances de la mort du bébé. Les parents de la victime, eux, réclament justice, à travers la voix d’un père meurtri. Olufuni Jean François, 28 ans, s’est entretenu avec nos confrères de l’Observateur.
«Comment on nous a annoncé que le bébé était décédé…»
«J’ai amené mon épouse en état de grossesse à l’hôpital Abass Ndao de Dakar le dimanche 23 juillet. Elle a accouché sans problème et a donné naissance à un bébé de 33 semaines, soit 7 mois. Comme le nourrisson est né prématuré, les médecins l’ont placé dans la chambre où se trouve la lampe chauffante pour maintenir la température utérine du bébé. Le lundi, le bébé allait très bien. Selon le personnel soignant, il respirait normalement à l’air libre et mangeait aussi bien. La maman aussi a pu voir le bébé ce dimanche, avant de sortir de l’hôpital le lundi. Après avoir terminé les formalités, on a décidé, vers 19 h, de passer voir le bébé avant de rentrer. Ils nous ont dit que la petite n’est plus dans la couveuse, mais transférée dans la salle «Kanguve».
Ils nous ont encore rassurés qu’elle se porte bien et n’a aucun risque d’infection. On nous a donné rendez-vous le mardi à 12h. A 11 h, ma femme était déjà sur place. Mais jusqu’à 12 h passées de quelques minutes, elle n’a pu voir le bébé. Quand elle s’est rapprochée du personnel, on lui a demandé de patienter encore et qu’elle n’a aucun souci à se faire car le bébé se porte bien. 1 h après, elle m’a appelé pour me faire un compte rendu. 1 h après, elle m’a appelé pour me faire un compte rendu, J’ai trouvé cela ano mal et suspect et j’ai jugé nécessaire de la retrouver sur place. A mon arrivée, on est restés à faire le pied de grue jusqu’à 15 h. C’est là que le directeur de l’hôpital m’a convoqué dans son bureau pour me dire qu’il s’est passé quelque chose à 6h du matin et que le bébé est décédé. Et que ce n’était pas une mort naturelle. Ils ont même convoqué la police qui a déjà constaté les faits. Quand j’ai demandé après le corps du bébé, il m’a dit que le corps avait été déjà envoyé à la morgue de l’hôpital Idrissa Pouye Ex-CTO. A ce moment-là, je suis entré dans une colère noire et je leur ai de- mandé pourquoi je n’avais pas été avisé. Il m’a dit que c’était pour les besoins de l’autopsie. Je leur ai exigé de voir mon bébé, mais ils m’ont opposé un niet catégorique. J’ai appelé mon tuteur. Il a aussi fait des mains et des pieds pour qu’on puisse voir le bébé. Après un bras de fer, le directeur de l’hôpital nous a mis en relation avec le major de la morgue. Ce dernier nous dira, à son tour, mercredi, que le corps est mis sous scellé. Vu que j’avais rendez-vous avec la police de la Médina pour une déposition, on lui a fait part de nos complaintes, mais le commissaire nous dira qu’ils n’ont pas le droit de nous empêcher de voir le corps du bébé. Et il nous a conseillé de retourner à Abass Ndao pour qu’il nous donne une autorisation. On a tourné en rond sans avoir gain de cause. On a prévu de revenir jeudi avec un huissier. C’est sur ces mots que nous nous sommes quittés.»
«La découverte macabre…»
«Le jeudi, le commissariat de la Médina m’a convoqué. Sur place, en entretien avec le commissaire, j’ai appris qu’ils ont fait l’autopsie sans notre approbation. Le commissaire m’a signifié qu’à leur niveau, ils leur ont juste envoyé les résultats pour l’avancement de l’enquête. Quand il m’a fait la lecture de la conclusion, j’ai trouvé les termes utilisés trop bizarres. Je lui ai alors demandé de jeter un coup d’oeil et j’ai pu lire, « nous avons reçu dans un sachet»… Sur le papier, j’ai vu que l’examen montre une segmentation des membres du corps. C’est-à-dire que le pied est coupé, l’estomac et les poumons déchirés, le crâne brisé. La conclusion qui a été écrite ne me disait pas la cause de son décès. Je leur ai demandé si je pouvais faire une copie de l’autopsie, mais il refusa. Il a estimé que c’était à l’hôpital de m’en fournir une. Ils m’ont ensuite demandé si je devais prendre l’enfant et l’enterrer. Ce que j’ai clairement refusé. Car, pour moi, on ne parle même pas de bébé, mais de restes d’un bébé. Je leur ai proposé de faire un test ADN »
«On n’arrive plus à manger, on ne dort plus, c’était notre premier bébé. Nous exigeons un test Adn»
«Une fois à la maison, mon tuteur m’a dit que lors de sa convocation, le directeur de l’hôpital lui a dit qu’il avait retrouvé le mardi, les restes du bébé dans la ma- chine à laver. Cela porte à croire que le bébé y était. La machine à laver était dans un programme de lavage de 90 degrés pendant trente minutes. Donc, l’enfant a été complètement déchiqueté. Il n’y avait plus que ses restes. Ils ont été ramassés et mis dans un sachet. Ayant vu l’image, mon oncle était choqué. Il ne pouvait ni manger, ni boire, encore moins dormir. C’est la raison pour laquelle il voulait nous éviter ce traumatisme. Tout comme moi, ma femme est aussi traumatisée. On souffre. C’était notre aîné. On vient de célébrer une année de mariage, le 13 août dernier. C’est pour cela qu’on ne nous a pas montré le corps depuis le premier jour. La police était en train de mener ses investigations. Trois personnes ont été en- tendues. Il s’agit de la dame qui a passé la nuit avec l’enfant et qui a trente ans d’expérience, celui qui a ra- massé le linge de l’entrée jusqu’à la lingerie, et celui qui est à la buanderie et qui a mis le linge dans la machine sans trier. Maintenant, comment le corps s’est retrouvé dans la machine? Jusqu’à présent, on ne le sait pas. Est-ce que le bébé était déjà mort avant d’être mis dans la machine? On ne le sait pas non plus. Nos questions n’ont toujours pas de réponses. Jusqu’à présent, je n’ai pas vu le corps. Mais, le directeur nous a confirmé, samedi, qu’il ne peut y avoir de risque de confusion. Les bébés qui sortent de la salle d’accouchement sont automatiquement. Nous lui avons dit que nous allions effectuer un test Adn pour en avoir le cœur net. Ils nous ont dit qu’il va falloir adresser une demande au parquet. Le commissaire nous avait donné rendez-vous aujourd’hui (hier lundi, Ndlr), nous sommes partis et pendant des heures, ils nous ont dit d’envoyer la demande au tribunal. Je veux que justice soit faite. C’est notre premier enfant. Il faut que la lumière soit faite sur cette affaire.»
Avec Pressafrik