LA CHRONIQUE DE MLD: Tabascrise…LA CHRONIQUE DE MLD:
Nous sommes à moins de deux semaines de la Tabaski, moment fort de partage, de convivialité et de manifestation harmonieuse de notre vivre-ensemble.
Faudrait-il pour autant s’attendre à un miracle relatif au génie sénégalais pour espérer une éventuelle décrispation politico-sociale arrimée à une embellie économique de nature à ramener la quiétude dans nos chaumières ? Rien n’est moins sûr tant les derniers signaux envoyés par les principaux acteurs de la classe politique nous laissent plutôt dubitatifs et incitent à un découragement.
Pis, les faucons qui soufflent sur les braises ardentes des récents évènements malheureux ont visiblement réussi leur besogne au sein des deux blocs antagoniques car aucun signe de rapprochement et de compromis dynamiques ne pointe à l’horizon.Au contraire, le durcissement du discours ambiant est de rigueur.
Il serait réaliste d’affronter la dure réalité : l’économie nationale déjà chancelante avant la chaude journée du 1er juin 2023 est aujourd’hui à terre. Les toutes dernières révélations du Conseil national du patronat (CNP) font froid dans le dos. Les dégâts des saccages sur l’économie sénégalaise sont énormes et sont évalués à des dizaines de milliards de francs cfa.
C’est ce qui explique sans doute la forte mobilisation des têtes de gondole du secteur privé notamment les figures emblématiques des télécoms, du tourisme- transport aérien, des banques, du pétrole et du gaz sans oublier la grande distribution et les chaînes d’approvisionnement. Un pays qui ne parvient pas à rassurer les rares investisseurs nationaux et étrangers qui prennent le risque d’y injecter leurs capitaux est –il véritablement ambitieux ? A-t-il réellement un avenir ?
Dans un tel contexte, il est évident que nous filons droit vers une Tabaski à plusieurs vitesses et pour des milliers de Sénégalais, le cœur n’y sera même pas. Normal, une fête est avant tout un moment de joie et d’allégresse. Pour l’heure, le mouton est quasiment introuvable dans certaines zones géographiques comme le sud du pays parce que tout simplement les vendeurs ont du mal à déplacer leurs bêtes par peur de représailles des fauteurs de troubles et autres bandits de grand chemin.Résultat, le renchérissement des prix du mouton est la règle pour une fourchette allant de 200 000 fr à 2 millions de fr cfa l’unité.
Et puis,avec ces arrestations massives de plusieurs concitoyens relatives notamment au climat » d’insurrection » agité par les pouvoirs publics, il est évident que c’est difficile pour beaucoup. Le côté inédit de l’affaire est d’ailleurs lié à l’implication de plus en plus manifeste des syndicats des travailleurs des régies financières et foncières (trésor, DGID) dans le débat public et le réchauffement du front social. Une situation qui mérite une profonde réflexion et annonce sûrement de sérieuses mutations dans ce domaine sensible de l’administration sénégalaise.
Au cœur de notre système politique, le Président Macky Sall est présentement aux abonnés absents, plutôt occupé à affiner son Leadership à l’international pour polir son image par ricochet. Il est indéniable que son implication actuelle dans le règlement de la crise Russie / Ukraine est le signe d’une diplomatie sénégalaise résiliente et conquérante. Mais les problématiques domestiques restent prégnantes et entières et le pays s’enfonce pratiquement dans l’impasse. On va peut-être balayer devant notre porte dans les semaines à venir !
L’écrivain Français Louis De Bonald acteur de la révolution de 1789 disait avec justesse : « Dans les crises politiques, le plus difficile pour un honnête homme n’est pas de faire son devoir, mais de le connaître »
Le Président va sûrement mettre à profit son long séjour européen pour se requinquer, mettre la dernière main sur un éventuel réaménagement gouvernemental hivernal et réfléchir à son propre avenir politique. Sera-t-il candidat à la prochaine présidentielle oui ou non ? Quid de la quintessence d’un discours attendu depuis le déclenchement de la crise ? Comment « gérer » le dossier encombrant de Sonko, opposant opiniâtre et populaire sans entamer les grands équilibres de la paix civile ? Comment vendre un nouveau rêve de bonheur collectif au peuple sénégalais à quelques mois de la fin de son magistère ?
Autant d’interrogations dont les réponses pertinentes sans faux –fuyants permettront de voir plus clair dans ce contrat social actuellement mis à mal par une crise qui fait sérieusement penser à un calme avant la tempête.